La grippe et le rhume sont des affections d’origine virale qui touchent un grand nombre de personnes, particulièrement en cette période d’harmattan à Conakry et à l’intérieur de la Guinée. Pour parler de ces pathologies, un reporter de Guineematin.com a donné la parole au Docteur Édouard Tolno, médecin généraliste au Centre médical communal (CMC) de Ratoma. Il a été question notamment des causes, des symptômes et des moyens de lutte contre ces maladies.
Guineematin.com : quelles sont les principales causes de la grippe et comment se propage-t-elle dans une communauté ?
Docteur Édouard Tolno : la grippe n’est autre qu’une maladie infectieuse, très contagieuse, qui est provoquée par le virus influenceur. Donc, ce qui veut dire que c’est une maladie avant tout qui est virale, provoquée par le virus du type A, B, C. Comment elle se propage dans la population ? C’est très simple. C’est à travers la transmission directe ou indirecte. La transmission directe, c’est lorsque le malade la transmet à une personne saine, par les quintes de toux ou par les éternuements. Puisque quand ils toussent, les gouttelettes qui sont émises contiennent des virus, ou quand ils éternuent, ces sécrétions contiennent le virus. Donc, de personnes malades à personnes saines, on peut transmettre. C’est ce qu’on appelle la transmission directe. La transmission peut être aussi indirecte. Là, c’est par l’intermédiaire des objets qui ont été utilisés par la personne malade. Par exemple, les poignées des portes, les téléphones, disons, les ustensiles. Tout ce que le malade peut toucher est ici une source de contamination. Puisque ça trouvera que le malade a la main qui est souillée par ses sécrétions. Et les virus inondent déjà la surface des mains. Et toute chose que le malade va toucher sera contaminée. Et quand cette chose, à son tour, est touchée par une personne saine, la personne va se contaminer si elle n’arrive pas à laver les mains proprement. Donc, c’est les deux modes de contamination dans la société.
Quels sont les symptômes caractéristiques de la grippe qui permettent de la distinguer d’un simple rhume ?
Une question pertinente. La grippe en elle-même est caractérisée par un syndrome infectieux. En fait, c’est la fièvre généralement qui domine le tableau clinique et cette fièvre est généralement de début brutal. Elle commence de façon spontanée, accompagnée de frissons. Cette fièvre peut atteindre même les 40 degrés Celsius. Et à côté de la fièvre, il y a une composante aussi articulaire, c’est que l’intéressé va avoir des douleurs articulaires, des douleurs musculaires, comme s’il avait mené un combat intense et il va se sentir très fatigué. Ce sont ces signes généraux qui vont accompagner la maladie, la fatigue, le manque d’appétit. Et d’autres signes neurologiques vont s’associer, notamment les céphalées, je vais parler de maux de tête, de vertiges. Et ne pas oublier, quelques jours après, cette composante respiratoire qui va s’associer. Je veux parler de la toux. Donc, il y aura le nez qui va commencer à couler. Au départ, les sécrétions sont translucides et vers la fin, ces sécrétions vont devenir très visqueuses et parfois jaunâtres. Et puis, au lendemain, s’il y a une surinfection. Voilà, la toux, au départ, elle est sèche. C’est-à-dire qu’elle ne produit rien, l’intéressé va tousser, rien ne sort. Mais après quelques jours, c’est une toux productive. Voilà, et quand la personne tousse, la personne ramène des crachats qui sont parfois gluantes, qui sont parfois jaunâtres et qui peuvent être purulentes lorsqu’il y a une infection pulmonaire. Et vous faites bien de parler de ce rhume qui se démarque un peu de la grippe. Voilà, comment ça se démarque de la grippe, si vous voulez, les caractéristiques symptomatiques. Commençons d’abord par la fièvre. Si la fièvre est d’apparition brutale au cours de la grippe, accompagnée de frissons, au cours du rhume, cette fièvre est d’apparition intermittente. On parle même de fébricule. Donc, difficilement, la température dépasse les 38 degrés. Alors que dans la fièvre, la température peut atteindre les 40 degrés. Voilà, et quand nous venons plus loin au niveau des signes respiratoires que je venais de citer tantôt, la toux, elle est très intense dans la grippe, mais alors qu’au cours du rhume, la toux est moindre. Voilà, et quand nous parlons aussi des signes, des douleurs articulaires qui se rencontrent au cours de la grippe avec cette fatigue intense, c’est vraiment notoire dans la grippe. Alors que dans le rhume, c’est des signes qui sont presque absents. Donc, voici un peu la différence qui se trouve entre le rhume et la grippe. Sinon, toutes les deux maladies sont souvent d’origine virale. Autant la grippe est d’origine virale, autant le rhume aussi est d’origine virale, provoquant surtout une forme de maladie qu’on appelle la rhinopharyngite chez les enfants. Dans l’écrasante majorité, le rhume est d’origine virale. Maintenant, dans d’autres circonstances, le rhume peut être provoqué par certaines bactéries. Donc, c’est un peu ça la différence.
