Conakry : Ahmed de Paris, le vendeur de véhicule et la Range Rover « pourrie » au tribunal de Dixinn

Ahmed Sékou Camara alias Ahmed de Paris

Le prévenu Belya Morlaye Touré, vendeur de véhicules à Conakry, est jugé au tribunal correctionnel de Dixinn pour abus de confiance portant sur une voiture Range Rover. Dans cette affaire, il est opposé à Ahmed Sékou Camara, communément appelé Ahmed de Paris. Ce dernier l’accuse d’abus de confiance dans une histoire d’achat de voiture qui a mal tourné. A l’audience de la semaine dernière, Ahmed de Paris a réitéré ses accusations contre Belya Morlaye Touré. Ce dernier rejette tout en bloc. Le juge a fini par requalifier les faits d’abus de confiance en escroquerie, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans sa déposition, Belya Morlaye Touré, marié, âgé de 37 ans, vendeur de véhicules, est revenu sur l’origine du désaccord qui lui vaut des poursuites judiciaires. « Monsieur Ahmed est venu me voir pour un achat de véhicule à mon parking. Il a fait un choix, et nous sommes tombés sur un prix. Il m’a demandé s’il pouvait vérifier la voiture. Je lui ai dit oui. Il est sorti avec le véhicule et a roulé pendant des jours, avant de m’appeler pour me dire qu’il prend le véhicule de marque Toyota Land Cruiser. Pour son achat, on avait conclu 15 mille dollars US. Il m’a remis 60 millions GNF comme avance. Il m’a dit de patienter deux semaines avant qu’il me remette les 78 millions GNF (qui devaient compléter les 15 mille dollars). Mais, vu qu’il tardait avec le payement, il m’a proposé un troc, je lui ai dit, je ne fais pas de troc. Mais, finalement j’ai accepté parce que j’ai compris qu’il ne voulait pas payer mon argent à temps. Et pour ne pas perdre, j’ai accepté. J’ai pris la Jeep (qui coûte 55 mille dollars) à condition que je lui donne 4 mille dollars. C’est-à-dire les 78 millions GNF qui restaient plus la Range Rover qu’il avait déjà en sa possession. Donc, j’ai cédé. Je suis devenu l’acheteur au lieu du vendeur avec monsieur Ahmed Sékou Camara, communément appelé « Ahmed de Paris ». C’est lui-même qui m’a demandé de prendre la Jeep et de lui remettre 4 mille dollars, la Range rover et 78.000 000 GNF. Il a fait un mois et demi avec le véhicule et a attendu après la remise pour venir me dire que le véhicule avait un problème d’amortisseur. Il m’a demandé de lui donner un autre véhicule. Je lui ai dit non. Selon lui, son mécanicien lui a dit que la panne du Range rover coûtait 64 millions GNF. Je lui ai dit que c’était faux tout en lui recommandant mon mécanicien qui allait l’aider, sans payer tout ce montant. Je lui avais fait savoir qu’on ne peut pas aller avec cette voiture à l’intérieur du pays, sans qu’elle n’enregistre un problème de panne. Mais malheureusement, il est allé avec elle à l’intérieur du pays. Maintenant, il veut que je lui donne une autre voiture parce que la Range rover avait une panne d’amortisseur. Voilà d’où vient le problème. Et je vous informe que c’est sous son approbation que je lui ai payé le reste des 4 mille dollars après avoir essayé la voiture avec satisfaction », a-t-il expliqué.

De son côté, Ahmed Sékou Camara, dit Ahmed de Paris, partie civile dans cette affaire, affirme avoir reçu des mains du prévenu un véhicule en mauvais état. « J’ai fait mon choix sur la voiture de marque Toyota Land Cruiser. C’est ainsi qu’il me l’a donnée pour un essai. Je lui ai dit de me rappeler le soir, mais il ne l’a pas fait. C’est le lendemain soir qu’il est venu chez moi à domicile, avec mon huissier, celui qui nous a mis en relation, où je lui ai fait savoir que la voiture me plaisait. Nous nous sommes entendus sur un prix, soit 15 mille dollars. Je lui ai donné 60 millions GNF comme avance, sans aucun reçu, par confiance, en présence de mon huissier, qui est également son ami, parce qu’il m’a laissé sa voiture pendant deux jours sans m’appeler. Le reste de l’argent, les 78 millions GNF, lui serait remis après une semaine. Donc, après une semaine, il est venu vers moi pour me faire une proposition de troc qui est celui de lui donner une de mes voitures. Je lui ai parlé d’une BMW que j’ai achetée avec mon frère. Il est venu prendre la BMW qu’il a essayée. Il est revenu me dire qu’elle n’était pas en bon état. Mais, je tiens à préciser ici qu’il avait déjà un œil sur ma Jeep dès le premier jour que je suis allé à son parking pour l’achat. Il m’a fait savoir qu’il rêvait de conduire ce genre de véhicules. Donc, il m’a fait savoir qu’il préfère la Jeep, s’il faut faire un troc, d’aller prendre un autre véhicule dans son garage et qu’il va me payer le reste de l’argent. Je suis allé à son garage, il m’a donné un Chevrolet que j’ai essayé. J’ai constaté que cette voiture n’était pas bonne, après avoir roulé dedans. Je l’ai appelé pour le lui faire savoir. Il m’a encore proposé sa propre voiture Range rover que sa femme conduisait. Alors, j’ai pris cette voiture que j’ai essayée pour quelques jours. Il n’y avait aucun problème constaté, à part les pneus qui étaient vieux, que j’ai changés », a expliqué Ahmed de Paris.

