L’affaire opposant le ministère public à Mabinti Kamara, Abakar Kourouma, Alpha Ousmane Kourouma et Moussa Sylla a été de nouveau évoquée ce jeudi, 23 janvier 2025, devant le tribunal de première instance de Mafanco. Les prévenus sont poursuivis devant cette juridiction pour des faits présumés d’avortement illégal, d’interruption volontaire de grossesse et d’homicide involontaire. Lors de la présente audience, le Dr Keira, médecin-chef de la clinique où les faits se sont produits, a été entendu à titre de “simple renseignement” par le tribunal, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
À la barre, le Dr Keira a admis que le décès de la patiente est survenu dans sa clinique à la suite d’une hémorragie intense provoquée par un avortement.
« Oui, c’est vrai, il y a eu une mort suite à l’avortement provoqué par une hémorragie intense, un saignement. Les agents de santé à la clinique savent que si un patient vient, il faut toujours faire appel à un médecin titulaire compétent. Et pour ce cas précis, cela n’a pas été l’air. Moi, je n’étais pas présent au moment des faits. Je n’ai pas vu la dame de son vivant, c’est son corps que j’ai vu plus tard », a-t-il déclaré à la barre.
L’avocat de la défense, Me CéCé Victor, a présenté au sortir de l’audience, deux hypothèses autour des circonstances du drame.
« La première thèse, selon les prévenus, est qu’ils ont reçu une patiente victime d’une fausse couche à domicile, puis conduite en urgence à la clinique CAMES pour une une intervention médicale appropriée. La seconde thèse suggère qu’il s’agissait d’un avortement initié à domicile et achevé dans leur (les médecins poursuivis) structure. Pour le moment, nous sommes entre ces deux versions », a-t-il dit.
Le médecin-chef a affirmé que le décès est survenu à la suite d’interventions médicales réalisées dans la clinique. Cependant, l’avocat des accusés a contesté ces affirmations.
« Non, d’abord, le médecin-chef lui-même n’était pas présent au moment des faits. Ceux qui ont traité la patiente affirmant qu’ils ont été appelés pour gérer une hémorragie due à une fausse couche. L’intervention entre 19 heures et 21 heures avait pour but d’arrêter l’hémorragie et de réaliser un lavage. Malheureusement, faute de transfusion sanguine, la patiente, qui avait déjà perdu beaucoup de sang, est décédée trois heures plus tard », a expliqué l’avocat.
Me CéCé Victor a également insisté sur la nécessité de faire comparaître les accompagnants de la victime à la prochaine audience, prévue le 30 janvier, afin de clarifier les circonstances exactes des faits.
« Nous devons défendre nos clients et établir les faits de manière précise. Pour cela, nous exigeons la comparaison des accompagnants. Ils pourront dire au tribunal s’il s’agissait d’une fausse couche nécessitant un lavage ou d’un avortement commencé à domicile et achevé à la clinique. Leur version est essentielle pour construire une défense solide », a-t-il conclu.
L’affaire est renvoyée au 30 janvier 2025 pour la comparution des témoins, et éventuellement les plaidoiries et réquisitions.
Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com