Quels sont les traitements les plus efficaces pour soulager les symptômes de la grippe et accélérer la guérison ?
Comme je le disais tantôt, la grippe est une maladie virale. Et qui parle de maladie virale, parlera ici d’un traitement symptomatique. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de traitement éthologique, il n’y a pas de médicament proprement dit pour combattre le virus, pour tuer le virus en fait. Donc, quand la grippe est diagnostiquée, le traitement est purement symptomatique. Le but d’abord du traitement, c’est quoi ? C’est soulager le malade et empêcher les complications. Puisque la grippe a beaucoup de complications qui peuvent être respiratoires, pouvant aller jusqu’à une détresse respiratoire. On a vu une forme de grippe qui s’est propagée en 2020 ici, qu’on appelle la Covid. La Covid fait partie de ces maladies grippales. C’est une forme de grippe en fait. Donc, ce qui veut dire que la grippe est potentiellement mortelle. Le but instauré par le médecin c’est de soulager le malade en cherchant à calmer les symptômes et empêcher les complications. Alors, les moyens que nous avons à notre disposition, c’est naturellement le médicament et les règles hygiéniques. Parmi les médicaments que nous avons, c’est les antigrippaux. C’est-à-dire des médicaments qui permettent de gérer tous les signes que je viens de citer, des médicaments qui contiennent très souvent des paracétamols pour calmer la fièvre et la douleur du malade, des médicaments qui contiennent des antihistaminiques pour calmer cette toux qui est au départ sèche et pour calmer l’écoulement nasal. Maintenant, en cas de surinfection, puisque ça peut arriver, nous avons recours cette fois-ci aux antibiotiques pour combattre la surinfection. Sinon, dans la grippe en tant que telle, dans le traitement classique, on n’a nullement besoin d’antibiotiques. C’est quand il y a une surinfection pulmonaire ou des complications qu’on fait recours aux antibiotiques. A côté de ce traitement, il y les règles hygiéniques. Il faut dire au malade de tousser dans le creux de ses coudes ou alors il cherche un mouchoir dans lequel il va tousser. Deuxièmement, il faut dire au malade de laver ses mains avec de l’eau et du savon. Ça, c’est pour éviter qu’il infecte son environnement. Autres règles qu’on peut suggérer, c’est de dire au malade de s’isoler dans la mesure du possible. Tant que c’est possible, c’est de mettre le malade en quarantaine. Parce que le mettre en quarantaine, c’est encore plus sûr. Il doit revoir son alimentation puisque la grippe aime beaucoup le froid. Le malade doit être dans un milieu qui n’est pas humidifié mais qui est plutôt aéré. S’il doit utiliser le climatiseur, il doit le mettre à plus de 25 degrés et il ne doit pas fixer le ventilateur sur lui. C’est aussi lui dire d’éviter de boire tout ce qui est glacé. Éviter des endroits où il y a trop de fumée de cuisine et de cigarette et de poussière. Sinon ce sont des substances qui peuvent aggraver les signes qui sont préexistants. Voici quelques conseils qu’on essaie de prodiguer aux malades afin qu’ils puissent limiter la propagation de la maladie et de pouvoir aussi se prendre mieux en charge.
Tous ces conseils sont aussi valables pour le rhume ?
Naturellement. Ils sont aussi valables pour le rhume parce que même si les signes ne sont pas aussi brillants que ceux de la grippe, toujours est-il que c’est d’origine virale, les personnes atteintes du rhume devraient aussi observer les mêmes conseils…
Quelles sont les mesures préventives pour réduire le risque de propagation de la grippe ?
A part les mesures individuelles, comme je viens de le dire, ce sont les mesures collectives. Les mesures collectives qui vont s’ajouter aux premières mesures, elles seront prises ici par les autorités, comme on l’a vu au temps du Covid, où on essaie de mettre certains jeunes en quarantaine. On essaie de détecter tous les cas porteurs de grippe, parce que ce sont des mesures qui doivent exister aussi. Le port des bavettes, c’est très important. J’allais en venir, parce que c’est une mesure qui est à la fois individuelle et collective. Individuelle, la personne se protège et protège son environnement. Mais collective, c’est lorsque… les autorités sanitaires et administratives prennent les dispositions, imposent le port de bavettes, afin que ceux qui ont la maladie ne la propagent pas, ou alors ceux qui n’en ont pas puissent se prémunir de la grippe. Ne pas oublier que, dans les structures sanitaires, on essaie de mettre le point d’eau où les gens doivent laver correctement les mains. Et comme les agents de santé sont la première solution, c’est d’intensifier la sensibilisation à travers les informations, éducation, communication (IEC). Et quand on parle des IEC, on parlera ici de l’intervention des mass-médias. Vous, les journalistes, on a souvent besoin de vous. On a toujours besoin d’ailleurs de vous dans le cadre de la prévention de la lutte contre la grippe.
Nous sommes en période de fraîcheur et de vent, des facteurs aussi qui favorisent la propagation de la grippe et du rhume. Est-ce qu’actuellement il y a des risques forts de transmission de cette maladie ?