Poursuivant, il dira que les choses vont finir par mal se passer. « Ma Jeep, que j’ai achetée à 55 mille dollars, qui a fait 7000 km et qui est de 2024, a été échangée contre un Range Rover, 4 mille dollars et les 78 millions GNF que je lui devais. Malheureusement, j’ai constaté quelques semaines après, que la voiture Range rover n’était pas du tout bonne. Je l’ai envoyée chez un garagiste qui m’a demandé 64 millions GNF pour la réparation, avant de me faire savoir qu’elle n’était pas bonne. Je l’ai appelé pour l’informer de la situation. Mais, il m’a dit que c’était faux, de ne pas croire à mon mécanicien, affirmant qu’il s’agissait d’une voiture neuve. Il m’a recommandé son mécanicien qui, malheureusement n’était pas à Conakry à ce moment-là. Ensuite, un jour, à 21 heures 45 minutes, alors que je quittais la ville, il m’a appelé pour me dire qu’il veut qu’on se voie. Je lui ai dit que je quittais la ville. Comme il insistait, je lui ai donné ma localisation, il est venu me trouver. Et je vous informe que c’est en pleine circulation qu’il m’a fait signer un document (contrat). Comme je lui portais déjà confiance, j’ai signé le contrat sans le lire. Mais, à chaque fois que je l’appelais pour me plaindre de la voiture, sa réponse était maladroite. Donc, j’ai jugé alors nécessaire de lire le contrat, c’est ainsi que j’ai compris pourquoi il me parlait comme ça, après la signature de ce document. Je l’ai appelé pour lui faire savoir qu’il a usé de ma confiance et de ma bonté pour se jouer de moi, en me donnant une voiture pourrie. Mais à cause de ma croyance, je le laisse avec Dieu, sinon je pouvais également lui montrer de quoi j’étais capable. C’est ainsi que je lui ai dit que je ne voulais plus de sa voiture Range rover et que je la lui offre gratuitement, qu’il vienne la chercher chez moi, et que je ne veux plus avoir affaire avec lui. Vu qu’il n’est pas venu chercher la voiture, je l’ai remise à mon chauffeur, lui demandant de la ramener. Mon chauffeur m’a informé que le gardien a refusé de prendre la clé de la voiture, sur ordre de Belya Morlaye Touré. A mon tour, j’ai informé l’huissier qui m’a conseillé de ramener la voiture à la maison. Ce que j’ai fait, avant d’engager une procédure judiciaire contre lui. Sinon, je ne voulais pas qu’on en arrive là. Le fait de dire à la barre ici que je suis allé à l’intérieur pour des campagnes avec le véhicule, je tiens à vous informer ici que je ne suis allé qu’à Maférinyah (Forécariah) avec la voiture et nous savons tous que cette route est bitumée. Seulement, j’ai compris que la voiture en question, quand tu roules beaucoup, elle s’incline ; et quand elle est immobile, elle reprend sa forme normale. Alors qu’il a ma Jeep qui est toute neuve avec lui sans problème. Ce contrat, je l’ai signé le 14 novembre, après avoir roulé dans le véhicule pendant 5 jours à peu près. Et j’ai porté plainte contre lui le 06 décembre 2024 pour abus de confiance », a-t-il dit.

Après avoir entendu les deux parties, le représentant du ministère public va demander une expertise sur la Range rover. Une demande à laquelle l’avocat de la défense va s’opposer. Il va demander au juge de la rejeter, vu que la remise a été effectuée avant la signature du contrat.  Quant à l’avocat de la partie civile, il dira être favorable à la demande.

Après avoir écouté toutes les parties, le juge a estimé que l’expertise est inopportune. Rejetant ainsi la demande.

Suite au rejet de la demande du ministère public par le juge, l’avocat de la partie civile va demander la requalification des faits d’abus de confiance en escroquerie. Une demande appuyée par le ministère public. Une demande à laquelle va s’opposer la défense, estimant que le délit d’escroquerie ne tient pas.

Après avoir écouté toutes les parties, le juge a renvoyé le dossier au lundi 13 janvier 2025 pour la suite des débats.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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