« J’ai deux frères, amis et compagnons de lutte pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme en Guinée, en l’occurrence Oumar Sylla, alias Fonikè Manguè, et Mamadou Billo Bah, qui sont victimes de disparitions forcées depuis le 9 juillet 2024 », a dit Ibrahima Diallo.
Le Congrès mondial contre les disparitions forcées s’est tenu les 15 et 16 janvier 2025 à Genève, en Suisse. Plus de 700 délégués venus de différents pays ont pris part à ce rendez-vous mondial de partage d’expérience et de réflexion. Et, plusieurs thèmes en lien avec les disparitions forcées y ont été abordés. Également, des stratégies de plaidoyer ont été explorées pour promouvoir la ratification universelle de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Ibrahima Diallo, responsable des opérations du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), a mis cette occasion à profit pour rappeler au monde la situation de ses “deux frères, amis et compagnons de lutte pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme en Guinée, en l’occurrence Oumar Sylla, alias Fonikè Manguè, et Mamadou Billo Bah”. Ces deux activistes et hauts responsables du FNDC sont portés disparus depuis leur arrestation le 9 juillet dernier par des groupes de gendarmes et de militaires membres des forces spéciales.

« Depuis 1958, la Guinée a été gouvernée par deux présidents civils et trois militaires, auxquels s’ajoute l’actuel président de la transition militaire. Au cours des différents régimes, une problématique majeure persiste : celle de la justice au service de la loi. Cette problématique est à l’origine des frustrations en Guinée, de la mauvaise gouvernance et des conflits socio-politiques. La particularité de ma présence à cette rencontre importante sur les disparitions forcées, qui regroupe plus de 700 délégués de différents pays, est que ce phénomène a refait surface en Guinée avec l’arrivée de la junte militaire au pouvoir en 2021. J’ai deux frères, amis et compagnons de lutte pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme en Guinée, en l’occurrence Oumar Sylla, alias Fonikè Manguè, et Mamadou Billo Bah, qui sont victimes de disparitions forcées depuis le 9 juillet 2024. Il y a également le journaliste Marouane Camara et le citoyen Sadou Nimagan, qui ont subi le même sort que mes camarades cités ci-dessus. Le seul crime de Fonikè, Billo et Marouane est d’avoir servi leur patrie en demandant aux militaires de respecter les droits et libertés des citoyens guinéens et d’organiser des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel », a-t-il déclaré dans son allocution.
Guineematin.com vous propose ci-dessous l’intégralité de ce discours de Ibrahima Diallo au Congrès mondial contre les disparitions forcées.
Mesdames et Messieurs,
Chers participants,
Je viens de la République de Guinée, un pays situé en Afrique de l’Ouest.
Ce pays est habité par une population éprise de paix et de justice, qui aspire à vivre dans un État de droit où la justice, indépendante et respectueuse de la loi, est garante de la sécurité, de la paix et de la stabilité.
Depuis 1958, la Guinée a été gouvernée par deux présidents civils et trois militaires, auxquels s’ajoute l’actuel président de la transition militaire.
Au cours des différents régimes, une problématique majeure persiste : celle de la justice au service de la loi. Cette problématique est à l’origine des frustrations en Guinée, de la mauvaise gouvernance et des conflits socio-politiques.
La particularité de ma présence à cette rencontre importante sur les disparitions forcées, qui regroupe plus de 700 délégués de différents pays, est que ce phénomène a refait surface en Guinée avec l’arrivée de la junte militaire au pouvoir en 2021.
J’ai deux frères, amis et compagnons de lutte pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme en Guinée, en l’occurrence Oumar Sylla, alias Fonikè Manguè, et Mamadou Billo Bah, qui sont victimes de disparitions forcées depuis le 9 juillet 2024.
Il y a également le journaliste Marouane Camara et le citoyen Sadou Nimagan, qui ont subi le même sort que mes camarades cités ci-dessus.
Le seul « crime » de Fonikè, Billo et Marouane est d’avoir servi leur patrie en demandant aux militaires de respecter les droits et libertés des citoyens guinéens et d’organiser des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel.
La réponse du gouvernement guinéen aux familles de Fonikè et de Billo a été, je cite : « Les adultes ont le droit de disparaître. »
Comme pour dire qu’en Guinée, sous le régime de la junte militaire actuelle, il n’y a ni droit, ni justice, ni protection pour les activistes, opposants et citoyens qui expriment pacifiquement leur désaccord avec la gestion de la junte.
Comme pour dire aux familles : « Nous avons bien fait, et vous n’avez que vos yeux pour pleurer. »
Quel cynisme. Quelle irresponsabilité !
Mesdames et Messieurs,
Nous ne baisserons pas les bras. Nous continuerons à dénoncer, en Guinée et ailleurs, la responsabilité de la junte militaire dans l’enlèvement et les disparitions forcées de Fonikè, Billo, Marouane et tous les anonymes.
Merci pour votre soutien. Vous pouvez également compter sur la société civile guinéenne pour rester aux côtés de toutes les familles des disparus dans le monde.
#FreeFonike #FreeBillo #FreeMarouane #FreeNimagan
Je vous remercie.
Ibrahima Diallo, FNDC