Fatoumata Touppè Bah condamnée à Conakry : « J’ai pris le pilon pour frapper ma coépouse… »

La prévenue, Fatoumata Touppè Bah, a comparu mardi 14 janvier 2025, au tribunal correctionnel de Dixinn. Elle est jugée pour coups et blessures volontaires sur sa coépouse Fatoumata Diaraye Bah. Appelée à la barre, la prévenue a reconnu s’être servie d’un pilon pour asséner des coups à la victime, partie civile dans cette affaire. Le tribunal l’a déclarée coupable. Pour la répression, elle écope d’une peine d’un an de prison, assorti de sursis, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Qu’est-ce qui s’est passé dans cette affaire ? Fatoumata Touppè Bah, troisième épouse d’un mari polygame, est accusée d’avoir asséné des coups à sa coépouse à l’aide d’un pilon. Les coups ont entraîné une fracture.

Née en 1996 à Dalaba, domiciliée à Sonfonia T8, elle a reconnu les faits et demandé pardon. « Le matin, j’ai demandé à la fille de laver la maison. En arrivant au niveau des escaliers, certains ont tenté de rentrer. Fatoumata Diaraye est venue. Elle m’a dit qu’elle allait passer. Alors, j’ai dit à la fille que, dorénavant, lorsqu’une personne veut passer, elle doit la laisser passer. Elle m’a trouvée là où j’étais assise, elle m’a étranglée, m’a mordue et m’a égratignée. C’est ainsi que nous nous sommes battues. Pendant que les gens venaient nous séparer, elle me menaçait de mort, disant que si je rentrais à la maison, elle allait me tuer. Elle a appelé mon mari pour lui dire cela. C’est ma coépouse. Depuis mon mariage, nous n’avons jamais été d’accord. J’ai des preuves. La fille qui était en train de laver la maison peut témoigner. Je me suis mariée en 2024, mon mari a trois épouses et je suis la troisième. Avant mon arrivée, les autres vivaient ensemble. Je ne trouve pas normal qu’elles vivent toutes ensemble à cause de l’incident qui s’est passé. Je ne sais pas si elles ne s’entendaient pas. C’est après mon mariage que je les ai connues. Ce n’est pas moi le problème, c’est moi qui avais l’habitude de laver, mais ma coépouse a dit de laisser les enfants laver et que moi, j’allais au marché. C’est elle qui est blessée à la tête. Je n’avais trouvé rien d’autre, c’est seulement le pilon que j’ai trouvé. J’ai pris le pilon et je l’ai frappée avec. Je regrette. Je demande pardon », a-t-elle dit.

Appelée à son tour à la barre, Fatoumata Diaraye Bah, marchande et mère de deux enfants, a expliqué les faits et demandé sa prise en charge par sa coépouse. « Les enfants étaient en train de laver la maison. J’ai demandé à la fille de les aider. Je suis allée et c’est là que nous nous sommes battues. Les enfants nous ont séparées. Pour moi, la bagarre était finie, mais elle est allée prendre un pilon pour me frapper à la tête. Comme le sang coulait beaucoup, les enfants ont crié et appelé leur père. C’est ainsi qu’ils m’ont envoyée à l’hôpital. Je suis la deuxième femme, cela fait 10 ans que je suis mariée. Elle n’a pas fait  encore un an. Cela ne s’est produit qu’une seule fois depuis qu’elle est arrivée ici. Depuis qu’elle est arrivée, elle ne me parle pas, elle ne parle même pas à mes enfants. Je demande à ce qu’elle rembourse les frais d’hôpital et qu’elle soit conseillée. À chaque fois qu’il y a un problème, mon mari nous parle et, en tout cas, moi, il me demande de ne pas céder à la provocation », a-t-elle laissé entendre.

Dans ses plaidoiries, l’avocat de la partie civile a réclamé le paiement de 30 millions GNF en faveur sa cliente, avant de dénoncer l’irresponsabilité du père de famille. « Nous avons un rôle réconciliateur, mais en disant la vérité. En quelque sorte, le père de famille n’a pas été responsable. On a intimé à la deuxième épouse : ‘Si vous portez plainte, je vais divorcer.’ Le père de famille n’a pas été responsable, c’est lui qui devait apaiser les tensions. Pendant 13 jours, la dame a demandé à être prise en charge, au-delà de ce comportement inhumain. Nous ne voulons plus que cela se répète. Je demande que vous interpelliez le père de famille. Madame Touppè a agi de façon volontaire. Nous demandons une réparation juste. Nous sommes sensibles à tout. En tant que partie civile, nous demandons 30 millions GNF. C’est dérisoire. Elle souffre et doit continuer à se soigner », a dit l’avocat de la partie civile.

De son côté, le représentant du ministère public a requis la condamnation de Fatoumata Touppè Bah a un an de prison, assorti de sursis. « Les coups qu’elle a portés ont causé un préjudice. Il est évident que madame Touppè Bah a agi de façon délibérée. Elle a utilisé un pilon pour en finir avec sa coépouse. Qu’est-ce qui serait arrivé si cette dame avait perdu la vie ? Mais, nous n’imputerons pas ces faits à Dieu, car Dieu nous a donnés une conscience. Donc, nous requérons de retenir madame Fatoumata Touppè Bah dans les liens de la culpabilité. Nous demandons, pour la peine, de la condamner à un an de prison, assorti de sursis et au paiement d’une amende de 2 millions de francs guinéens d’amende ».

Dans sa décision, rendue sur siège, le tribunal, dirigé par Lansana Keita, a déclaré Fatoumata Touppè Bah coupable des faits de coups et blessures volontaires pour lesquels elle est jugée. Pour la répression, elle est condamnée à 1 an de prison, assorti de sursis, et à un million de francs guinéens d’amende. Pour les intérêts de la partie civile, elle a été condamnée au paiement de la somme de 7 millions GNF.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 624 69 33 33

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