Après la prise du pouvoir du CNRD en septembre 2021, certaines mesures ont été prises dans plusieurs secteurs clés de la Guinée. Cela, dans le cadre de la refondation de l’État. C’est le cas notamment dans le domaine de la santé publique où des mesures ont été prises pour freiner quelques pratiques non conformes à la vie et à la santé de la population. Parmi ces mesures prises, il y a l’arrêt de la signature des agréments de plusieurs demandes d’agrément depuis décembre 2022 ; la fermeture, en cours, des établissements de soins de santé privés (cliniques privées) ; la mise au chômage de plusieurs promoteurs de cliniques privées ; la situation économique et financière de beaucoup de familles qui en dépendaient s’est détériorée.
Face à cette inquiétude, et soucieux de la situation économique et sociale de ses adhérents, le RENOSPAC a mené des démarches pour pouvoir rencontrer le ministre de tutelle. C’est ainsi qu’hier, vendredi 10 Janvier 2025, le ministre Diouhé Bah leur a accordé une audience à son département. L’objectif de la rencontre était de discuter des points de divergence entre les promoteurs des cliniques privées et le département de la santé et de l’hygiène publique.
Au cours de ce tête-à-tête, Dr Goumou Emmanuel, président du Réseau national des organisations sanitaires privées, associations et confessionnelles de Guinée, a énuméré tous les points de divergence avec le département et les difficultés qui assaillent leur secteur.
« Monsieur le Ministre, nous sommes là aujourd’hui pour vous expliquer les difficultés qui assaillent le secteur de la santé au niveau des privés. La première des choses, c’est que nous avons constaté l’arrêt de la signature des agréments depuis décembre,2022. A notre constat, depuis cette date jusqu’à nos jours, il n’y a pas eu de signature d’agrément pour ceux dont les dossiers sont recevables. La fermeture en cours des établissements de soins de santé privés (cliniques privées). A ce niveau, nous avons aussi remarqué qu’en aucun cas et aucun moment nous privés avons été associés à la supervision et au contrôle de conformité ou audits qui aurait abouti à la répression que des établissements de soins de santé privés sont en train de subir depuis le 26 décembre 2024. Aussi, nous n’avions ni accès au rapport ou compte-rendu de supervision de visite de conformité, d’audit que les autorités de la santé ont entrepris dans les structures de santé privées. La grille de conformité qui est l’outil principal de travail de l’inspection générale de la santé. Dans le cadre de cette activité, nous ne la connaissons pas », a-t-il expliqué.
Poursuivant, Dr Emmanuel Goumou a sollicité auprès du département de la santé « l’octroi d’un délai moratoire d’au moins six mois pour permettre aux uns et aux autres de se conformer aux règles et au principes ; la participation du RENOSPAC à toutes les activités de ce contrôle de conformité des cliniques privées ».
En réponse aux requêtes faites par le réseau, l’inspecteur général de la santé a dit que cette mission est essentiellement basée sur l’identification et la fermeture des structures médicales et paramédicales illégales. Elle ne concerne pas celles qui se sont installées et celles qui se sont équipées dans la conformité.
« Cette mission concerne des structures médicales et paramédicales illégales et non conformes. Et, elle n’a pas de problème avec des structures qui se sont installées correctement, qui se sont dotées d’infrastructures adéquates, d’équipements adéquats et de personnels de qualité. Le problème se situe au niveau des structures qui ont des infrastructures inadéquates, des équipements inappropriés ou insuffisants et un personnel de qualité déplorable qui ne sont pas autorisés à exercer le métier. J’aurais bien voulu que vous soyez à ma place. Tant que vous n’êtes pas inspecteur, vous ne pouvez pas vous rendre compte des dégâts causés par ces structures. Après une année en tant qu’inspecteur, je ne peux pas vous donner le nombre de dossiers des dégâts causés par ces structures au courant de cette année. C’est des situations face auxquelles on ne peut pas être silencieux. L’objectif, c’est de mettre fin à des pratiques qui exposent la population aux risques. Donc, en tant qu’inspecteur, si je laisse les gens continuer avec ces mauvaises pratiques, je n’ai pas ma raison d’être ici. Si les missions assignées à l’inscription ne sont pas accomplies, je préfère quitter », a martelé l’inspecteur général de la santé.
Le directeur national des établissements publics et privés, le chef du cabinet, la secrétaire générale du département ont tour à tour abordé le problème dans le même sens : « la rigueur dans l’application correcte de cette mission qui n’est pas à négocier ».
Dans son intervention, le ministre de la santé et de l’hygiène publique, Dr Diouhé Bah, a cherché d’abord à savoir si le RENOSPAC a un agrément. La réponse à cette question étant négative, le ministre a demandé à l’association de se procurer d’un agrément auprès du Ministère de l’administration du territoire et une convention avec le Ministère de la santé. Ensuite, il est largement revenu sur la non-conformité des demandes d’agrément, des faux diplômes et le mauvais traitement qui s’effectue dans les structures médicales et paramédicales du pays.
« Le directeur national des établissements publics et privés connaît combien de dossiers sont non conformes. Il y a même des faux diplômes. Tout le monde se fait appeler Docteur. Il faut qu’on voit les choses en face. Près de 1500 dossiers, plus d’une certaine ne sont pas conformes. Je vous dis encore une fois : nous avons une chance extrême. Nous avons un président qui veut la santé de sa population. Il tient à la santé de tout le monde… Du 5 septembre à nos jours, plusieurs réalisations dans le domaine de la santé ont été réalisées. Même si on ne les reconnaît pas en Guinée, mais sur le plan international, c’est reconnu. Est-ce avant cette date il y a une seule clinique qui ne vendait pas de faux médicaments ? On est de ce pays, on est né ici, on a grandi ici, nous voulons vieillir et mourir ici. Donc, on se connait. Moi je veux mourir d’une mort naturelle. Mais je ne veux pas qu’on me tue dans une clinique. Si nous avons un président qui fait de sa priorité la santé de la population, un Premier ministre qui nous accompagne, alors que la mission du ministère de la santé est bien définie, moi je ne recule pas. Je ferai ma mission comme ça se doit. Au régime de Sékou Touré, les médecins ont travaillé sans beaucoup de moyens et ils ont réussi. Mais maintenant, avec tout ce que nous avons comme moyen, nous ne cherchons que l’argent. Nous avons vu des cliniques, les porcheries de mon village valent mieux qu’elles. Donc, toutes les cliniques qui ne sont pas dans les normes, on les ferme. Ce n’est pas à négocier », a déclaré le ministre de la santé.
Au sortir de la rencontre, le président de la l’association s’est réjoui de la rencontre et a promis de continuer à travailler avec le département pour une meilleure gestion des structures médicales et paramédicales privées.
Etienne Tamba Tenkiano pour Guineematin.com