Allakro village (Côte d’Ivoire) : immersion dans le milieu de Djidou Diallo, qui rêve de visiter la Guinée de ses ancêtres

Amadou Djidou Diallo, Guinéen né à Allakro en Côte d'Ivoire

Originaire de Labé, le jeune Amadou Djidou Diallo n’est guinéen que par son nom. Orphelin de père depuis sa naissance, il n’a jamais eu l’occasion de visiter la Guinée de ses parents. A partir d’Allakro village, en Côte d’Ivoire, il observe, s’informe sur la situation de la Guinée. Sa soif d’y aller est loin de s’étancher. Son plus grand rêve aujourd’hui, c’est de comprendre le Poular, sa langue de naissance. Dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de Guineematin.com à Allakro village, il aborde plusieurs aspects de sa vie, comme la question liée à sa langue maternelle, dont il n’en a pas la maîtrise à cause de son milieu influencé par la langue française.

Suite à l’épreuve qui consiste à définir quelques termes Poular en français sur laquelle nous l’avons soumis pour vérifier son niveau dans sa langue maternelle, Amadou Djidou Diallo parvient à se tirer d’affaires. Mais, le constat révèle que le véritable problème se situe bien au niveau de l’interaction. Comprendre sans parler couramment le Poular est son cas. « Bon, le Poular, je comprends, mais je ne comprends pas. Je m’explique : je comprends parce que lorsqu’on me le dit, je comprends ; mais le retour à mon niveau, c’est tout à fait le problème », confie-t-il.

Depuis sa naissance à Allakro village, situé à 12 kilomètres de la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, Amadou Djidou Diallo n’y est jamais sorti. Aujourd’hui, élève en classe de terminale, il nourrit l’ambition de partir en Guinée, chez lui. Mais en attendant, il se consacre à ses études sans oublier ses origines. C’est pourquoi, malgré sa vie dans ce milieu dominé par la langue française, il est parvenu à l’exercice de traduction auquel il a été soumis ci-dessus. « Après le bac, je rêve d’être un grand entrepreneur pour aider ma famille dans sa situation difficile et aider tous les autres à monter. Je vous signale aussi que je suis un passionné de football. J’ai hâte d’être un grand footballeur pour défendre, pourquoi pas, les couleurs de la Guinée, même si je n’ai pas eu la chance de partir là-bas, au pays, d’abord. Pour revenir sur la langue, je dirai que j’apprends les mots avec ma maman vue que mon père est décédé. Sinon, il me l’apprenait aussi beaucoup. Les parents nous l’ont toujours exigé dans nos conversations. Sans cela, notre cas allait encore être difficile. Car ici, sur 20 maisons, vous ne verrez qu’une seule famille Peule où on parle Poular. Sinon, tout le reste, c’est le français. Du coup, un enfant qui naît dans ce village trouve pratiquement que tous ses camarades parlent la langue du terroir. Une fois grand, c’est pourquoi l’enfant éprouve toutes les difficultés d’aligner deux mots dans sa langue maternelle », a-t-il fait savoir.

L’envie du jeune Amadou Djidou Diallo de rentrer en Guinée est énorme. Mais, il fait face à des difficultés. « C’est ma culture, c’est mon pays et j’en suis fier. Je suis prêt à me sacrifier pour comprendre ma langue. Aujourd’hui, la seule chose qui m’empêche de partir en Guinée, c’est la situation familiale. Pendant les vacances, on peut bien profiter ; mais si la famille n’a pas les moyens nécessaires, tout sera difficile pour nous les enfants de partir en Guinée ».

En outre, le jeune élève plaide pour l’instauration d’émissions en langues locales dans les différents médias guinéens pour permettre aux personnes de sa catégorie d’apprendre, à distance, leurs langues maternelles respectives en attendant de rentrer au pays.

De retour d’Allakro, Mamadou Malal Baldé pour Guineematin.com

Tél. : +225 0142 24 28 28

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