Alhassane Camara et son patron Mamadou Saliou Bah sont poursuivis pour le recel de 2,9 kg de cuivre au tribunal de première instance de Kaloum. Mis sous mandat de dépôt le 27 décembre 2024, ces deux prévenus ont connu des sentences différentes lors du verdict final rendu récemment, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Alhassane Camara et Mamadou Saliou Bah sont poursuivis pour avoir acheté des morceaux de cuivre sachant qu’ils proviennent de vol. Un recel de 2,9 kg de cuivre.
Appelés à la barre, ces deux prévenus ont réfuté les faits qui leurs sont reprochés. Chacun, à tour de rôle, a donné les explications de leur arrestation. Alhassane Camara est né en 2001 à Conakry. Il est domicilié à Hafia et travaille au compte de Mamadou Saliou Bah. Il pèse les plastiques afin de vendre. Il revient sur les faits.
« Je ne reconnais pas. Le petit Zakariou est venu. Il m’a dit que je suis venu pour peser ça. Je lui ai dit qu’il n’y a pas d’argent. Quelques instants après, un militaire est venu et m’a demandé qui a déposé ça ? J’ai dit que c’est un petit, mais il est parti. Il a dit que c’est un truc volé. Je lui ai répondu que c’est un client habituel. Il s’agit de Zakariou. Je n’ai pas l’habitude de peser le cuivre. Quand j’ai pesé, j’ai trouvé 2,9 kilogrammes. Je n’ai pas écrit son nom dans notre cahier. Je lui ai dit que je n’ai pas d’argent. Souvent, Zakariou envoie du plastique : les sachets d’eau de Coyah. J’ai l’habitude de peser des métaux. Mais, ce qu’il a envoyé, c’était ma première fois de voir cela. C’étaient des objets découpés. Je ne savais pas que les objets étaient volés. Les policiers ont pris le cuivre », a fait savoir le prévenu.
De son côté, Mamadou Saliou Bah est né en 1980 à Pita. Il est marié et comptable de profession. Il se débrouille en achetant des sachets plastiques. C’est lui le patron d’Alhassane. Il donne sa version des faits.
« J’ai quitté la maison à 11 heures. Arrivé, un élément du groupement des forces spéciales est sorti du camp. Il m’a dit qu’il y a un petit qui a volé du cuivre et envoyé ça chez moi. J’ai directement appelé Alhassane, je lui ai dit : pourquoi tu as pris cela ? Je t’ai toujours interdit de peser quoique ce soit à part des sacs de plastique. Après, cet élément est revenu avec d’autres agents des forces spéciales. Ils m’ont dit d’aller au camp. Ils m’ont demandé si je peux reconnaître le nommé Zakariou ? J’ai dit que je ne le connais pas. C’est dans ça qu’ils nous ont déférés… J’ai parlé à Alhassane et à tous mes employés de ne jamais prendre des objets. Il m’a mis seulement dans des problèmes. Je pèse les plastiques et les fers. C’est avec les gens de Kassa que je prends le cuivre. Je ne savais pas que Alhassane connaît Zakariou. Quand j’ai été informé de l’acte, j’ai appelé directement Alhassane. Il a dit qu’il avait informé Zakariou qu’il n’y a pas d’argent et il a laissé son colis. Je lui ai dit : pourquoi tu as gardé le cuivre chez moi ? » a-t-il expliqué.
Par la suite, le tribunal appelle Alhassane Camara pour un éclaircissement par rapport aux dires de son patron.
« Je confirme les déclarations de mon patron. Il m’a toujours dit de ne pas peser autre chose que le plastique », précise-t-il.
Par ailleurs, après la clôture des débats, le ministère public requiert de libérer Mamadou Saliou Bah et de condamner Alhassane Camara à 5 mois assortis de sursis.
« Quelqu’un qui n’a pas l’habitude de peser des cuivres, pourquoi le faire s’il n’a pas une mauvaise intention ? Il ne peut pas nous dire que ces objets ne provenaient pas d’un délit. Zakariou est connu de tout Kaloum. Zakariou est un mineur de 15 ans atteint d’une maladie… Le bénéfice du doute joue en faveur de Mamadou Saliou Bah. Concernant ce dernier, nous demandons au tribunal de le déclarer non coupable pour le délit de recel et de le renvoyer des fins de la poursuite. Par contre, nous vous demandons de retenir Alhassane Camara dans les liens de la culpabilité. Et pour la répression, le condamner à 5 mois d’emprisonnement assortis de sursis simple et une amende de 500.000 francs », a requis le ministère public.
Finalement, le tribunal a déclaré non coupable Mamadou Saliou Bah et le renvoie des fins de la poursuite. Par contre, il a déclaré Alhassane Camara coupable et l’a condamné à 5 mois assortis de sursis et une amende de 500.000 francs guinéens. Ces deux prévenus retrouvent leur liberté après avoir passé 2 jours à la maison centrale de Coronthie.
Boubacar Diallo pour Guineematin.com