Conakry : l’avocat, maître Modibo Camara, accusé d’abus de confiance dans une affaire de 78 500 euros

Moussa Camara, victime

Après avoir passé 46 ans en Allemagne, Moussa Camara, 72 ans, rêvait d’un retour paisible en Guinée, dans une maison où il pourrait enfin profiter des fruits de son dur labeur, entouré de sa famille. Mais ce projet, qui devait être l’aboutissement d’une vie de sacrifices, s’est transformé en cauchemar. Aujourd’hui, notre compatriote accuse Me Modibo Camara, avocat à la Cour, de l’avoir escroqué la somme de 78 500 euros dans une affaire d’achat d’une concession. C’est pour dénoncer cette situation que monsieur Camara a organisé une rencontre avec la presse ce jeudi, 23 janvier 2025, à Conakry, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Tout commence en juin 2024, lorsque Moussa Camara, à la recherche d’un avocat pour l’aider à expulser des occupants de sa maison de Sonfonia, fait la connaissance de Me Modibo Camara sur les réseaux sociaux. Convaincu, il va lui confier cette mission qui va lui coûter 500 euros.

Mais, explique Moussa Camara, les choses prennent une tournure inattendue lorsqu’il envisage l’achat d’une villa à Yorokoguiya, dans la préfecture de Dubréka. L’avocat, au courant de cette opportunité, l’aurait persuadé d’écarter son démarcheur initial et de lui confier l’intégralité du projet. Confiant, Moussa Camara affirme avoir fait parvenir à maître Modibo Camara la somme de 74 000 euros pour l’acquisition de la maison et 4 500 euros supplémentaires pour les frais administratifs.

Tout semblait bien se dérouler, jusqu’à ce qu’en décembre 2024, lorsqu’il réclame les documents de propriété, il découvre avec stupéfaction que la villa a été enregistrée au nom de l’avocat. Désemparé, Moussa Camara porte l’affaire devant le tribunal de première instance de Dixinn, qui saisit aussitôt le Barreau de Guinée. Le conseil de l’ordre convoque les deux parties et les auditionne sur les faits. La décision est attendue pour le 17 février 2025.

Pour le septuagénaire, cette maison représentait bien plus qu’un simple bien immobilier. Elle devait être son refuge, le lieu où il aurait vécu ses dernières années aux côtés de ses enfants et de sa femme, restée en Allemagne. Aujourd’hui, il se retrouve dépossédé, sans sa maison de Sonfonia, sans les 78 500 euros, et surtout sans la villa de Dubréka qu’il espérait tant.

Interrogé par notre reporter, maître Modibo Camara a catégoriquement rejeté les accusations, les qualifiant de manœuvres orchestrées par l’épouse de Moussa Camara.

Me Modibo Camara, avocat

« Si ce monsieur est victime de quoi que ce soit aujourd’hui, c’est sa femme qui en est responsable. Moi, j’ai agi en toute honnêteté. Il y a bien une somme de 74 000 euros, mais elle m’a été confiée pour acheter une maison à Kobaya et non à Yorokoguiya, ainsi que du matériel agricole pour un projet. »

Me Modibo Camara réfute également avoir connu Moussa Camara via les réseaux sociaux, affirmant que c’est la fille de ce dernier, résidant en Allemagne, qui les aurait mis en contact. Selon lui, il aurait remboursé l’intégralité de la somme dès que les tensions ont commencé à émerger. « Le 1er septembre 2024, j’ai restitué la totalité du montant, en bonne et due forme, parce que son épouse prétendait avoir des terrains à vendre à Dubréka. Je n’ai rien détourné. »

Des sources proches du dossier révèlent que Me Modibo Camara serait un récidiviste, déjà impliqué dans des affaires similaires. À ce jour, il ferait même l’objet d’une suspension par le barreau de Guinée pour des pratiques douteuses.

Dans cette affaire, Moussa Camara espère être rétabli dans ses droits. Mais en attendant la décision du conseil de discipline du barreau, il ne peut que prendre son mal en patience.

Lamine Kaba pour Guineematin.com 

Tél. : 620 995 917

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