Le tribunal de première instance de Mafanco a ouvert hier, jeudi 16 janvier 2025, le procès de deux médecins accusés de complicité d’avortement et d’homicide involontaire après le décès tragique de M’mah Bangoura, décédée lors d’une tentative d’interruption de grossesse. Deux des quatre prévenus ont été jugés ce jour pour leur implication dans ce qui pourrait s’apparenter à un acte illégal et imprudent, ayant conduit à la mort de la victime M’mah Bangoura, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Selon les faits qui se seraient déroulés le 16 juillet 2024, Alpha Ousmane Kourouma et Moussa Sylla, respectivement médecin et stagiaire à la clinique Cames à Bonfi, dans la commune de Matam, la victime enceinte de quelques mois aurait consulté ces praticiens pour un avortement clandestin.
Malgré les risques potentiels associés à cette intervention, qui n’a pas été réalisée dans un cadre médical idéal, ces médecins auraient procédé à l’interruption de la grossesse. Et lors de l’opération, des complications sont survenues, entraînant une anémie sévère (perte de sang) qui a conduit au décès de la patiente dans les heures qui ont suivi.
Mais à la barre ce jeudi, Alpha Ousmane Kourouma a tenu Moussa Sylla pour responsable de la mort de la patiente. Il indique que lui, il était venu en simple sauveur.
« Quand on m’a appelé à 17 heures, je suis venu trouvé que la femme est en train de saigner. Ce que j’ai vu quand je suis arrivé, c’était une sortie d’une masse de fœtus sur la patiente. J’ai tapoté son bas ventre pour accélérer la sortie. Je ne savais pas au début que c’était du Fœtus. Moi j’ai touché la patiente parce qu’on dit souvent que la non-assistance d’une personne en danger, c’est une infraction. C’est pourquoi j’ai décidé de m’impliquer pour sauver la dame. Sinon, je ne connais rien en matière de l’avortement. Après mon intervention, j’ai dit à Moussa de référer directement la dame au service gynécologie. Il m’a dit qu’il le ferait. Avant de partir, je suis allé voir la dame pour lui demander comment elle se sentait. Elle m’a répondu qu’elle allait mieux. Toujours préoccupé de l’état de la dame, j’ai appelé Moussa et il m’a rassuré que tout allait bien », a-t-il expliqué.
Le juge audiencier, Mohamed Sangaré, dans son interrogatoire, a posé la question au prévenu de savoir de quoi est décédée la malade.
« Elle est décédée de l’anémie (manque de sang), elle est décédée du fait de Moussa. Parce que je lui ai dit de prescrire l’hémacel. Il ne l’a pas fait. Parce que lui-même m’avait dit qu’il n’avait pas fait le travail », a répliqué le médecin Kourouma.
Moussa Sylla est-il un médecin ? Rebondi le juge. Le prévenu répond : « Moi je l’ai trouvé dans cette clinique. Il consultait, faisait des ordonnances. C’est lui qui s’occupait de tous les malades là-bas. Mais c’est un stagiaire ».
Après près de trois heures de débats houleux, le tribunal a renvoyé l’affaire au mardi, 21 janvier 2025, pour la suite de la procédure.
À rappeler que Kémoko Kourouma et Mabinty Camara, également prévenus dans la présente affaire, sont en fuite. Un mandat d’arrêt est décerné contre eux. Mais en attendant, le procès se poursuit devant le tribunal de Mafanco. Les deux prévenus détenus depuis août 2024 retournent à la maison centrale de Conakry.
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
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