Ibrahima Kalil Diallo alerte : « Si ce qui se trame aujourd’hui aboutit, c’est parti pour 40 ans de dictature »

Ibrahima Kalil Diallo, président du mouvement Agissons pour la Guinée (APG)

La Guinée traverse une période de crise sociopolitique majeure, avec de nombreuses inquiétudes concernant la situation des libertés fondamentales. La condamnation du leader politique Aliou Bah à 2 ans d’emprisonnement a suscité des inquiétudes. Pour Ibrahima Kalil Diallo, les guinéens ne doivent pas reculer dans la défense des libertés individuelles et collectives, au risque de sombrer. Le président du mouvement Agissons pour la Guinée (APG) l’a dit au siège du MoDeL à l’occasion du sit-in organisé ce samedi, 11 janvier 2025, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Prenant la parole à la suite d’autres orateurs, Ibrahima Kalil Diallo a déclaré que son mouvement, Agissons pour la Guinée, est prêt à accompagner toute initiative visant à libérer les prisonniers politiques et à restaurer la démocratie dans le pays. « On l’a rappelé qu’au-delà d’Aliou Bah, c’est l’ensemble du peuple de Guinée qui se trouve aujourd’hui condamné. Puisque, en attendant, ce sont nos libertés qui sont confisquées. C’est le droit à l’information qui est confisqué. Et au-delà, nous assistons à une remise en cause systématique de tous les acquis obtenus, parfois au prix de hautes luttes, dans l’instauration d’une véritable démocratie, mais également d’un véritable état de droit dans notre pays. Ce qui se trame aujourd’hui en Guinée, si cela aboutit, on doit le savoir, il faut se rendre à l’évidence que c’est parti pour 40 ans de dictature. Puisqu’on vous parle d’un projet qu’on appelle Simandou, d’ailleurs même des langues malveillantes soutiennent que l’un des soucis de M. Aliou Bah proviendrait de cette réclamation qu’il a faite, pour dire que c’est une nécessité pour le peuple de Guinée de savoir quelles sont les principales articulations de la convention de Simandou. Puisque c’est une richesse qui appartient à l’ensemble des fils et filles de notre pays. Ce qui a été fait en termes de confiscation des libertés n’a jamais été fait sous les derniers régimes démocratiques qu’on a eus. Lansana Conté, bien qu’étant militaire, n’a jamais porté une entorse à la liberté. Alpha Condé, pendant 11 ans, même si c’est lui qui est à l’origine de beaucoup de ce qui se passe aujourd’hui, tous ceux qui l’ont côtoyé, qui ont travaillé avec lui, peuvent témoigner qu’il n’a jamais fermé une radio. C’est vrai qu’il a envoyé des gens en prison, mais il mettait un peu de la manière dans la façon de faire. Mais aujourd’hui, nous sommes dans l’obscurité », a dit Ibrahima Kalil Diallo

Par ailleurs, le président du Mouvement Agissons pour la Guinée a exprimé sa déception quant à l’absence de certaines personnalités de ce sit-in. « Je ne suis pas étonné de constater qu’au-delà des éminentes personnalités qui ont eu le courage de venir ici dans cette cour apporter leur soutien à Aliou Bah et aux membres du MoDeL, je constate que pratiquement, au-delà des militants du Model et de quelques représentants d’un certain nombre de partis politiques et de la société civile, il n’y a pas assez de monde. En tout cas, je n’ai pas vu les personnalités que je voulais voir ici. Je dis que je suis très déçu. Je ne suis pas déçu de ceux qui sont là, mais je suis déçu de tous ces acteurs-là. Pendant 11 ans, ou même pendant pratiquement 20 ans et plus, ces personnes réclamaient la démocratie et l’État de droit. Aujourd’hui, ils disent que Cellou Dalein a peur, Aliou Bah a peur, il est en prison, et qu’ils soient absents ici. Est-ce que cela encourage quelqu’un à poursuivre la lutte ? Même si cette lutte n’est pas menée pour un leader, elle est menée pour tout le pays. Mais regardez, combien de personnalités voyez-vous ici ? Combien de musiciens sont ici ? Combien de défenseurs des droits de l’homme sont présents dans cette cour ? Je suis déçu, je suis estomaqué, je suis déchiré au fond de moi. Même si je sais que la lutte que nous menons n’est pas faite pour satisfaire quelqu’un, elle est menée pour les futures générations de ce pays. Au nom de notre mouvement, nous sommes disposés à accompagner toute initiative qui va contribuer à obtenir la libération du président Aliou Bah, mais aussi à la libération des autres détenus. Cette lutte-là, qu’on soit dans un parti politique, qu’on soit dans un mouvement ou pas, en tant que citoyen, nous la mènerons, même si c’est au prix de notre sang », a-t-il lancé.

Ismael Diallo pour Guineematin.com

Tél: 624 69 33 33

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