Donald Trump relance son offensive anti-immigration : « Je m’inquiète pour le cas de nos frères passés par le Nicaragua » (Mamadou Saliou Bah)

Mamadou Saliou Bah, président du CJIM-Guinée

Dès son entrée en fonction, le président américain, Donald Trump, a signé ce lundi plusieurs décrets présidentiels aux implications majeures, notamment une vaste offensive anti-immigration, le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que des mesures visant à restreindre les droits des personnes transgenres. Parmi ces décisions controversées, la plus préoccupante pour de nombreux pays, dont la Guinée, reste la politique migratoire stricte qui prévoit l’expulsion massive des migrants en situation irrégulière.

Cette décision suscite de vives inquiétudes en Guinée, où de nombreux ressortissants vivent aux États-Unis en situation irrégulière. Mamadou Saliou Bah, président du Collectif des Jeunes pour l’Intégration des Migrants en Guinée, exprime ses préoccupations quant aux conséquences de ces expulsions massives.

« Ce décret n’est une surprise pour personne, parce que depuis lors des campagnes, il a toujours dit que s’il arrive à être le président, il allait faire des campagnes d’expulsion massive des migrants, surtout les migrants irréguliers qui sont aux Etats-Unis. Et on sait qu’aujourd’hui il y a certains de nos frères guinéens qui sont parmi eux. Donc, moi particulièrement, mon inquiétude va à l’endroit de ceux-là », a-t-il déclaré.

Il s’inquiète notamment du sort des Guinéens concernés par cette mesure qui, pour beaucoup, ont investi toutes leurs économies pour partir et se retrouvent aujourd’hui menacés de retour dans un pays où les opportunités sont limitées.

« Certains ont tout perdu ici avant de partir, d’autres ont contracté des crédits qu’ils n’ont pas encore remboursés. S’ils sont rapatriés, quel sera leur avenir ? Comment vont-ils reprendre leurs activités une fois en Guinée ? » s’interroge-t-il.

Face à cette situation préoccupante, Mamadou Saliou Bah interpelle les autorités guinéennes, soulignant la nécessité de créer des opportunités d’emploi pour retenir les jeunes dans le pays.

« Le problème se trouve chez nous d’abord. Nous ne créons pas, nous attendons toujours que les autres le fassent pour nous. L’État doit attirer des investisseurs pour offrir des emplois stables. Tant qu’il n’y aura pas d’emplois, les jeunes continueront à risquer leur vie pour un avenir incertain à l’étranger », a-t-il déclaré.

Il estime qu’avec un meilleur soutien, les jeunes pourraient investir leur argent dans des projets locaux plutôt que de financer un voyage périlleux vers l’Amérique centrale avant de tenter d’entrer aux États-Unis.

« Aujourd’hui, certains jeunes dépensent jusqu’à 10.000 ou 12.000 dollars pour émigrer via le Nicaragua, sans réaliser qu’avec cet argent, ils pourraient démarrer des activités rentables ici, dans l’agriculture ou l’élevage, et obtenir des résultats au bout de quelques années », a-t-il suggéré.

Mamadou Saliou Bah appelle également à une prise de conscience collective parmi les jeunes Guinéens tentés par l’aventure migratoire. Selon lui, beaucoup ignorent les réalités de l’immigration et gaspillent leurs ressources dans des voyages hasardeux au lieu d’investir localement.

« Nous devons sensibiliser nos jeunes à mieux utiliser leur argent. Avec 100 millions de francs guinéens, on peut créer une activité ici plutôt que de risquer sa vie sur des routes dangereuses », a-t-il conclu.

Alors que la politique anti-immigration de Donald Trump s’annonce intransigeante, les autorités guinéennes sont interpellées pour anticiper l’éventuel retour forcé de milliers de migrants. Ce défi pourrait être transformé en opportunité en mettant en place des politiques de réinsertion et d’entrepreneuriat adaptées pour offrir aux jeunes une alternative viable à l’exil.

Lamine Kaba et Aye Bobo Bah pour Guineematin.com

Tél : 620995917

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