Manque de personnel, infrastructures inadaptées… Les difficultés qui assaillent le TPI de Kindia

Damou Camara, procureur de la République près le TPI de Kindia

Malgré les nombreux dossiers traités en 2024, le Tribunal de Première Instance (TPI) de Kindia fait face à d’importants défis, notamment un personnel insuffisant et des infrastructures inadaptées. Le procureur de la République, Damou Camara, dresse un bilan de l’année 2024 marqué par ces difficultés.

« Les difficultés sont multiples, mais elles se concentrent principalement sur le manque de personnel. Cela, il faut le reconnaître, est un problème généralisé à l’échelle nationale. Heureusement, de jeunes stagiaires issus du centre de formation viennent nous prêter main-forte, car le personnel en place est insuffisant. Prenons l’exemple du parquet de Kindia, l’un des plus importants du pays : il n’est animé que par deux personnes. Cela complique énormément les choses. Quant aux juges d’instruction, nous n’en avons qu’un seul opérationnel. Il est complètement submergé et ne peut respecter les délais de détention en raison de la charge de travail écrasante. Il y a tout simplement trop à faire en si peu de temps », explique Damou Camara.

A en croire l’empereur de la poursuite, les défis ne sont pas moindres sur le plan des infrastructures.

« Si nous disposions de deux salles d’audience, comme à Boké ou à Siguiri, nous pourrions traiter davantage de dossiers criminels. Actuellement, nous sommes limités à 13 dossiers par session, alors que deux compositions permettraient de juger bien plus de cas. À un moment donné, j’avais envisagé d’utiliser la salle de la maison des jeunes, mais cela n’a pas été possible. En résumé, nos principales difficultés concernent le manque de personnel et l’insuffisance des infrastructures », a-t-il souligné.

Outre ces problématiques, Damou Camara a également évoqué les contraintes logistiques rencontrées dans le cadre des audiences foraines organisées en collaboration avec le ministère de la Justice et le MATD.

« Cette année, des audiences foraines ont été initiées pour permettre à la population guinéenne dépourvue d’actes de naissance d’en obtenir, tout en étant recensée. Cela vise à maîtriser les données démographiques et à constituer un fichier fiable des mouvements de l’état civil. Cependant, plusieurs difficultés sont survenues, notamment dans les zones reculées, où l’accès est très compliqué. De plus, les moyens logistiques étaient insuffisants pour garantir des déplacements efficaces. Malgré tout, nous avons fait de notre mieux avec les moyens disponibles, car cela fait partie de notre mission », a-t-il précisé.

Le procureur Damou Camara s’est également attardé sur l’état actuel de la maison centrale de Kindia, affirmant que des progrès significatifs ont été réalisés.

« La situation carcérale s’est nettement améliorée. Par exemple, Coyah, qui ne disposait pas de maison centrale, envoyait auparavant tous ses détenus à Kindia. Aujourd’hui, Coyah, Dubréka et Conakry ont repris leurs propres détenus. Même Nzérékoré avait transféré 26 personnes, mais le dernier groupe a été libéré la semaine dernière. Désormais, nous avons environ 500 détenus, contre plus de 700 auparavant. Le désengorgement est donc palpable. Par ailleurs, le ministre a été clair en demandant aux procureurs à travers les procureurs généraux de deux cours d’appel de vérifier les cas de détention prolongée, notamment ceux dépassant trois ans sans jugement. Nous nous sommes attelés à cette tâche avec sérieux », a-t-il déclaré.

En ce qui concerne l’avenir, le procureur de la République affiche un certain optimisme et des ambitions pour l’année à venir.

« Pour 2025, des promesses ont été faites concernant le renforcement de nos capacités, notamment en termes de personnel. Nous comptons également maintenir nos inspections auprès des services d’OPJ, car cela nous a permis d’atteindre les résultats enregistrés cette année. Avec l’arrivée de nouveaux magistrats et greffiers, je suis convaincu que nous serons en mesure de répondre à une demande pénale encore plus importante que celle de 2024 », a conclu le procureur.

Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tel : (00224) 628 51 67 96

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