Des ressortissants de Tougué à Conakry sont opposés au tour de la gestion de groupes WhatsApp de leurs associations. La situation ayant atteint des proportions inattendues, Abdourahmane Gadjiki a porté plainte contre Mamadou Malifa Baldé. Ce dernier est accusé d’avoir cassé et réactivé la puce téléphonique de Gadjiki pour réintégrer les groupes WhatsApp, après son exclusion. C’est dans cette dynamique que Mamadou Malifa Baldé sera poursuivi au tribunal de Dixinn pour atteinte, modification et suppression de données à caractère personnel. A l’audience du mardi, 14 janvier 2025, il a été reconnu coupable et condamné à 6 mois de prison, assortis de sursis, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Abdourahmane Gadjiki, partie civile dans ce dossier, soutient avoir été privé d’accès à des informations importantes suite aux agissements du prévenu. « Je suis membre du bureau. Mais, j’ai été enlevé. Ils ont retiré mon nom du groupe WhatsApp. Ils n’ont pas pris part à l’élection. Quand on faisait le règlement intérieur, on disait qu’il fallait faire de la contribution. Quand on a dit de mettre l’argent de 2019 à 2023 à notre disposition, ils ne l’ont pas fait. La plateforme qu’on a créée, il ne la connaît pas bien. Pour la récupérer, il a coupé ma puce et utilisé mes données personnelles. Il avait quatre groupes, c’est un administrateur qui m’a enlevé. C’est lui qui recevait les appels. Avant que je ne réactive la puce, ça faisait deux jours. Je l’avais appelé, c’est lui qui a décroché. J’avais des formations en ligne, et tous les appels que je recevais, c’est lui qui les recevait », a-t-il déclaré.
Appelé à la barre, le prévenu Mamadou Malifa Baldé, en détention à la maison centrale de Conakry depuis le 29 novembre 2024, a reconnu les faits. Il a expliqué avoir réactivé la puce de la victime pour pouvoir réintégrer le groupe, dans le but de récupérer l’association qu’il avait fondée. « J’ai réactivé la puce à travers les gens qui font les réactivations. Je faisais bien partie du groupe Diwal Koin, préfecture de Tougué. C’est là-bas qu’on m’a enlevé. À ce moment-là, je n’étais plus dans le groupe. Il y avait quatre groupes. Pour pouvoir réintégrer le groupe, j’ai réactivé la puce d’Abdourahmane, c’était la seule solution. Nous avions initié des lettres pour interpeller les personnes ressources, je me suis fait administrateur dans les quatre groupes et je l’ai enlevé. Mon souci, c’était de récupérer l’association qui avait été fondée par moi ».
Dans la phase des réquisitions et plaidoirie, la partie civile a réclamé la somme de 50 millions de FG pour les préjudices subis. « Mamadou Malifa Baldé, le prévenu devant vous, a reconnu les faits. Il a même donné les détails de ce qui l’a poussé à commettre ces infractions. Nous, en tant que partie civile, sa détention ne venait pas de nous. Lui, en un laps de temps, a détruit le groupe. Monsieur n’a pensé qu’à ses petits intérêts. C’est une décision des sages qu’il est venu saboter. La partie civile demande que vous donniez acte de réparation, 50 millions de FG à Abdourahmane Gadjiki. Il a déclaré qu’il suivait des cours en ligne. Aujourd’hui, cela est voué à l’échec. En faisant cela, cela va permettre de se ressusciter. Nous savons tous qu’une bonne partie de nos vies se trouvent dans les téléphones ».
Le Ministère public, de son côté, va requérir la condamnation de Mamadou Malifa Baldé à un an de prison, assortis de sursis. « Monsieur le président, il n’y a aucun problème concernant la qualification, il l’a reconnu, il s’est maintenu dans ce compte WhatsApp, même s’il dit s’y être maintenu seulement pendant une heure, alors que le propriétaire dit qu’il agissait d’un temps plus long. Monsieur Mamadou Malifa Baldé a réuni suffisamment de preuves. Le ministère public requiert de le retenir dans les liens de la culpabilité. Pour la répression, vous le condamnerez à un an de prison, assorti de sursis », a dit le procureur.
La défense va plaider en affirmant que son client n’avait pas l’intention de nuire. « Malifa Baldé est initiateur de l’association depuis 2019. Il a rendu beaucoup de services à la préfecture de Tougué. Comme vous le savez, dans toutes les associations, il y a des gens qui n’aiment pas ce que vous faites. On l’a extrait du groupe, c’est cette injustice qui l’a poussé à agir ainsi. Il a adressé des correspondances pendant six mois, mais est-ce qu’en agissant ainsi, il avait l’intention de nuire ? Il n’a pas cette capacité de nuire. Son objectif était de se retrouver dans les groupes. C’est un prévenu qui est prêt à conseiller d’autres citoyens. Ce prévenu a passé plus d’un mois en détention. Ce sont des jeunes de la même localité, il a toujours été un bon administrateur. Monsieur Malifa plaide coupable, il n’a jamais été condamné. Nous demandons qu’on lui accorde le sursis. Ce monsieur est toujours partant pour le développement de la préfecture de Tougué. Ce sont juste des guerres de leadership », a déclaré l’avocat de la défense.
En rendant sa décision sur siège, le tribunal a déclaré Mamadou Malifa Baldé coupable de délit d’atteinte, modification et suppression de données à caractère personnel. Pour la répression, le condamne à 6 mois de prison, assortis de sursis, ainsi qu’au paiement de 500 000 GNF d’amende. En ce qui concerne les intérêts de la partie civile, il a été condamné à payer la somme de 1 million de GNF.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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