Les débats se sont poursuivis avant-hier, mardi 21 janvier 2025, dans l’affaire Mohamed Camara contre les médecins Moussa Sylla, Alpha Ousmane Kourouma et Kemoko Kourouma Mabinty au tribunal de Mafanco. Ces prévenus sont poursuivis pour « complicité d’avortement et d’homicide involontaire ». Après le passage d’Alpha Ousmane Kourouma à la barre, c’était le tour de Moussa Sylla, médecin stagiaire qui a reçu la victime M’mah Bangoura à la clinique Cames de Bonfi, de faire sa déposition devant le tribunal. Il assure que la patiente, M’mah Bangoura, avait été reçue dans un état critique. Mais toutefois, étant stagiaire, il jure que c’est son chef Alpha Ousmane Kourouma qui a agi sur la malade, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Au cours de son exposé, Moussa Sylla, étudiant en médecine, a expliqué les conditions dans lesquelles il a reçu la jeune dame M’mah Bangoura. Mais à l’en croire, celle-ci a été admise dans un état critique.
« Ce jour, j’ai reçu un appel de la part d’une dame qui me disait que la femme de son beau avait fait une fausse couche, si je pouvais venir à la maison. Je leur ai dit de l’acheminer vers le centre de santé de Matam, puisqu’ils sont proches de là-bas. Je suis resté assis à la clinique, j’ai vu un groupe de personnes venir à moto, je leur ai demandé comment ça s’était passé. La victime saignait abondamment, et elle était inconsciente. D’après les explications, elle saignait depuis quelques jours déjà. Je suis allé dans la salle de repos pour les médecins, j’ai informé le Dr Kourouma qu’une fille est venue dans un état très grave. À l’arrivée, elle avait trois pagnes tous recouverts de sang. Le troisième était attaché comme un pampers. Quand j’ai enlevé tous ces pagnes, j’ai constaté une masse au niveau du ventre. Comme une grossesse interrompue. C’est ainsi que j’ai porté une paire de gants pour d’abord nettoyer le couloir sali de sang. Ensuite, j’ai porté un deuxième gant pour nettoyer les cuisses de la malade qui étaient souillées de sang. Après avoir nettoyé, je n’ai rien fait après sur la malade. C’est mon chef (médecin Kourouma) qui a agi. C’est ainsi que Dr Kourouma a porté la paire de gants et il a appuyé le fond de l’utérus (bas ventre). Du coup, le fœtus est automatiquement sorti. Mais, elle est venue quand elle avait déjà avorté. Parce que le fœtus avait déjà commencé à sortir », a-t-il expliqué.
À la question du juge Mohamed Sangaré de savoir pourquoi, n’étant pas spécialiste en la matière, il n’a pas directement référé la malade dans un centre approprié, le prévenu a mis en avant l’état critique dans lequel il a reçu la patiente.
« L’état dans lequel elle est arrivée, quel que soit le médecin, il fallait d’abord intervenir avant de la transférer. Mais j’avais constaté qu’elle avait perdu beaucoup de sang. Ça se voyait même dans ses yeux. J’ai aussitôt prélevé son sang pour que sa famille aille chercher deux poches de sang à Donka. Quelques temps après, vu qu’ils ont pris assez de temps, moi-même j’ai pris ma moto pour aller à Donka. C’est en cours de route qu’on m’a appelé vers 23 heures », a déclaré Moussa Sylla.
Après cette narration, l’avocat de la défense a sollicité la comparution de Dr Sylla, le médecin qui a témoigné avoir signé une ordonnance préfabriquée par le prévenu. Ainsi, le juge a accédé à la requête de l’avocat, avant de renvoyer l’affaire au 23 janvier 2025 pour la suite des débats.
À noter que deux autres prévenus dans cette procédure, à savoir : Kemoko Kourouma et Mabinty Camara, sont en cavale.
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
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