Côte d’Ivoire : les difficultés des Guinéens vivant à Noé, à la frontière avec le Ghana

Mamadou Moussa Diallo, chef des guinéens de la sous-préfecture de Noé-frontière ivoiro-ganhéenne

De nombreux Guinéens vivent dans la localité de Noé, située à la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Ghana. Ils sont témoins de plusieurs événements le long de cette frontière. Étant les premiers représentants de la Guinée dans ce coin isolé, ils reçoivent souvent des Guinéens venus de plusieurs pays, même de l’Afrique centrale, malades, souvent rongés par l’aventure. Ces Guinéens de Noé prennent souvent en charge ces compatriotes pour qui l’aventure n’a pas été rose, grâce à leur association qui fonctionne sur fonds propres. C’est ce qu’a fait savoir Mamadou Moussa Diallo, originaire de Fatako, dans la préfecture de Tougué, chef de guinéens de la localité, dans un entretien accordé au correspondant de Guineematin.com en Côte d’Ivoire de passage à Noé.

Depuis 1993, il s’est installé dans la sous-préfecture de Noé. Conscient des difficultés rencontrées par ses compatriotes, il a été l’un des initiateurs de l’organisation mise en place pour secourir les nécessiteux qui viennent d’ailleurs.

« Nous, ressortissants guinéens vivant ici, à la frontière avec le Ghana, nous avons une association. Elle prend en compte les guinéens de tous les 8 districts de Noé. Nous qui vivons au centre ici, nous ne sommes pas nombreux. Nos compatriotes sont plus présents dans les villages environnants pour faire l’agriculture du café, cacao, thé… Mais, on est tous unis autour de l’association », explique Mamadou Moussa Diallo.

La mission principale de l’association est de renforcer la cohésion sociale en venant en aide à toute personne en souffrance, car les difficultés quotidiennes sont énormes. « Les difficultés sont nombreuses à la frontière ici. Les autorités d’ici nous appellent toujours pour des cas de nos compatriotes qui viennent souvent du Ghana, de Centrafrique, du Niger, du Nigeria et de beaucoup d’autres pays. D’aucuns, c’est pour des problèmes liés aux documents de voyage, on rencontre de tels cas souvent ici. D’autres viennent très malades, sans aucun proche pour les aider. C’est notre association qui s’occupe d’eux. Si devant le problème, on est incapable, on remonte le cas aux voisins de la mosquée. Souvent, notre appel est entendu. Et ainsi, tout le monde cotise pour emmener la personne jusqu’à Abidjan. Là-bas, les guinéens sont nombreux, contrairement à Noé ici où on ne dépasse pas 30 personnes. Et ça, c’est tous les jours. Moi personnellement, il ne fait pas une semaine sans que je n’accueille une personne qui a besoin d’aide chez moi. Depuis qu’on a commencé, on n’a pas eu d’aide même de la part de l’ambassade. Pourtant, on en a besoin. Ce n’est pas pour nous personnellement », lance-t-il.

Abordant la question de l’aventure, après avoir vécu une partie de sa vie à l’étranger, Mamadou Moussa Diallo affirme qu’on n’est jamais mieux que chez soi. « Quel que soit le temps que nous prendrons ici, on ne pensera que de chez nous, en Guinée. C’est une question de destin, sinon c’est là-bas qui est bien pour nous actuellement, surtout que moi je vieillis. Celui qui est en aventure est toujours en bas quel que soit son courage », regrette Mamadou Moussa Diallo.

Eu égard aux nombreuses difficultés auxquels les compatriotes font face le long de la frontière, Mamadou Moussa Diallo lance un appel à l’ambassade de Guinée en Côte d’Ivoire et à toutes les bonnes volontés de s’impliquer pour minimiser les difficultés.

De retour de Noé, Mamadou Malal Baldé pour Guineematin.com

Tél. : +225 0142 24 28 28

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