L’invitation faite aux membres des forces vives qui participent aux institutions de la transition de quitter leurs postes continue de susciter le débat. Alors que cet appel divise l’opinion, les forces vives le justifient par un souci de cohérence avec les engagements pris par le CNRD avec la CEDEAO et les guinéens. Pour Youssouf Camara, ancien membre du Conseil National de la Transition de 2010, membre du bureau exécutif de l’UFDG, cette décision est salutaire. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com ce mercredi, 22 janvier 2025, il a dit que ceux qui vont refuser de quitter vont en payer le prix.
A l’entame, Youssouf Camara est revenu sur la première demande de retrait des membres des partis politiques au sein de l’administration du régime Alpha Condé qui remonte à 2012. « Par rapport à la déclaration des forces vives sur le retrait de leurs représentants au sein du CNT, pour rafraîchir la mémoire de nos compatriotes, cette demande n’est pas une première. En 2012, il y a eu une crise qui était entre le gouvernement d’Alpha Condé et l’opposition républicaine. Donc l’opposition républicaine réunissait en son sein des grands partis politiques comme le PEDN, l’UFR, l’UFDG et d’autres partis. Suite à l’attaque du domicile de Lansana Kouyaté, le cortège où se trouvait le président Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Lansana Kouyaté lui-même, lorsque le véhicule a été atteint par les projectiles, des balles réelles, tirées à l’époque sur le pont de Matoto, les leaders de l’opposition se sont repliées face à cette attaque. Et à l’intérieur de la cour de Lansana Kouyaté à l’époque, il y a une déclaration qui avait été prise après une concertation de plusieurs heures entre ces leaders politiques présents à cette manifestation. Ils avaient rédigé une déclaration, qui a été lue par l’ancienne député Dr Zalikatou Diallo. Une déclaration dans laquelle on demandait le retrait des représentants de l’opposition républicaine de toutes les institutions de la République, ce n’était pas seulement le CNT. Je vous parle du 27 août 2012. L’opposition avait des représentants au niveau du gouvernement. Lansana Kouyaté avait 2 ministres. Quand vous prenez les représentants de l’UFDG à l’époque, vous reprenez les représentants de l’UFR et autres, on avait au moins 4 représentants au sein de la CENI. Ensuite, on avait une trentaine de partis politiques de l’opposition qui étaient au sein du CNT. Donc, la déclaration a été suivie, il y a eu la démission de deux membres du gouvernement qui appartenaient à la structure du PEDN. Donc, les deux ministres de Kouyaté ont démissionné, nos trois représentants, qui je crois étaient au sein de l’ancienne CENI, qui avaient géré les élections présidentielles, avaient démissionné. Nous, au niveau du CNT, il y avait Doyen Sékou Béka Bangoura du PEDN, il y avait Aboubacar Sidighi Diallo des NFD, et moi-même, avons démissionné du CNT », a-t-il rappelé.
Parlant du cas présent, ce membre du bureau exécutif de l’UFGDG affirme qu’il est logique que les représentants des forces vives démissionnent du CNT. « Vous savez, si vous êtes issu d’une structure d’origine, qui vous mandate, ces gens ne sont pas là-bas par élection, ils sont là-bas par désignation des structures mères. Si les structures d’origine ne s’entendent plus avec le gouvernement ou ne reconnaissent plus de facto sur toute la situation qui se pose, la déclaration des forces vives depuis le 25 décembre 2024 disait qu’elle ne reconnaissait plus le gouvernement à partir du 1er janvier 2025. Donc, si on ne reconnaît pas un gouvernement, les structures dans lesquelles vous êtes représentés, cela va de facto que ces gens-là aussi se retirent pour une question de cohérence, par rapport à votre déclaration. Raison pour laquelle, je salue l’initiative, parce qu’on ne peut pas vouloir dire quelque chose et son contraire », a martelé Youssouf Camara.
Par ailleurs, le secrétaire fédéral de l’UFDG à Matam déclare que si ces représentants refusent de démissionner, ils vont en subir les conséquences. « Si j’ai la bonne information, jusqu’à date, on n’a pas reçu de lettre de démission de la part de notre représentant, ni des autres membres de l’UFR et du RPG pour le moment. C’est fort probable que les décisions ne resteront pas sans conséquences. A rappeler qu’en 2012, les représentants qui avaient refusé de démissionner, le représentant de l’UFR à l’époque avait été exclu, il y avait aussi Hadja Fatoumata Hann qui était la représentante de l’UFC de Aboubacar Sylla, ancien porte-parole de l’opposition. A l’époque, les deux avaient été automatiquement exclus des formations politiques. Ils avaient continué à siéger mais ce n’était pas au compte de leur formation politique. Pour le moment, je me réserve de donner immédiatement ce qui doit être fait, mais je suis sûr et certain que les partis politiques prendront des décisions dans les heures qui suivent, par rapport à la marche à suivre », a laissé entendre Youssouf Camara.
Mariama Barry pour Guineematin.com