Tout à fait. La période d’humidité est une période favorable à la propagation du virus. Si vous voyez, les périodes pendant lesquelles le virus ou les cas de grippe sont intenses, c’est pendant les périodes d’humidité. Le virus aime beaucoup l’humidité. Il n’aime pas la chaleur. C’est pour cela qu’en période très chaude, la grippe est presque rare. Le virus se réveille quand il y a de l’humidité. C’est pour cela qu’on donne des conseils visant à éviter tout ce qui est glacé, prendre ce qui est chaud, se laver avec de l’eau chaude, parce que le virus n’aime pas ça. Alors, plus on utilise la chaleur, plus ça diminue.
Il y a d’autres modes de traitement traditionnels. On utilise souvent le citron, des feuilles, des écorces, beaucoup d’autres produits qui ne sont pas pharmaceutiques dans le cadre de la lutte contre la grippe et le rhume. Est-ce que cela est conseillé ? Est-ce que c’est recommandé sur le plan médical ?
Oui, bien sûr. Le traitement, disons, la phytothérapie est recommandée. C’est une forme aussi de médecine qui a des vertus. Vous avez parlé du citron. Oui, moi-même, je vais ajouter le gingembre à ça. Les gens font un cocktail important avec le clou de girofle. Pourquoi ? Ces substances, en fait, contiennent de la vitamine C, surtout quand nous prenons du citron. Il est très riche en vitamine C. Et je vous ai dit tout de suite qu’au cours de la grippe, on se sent très fatigué. Donc, en prenant une quantité importante de vitamine C, on réduit cette fatigue. Donc, voici comment ces substances interviennent, disons, dans le traitement de la grippe. Et ces mêmes substances, je veux parler du citron, je veux parler du gingembre, voire même du clou de girofle, contiennent ici certains éléments qui contribuent à renforcer l’immunité. Puisque quand on est grippé, il faut qu’on connaisse une forte immunité. Parce que lorsque l’immunité n’est pas forte, c’est là qu’on est prédisposé à développer la forme compliquée de la grippe. Donc, en prenant un cocktail important de clou de girofle, de gingembre avec du citron, évidemment, on renforce l’immunité. Mais, toutes ces substances, tout ce traitement que je viens de dire ne va pas contribuer ici à tuer le virus, mais c’est à gérer les symptômes, à renforcer l’immunité afin qu’on puisse combattre mieux le virus, puisque ces substances ne peuvent pas tuer le virus.
Qu’en est-il du beurre de karité ?
Le beurre de karité intervient aussi dans le fait qu’en l’utilisant, évidemment, ça pourrait renforcer cette immunité, mais empêcher que la personne puisse avoir des lésions au niveau nasal. Puisqu’on peut utiliser le beurre de karité dans les narines pour favoriser ce cathare, je veux dire cet écoulement nasal, mais aussi on peut l’utiliser surtout sur les enfants pour pouvoir les protéger contre cette toux qui peut être préjudiciable.
Docteur, quelles sont les mesures préventives pour réduire les risques ? Quel est le rôle de la vaccination contre la grippe et dans quelle situation est-elle recommandée ?
Oui, la vaccination contre la grippe intervient lorsque nous sommes en période de paix, s’il faut le dire ainsi. C’est pour éviter à ce que les gens contractent. Ou alors, quand nous sommes en période d’épidémie, on vaccine la couche qui n’est pas encore atteinte. Puisque le vaccin a un rôle purement préventif. Donc, quelqu’un qui est déjà grippé n’a pas besoin de prendre le vaccin. Mais on le donne à quelqu’un qui ne fait pas de grippe. Et quand c’est fortement recommandé, c’est en période d’épidémie. En période d’épidémie, le vaccin contre la grippe est fortement recommandé. Ou alors, chez les voyageurs. Parce que les gens qui voyagent d’un pays à un autre… Surtout dans les endroits où ils partent rencontrer des milliers de personnes. Ce sont notamment les gens qui partent pour les colonies de vacances, les différents pèlerinages, doivent prendre le vaccin contre la grippe. Mais il y a une chose qu’il faut signaler. C’est que le virus de la grippe est un virus à ARN (Acide ribonucléique). C’est un virus qui subit des mutations, c’est-à-dire il change de forme en fonction des situations. On peut produire un vaccin qui est valable contre un virus pour cette période. Mais vous allez voir qu’après une période de 6 mois ou d’un an, que ce vaccin ne peut plus être efficace parce que le virus contre lequel l’avez fabriqué a changé de forme. Il faudra donc un autre vaccin. C’est ça la problématique avec les vaccins. C’est pour cela que les laboratoires pharmaceutiques qui évoluent ont souvent besoin de différentes souches. Il y a même une étude que nous menons avec l’OMS qui permet d’obtenir les différentes souches avec les différentes formations ; ça permettra de mettre en place soit un vaccin par continent, soit un vaccin universel qui pourra aider à mieux surveiller la transmission de la grippe.
Propos recueillis par Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com
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