Devant la recrudescence des actes de violences, parfois mortelles, dans les écoles, les autorités éducatives ne croisent pas les bras. Une importante mission du Ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation (MEPU-A) a échangé avec de nombreux acteurs de la préfecture de Coyah. La démarche vise à sensibiliser les acteurs de l’école mais aussi les inviter à être plus vigilants dans l’organisation d’activités récréatives dans les écoles. La rencontre s’est tenue jeudi, 16 janvier 2025, au siège de la Direction préfectorale de l’éducation (DPE) de Coyah. Elle a regroupé une forte délégation du Ministère de l’Enseignement préuniversitaire et de l’Alphabétisation, des cadres de la DPE, des directeurs d’écoles, des délégués scolaire de l’enseignement élémentaire (DSEE), des membres des Associations de parents d’élèves et amis de l’école (APEAE), rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.
Dans son intervention, Kékoura Traoré, inspecteur disciplinaire à l’Inspection générale de l’éducation, a remué le couteau dans la plaie de certains enseignants qui se comportent mal envers les filles qu’ils enseignent.
« Nous responsables d’écoles, nous sommes plus criminels que le criminel lui-même. Certains enseignants disent aux filles : mademoiselle, pour que je puisse bien te noter, il faut écarter tes jambes en classe pendant les explications… Quand vous allez aussi dans certaines écoles, vous verrez certains enseignants qui se protègent entre eux. Même si la fille devrait avoir zéro, mais puisque c’est ma matière, je vais bien la noter. Elle me permettra aussi d’avoir d’autres filles pour mes collègues. A la fin, vous verrez qu’ils vont évoluer en groupe restreint. Donc, le clan n’existe pas seulement au niveau des élèves, mais c’est aussi au niveau des enseignants. Donc, chers collègues, nous vous prions humblement de briser le silence. Quelqu’un est reconnu fautif, acceptez qu’il aille en prison et qu’il réponde de ses actes », a laissé entendre Kékoura Traoré.
De son côté, Facély 2 Mara, directeur national adjoint du préscolaire au MEPU-A, a expliqué les raisons qui ont poussé le ministre de tutelle à indexer la responsabilité des décideurs dans les violences en milieu scolaire.

« Vous savez pourquoi le ministre, dans son diagnostic, a pointé du doigt les directeurs et les DSEE, les chefs d’établissements ? Ce n’est pas parce que vous êtes directement auteurs, mais c’est votre manque de vigilance. Des fois, tous ces meurtres ne se produisent pas dans nos écoles, mais on peut utiliser l’école pour exposer ces cas. Quelqu’un peut commettre un meurtre, il vient déposer le corps à l’école. La vigilance dont on parle est de s’organiser de sorte que l’école soit un sanctuaire inviolable. Nous savons pertinemment que tout le monde n’a pas ces moyens. Mais les chefs de grands établissements privés peuvent avoir des caméras de surveillance. Dans les écoles, vous organisez des activités festives. Alors, il faut que vous vous organisez à mettre en place un comité de veille qui doit surveiller les mouvements, avant, pendant et après la fête. Ce qui s’est passé à Dubréka par exemple, à 16 heures, la fille dansait au milieu de ses amis, à 19 heures, on trouve son corps dans les toilettes, alors que dans cette école, il y a plus quatre cent élèves, encadrés par environs 45 enseignants, dont une dizaine qui assurent la surveillance et autre. Où étaient tous ces gens quand on tuait cette fille dans les toilettes ? Sachez que maintenant, quand il y des cas de blessures, de viols, ce ne sont plus nos règlements, c’est le code pénal. Le procureur nous a dit que si vous organisez un évènement, vous invitez les gens et que vous ne parvenez pas à les sécuriser, votre responsabilité est engagée. Le ministre compte sur vous qui êtes à la base pour ne pas que l’école soit utilisée par les meurtriers pour salir l’image de la corporation. Impliquez tout le monde, APEAE, les partenaires, les chefs de quartier, les religieux », a conseillé Facély 2 Mara.
Pour sa part, Salimatou Tounkara, cheffe de division genre et équité au Ministère de l’Enseignement préuniversitaire, cheffe de mission, a également invité les acteurs à prendre le taureau par les cornes pour en finir avec les violences à l’école.

« Comme vous le savez, il y a une recrudescence des violences dans la préfecture de Dubréka. L’année-là seulement, il y a eu trois cas. Ce même phénomène est prolongé à Forécariah et Coyah. Face à cette situation, nous sommes venus pour transmettre le message du département. Les parents d’élèves, les sous-préfets, la délégation spéciale, le préfet même, tout le monde doit être impliqué. A Conakry, dès qu’il y a eu mort, une réunion d’urgence a regroupé trois départements, à savoir la Sécurité, le Ministère de la Justice, celui des Affaires religieuses, pour que les sermons se fassent dans les mosquées et les églises… C’est pour vous dire que c’est une affaire de tous. Concernant notre département, on nous a mandatés, de vous dire que nous devons nous impliquer tous pour la cause des filles qui ont été, ces derniers temps, atrocement violées et tuées. Personne ne veut voir son enfant tué dans une école. Le message clé du ministre est que les directeurs d’écoles, les chefs d’établissements et les DSEE sont responsables des activités récréatives que vous organisez dans les écoles. Vous devez veiller avant, pendant et après l’activité. Je vais aussi demander au DPE d’impliquer la sécurité, les APEAE, les religieux, pour que chacun joue sa partition. Le premier Ministre, le président de la République qui fait de l’éducation sa priorité, se sont tous impliqués et ont donné des instructions fermes pour ne plus qu’il y ait mort d’enfants dans les milieux scolaires. Je crois que le message clé est compris, chacun doit prendre ses responsabilités », a martelé madame Salimatou Tounkara.
Le Directeur préfectoral de l’éducation de Coyah, au nom de tous les acteurs du système éducatif de la préfecture, s’est engagé à prendre son bâton de pèlerin pour la sensibilisation dans toutes les concessions scolaires relevant de sa juridiction.
Depuis Coyah, Étienne Tamba Tenkiano pour Guineematin.com