Le métier de forgeron est l’un des plus anciens métiers artisanaux en Afrique. Aujourd’hui, ce métier rencontre d’énormes difficultés avec notamment la mondialisation et l’industrialisation qui lui ont porté un sérieux coup. Parmi les pratiquants de ce métier, Amadou Sadio Diallo, forgeron exerçant à Sangarédi au quartier Dounsin. Entouré de quatre personnes, il fait tourner sa forge pour fabriquer des marmites. Il est équipé d’une forge, où il chauffe le métal, ainsi que d’un marteau, d’une pince et d’autres outils spécifiques. Le bruit du métal résonne malgré la chaleur et les difficultés. Il demande aux autorités de les considérer et de les accompagner dans un contexte de difficultés économiques, rapporte Guineematin.com à travers son envoyé spécial à Boké.
Dans son intervention, Amadou Sadio Diallo explique le processus de fabrication de la marmite et indique faire face à des difficultés.

« Pour le travail, on cherche d’abord des matériaux, et si on les trouve, on va chercher de la cendre avec laquelle on couvre la marmite pour lui donner un éclat. Une fois cela terminé, on tapote bien la terre puis on façonne la forme. Quand c’est fini, on arrange bien le four, car s’il est mal fait, le vent s’échappera. Ce qui est important, c’est que le feu doit bien prendre, car c’est ce qui permettra de tailler le métal correctement. Le métal, on l’obtient auprès de ceux qui pèsent les fers. Là où on gagne du métal avec intérêt, c’est auprès de ceux qui sont au niveau des bars. Quand ils nous envoient du métal, cela peut être intéressant. Une fois qu’on termine les marmites pour la vente, si ce sont les femmes qui viennent, on peut gagner. Mais si ce sont les commerçants, on ne peut pas, car ils nous trompent. Nous, on sait qu’une marmite se vend à 250 000 francs guinéens, mais ils viennent nous dire que c’est à 150 000 francs guinéens. Cela nous pose problème, mais on n’a pas le choix, car on doit nourrir nos familles. Si tout va bien et qu’on a le matériel, on peut fabriquer une douzaine de marmites de 10 kg ou de 5 kg par jour. On ne peut pas tout finir en une journée, mais nous quatre qui sommes ici, on peut faire la formation et fabriquer les couvertures. Le lendemain, on termine », a-t-il expliqué.
Bien que ce métier ne soit plus considéré, Amadou Sadio Diallo est déterminé à l’enseigner à ses enfants. « On n’a pas d’apprentis, on travaille avec nos propres enfants. Comme on ne sait pas comment sera demain, on a décidé de les former pour qu’ils apprennent ce métier. Ils iront à l’école française et à l’école coranique. Ainsi, demain, s’ils ne trouvent pas un travail, ils se rappelleront qu’ils ont fait un métier grâce à leur père », a dit Amadou Sadio Diallo.
Par ailleurs, notre interlocuteur lance un appel aux autorités à qui il invite à reconnaître le métier de forgeron et à ceux qui l’exercent. « Les autorités nous connaissent, mais elles ne nous aident pas. Moi, si j’étais président, une marmite coûterait plus chère qu’un véhicule, car si tu vois un chauffeur conduire un véhicule, c’est parce qu’il est bien nourri. Une marmite, en revanche, peut durer pendant trois ans sans qu’on ait besoin d’une nouvelle. Un véhicule, non. On ne peut pas être payé à la hauteur des efforts que l’on met dans la fabrication de la marmite. Même si on vend une marmite pour un milliard, elle fonctionnera plus longtemps qu’un véhicule. Si l’on veut de l’aide, ce serait pour obtenir du matériel ou de l’argent, mais cela ne nous est jamais accordé. Tous les artistes peuvent chanter partout dans le monde, mais jamais on ne les entend parler, même s’il s’agit de deux forgerons ».
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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