Mabinty Cissé, marchande de profession, est jugée au tribunal de Dixinn pour atteinte à la vie privée, production et diffusion d’images à caractère personnel. Des infractions commises au préjudice de Mariama Bangoura, partie civile dans cette procédure. La prévenue est accusée d’avoir filmé Mariama Bangoura à son insu, dans une boîte de nuit, et d’avoir envoyé les vidéos au mari de « sa victime » qui vit en Europe. A l’audience mardi dernier, Mabinty Cissé a reconnu les faits et demandé pardon à Mariama Bangoura, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Mabinty Cissé est en détention depuis le 17 janvier 2025 à la maison centrale de Conakry. Elle est accusée d’avoir filmé Mariama Bangoura dans une boîte de nuit, à son insu. Et pire, après le filmage, elle envoie la vidéo à l’époux de Mariama Bangoura, qui réside à l’étranger.
Dans sa déposition faite à la barre, la prévenue n’a pas nié les faits articulés contre elle. « C’est le jeune frère du mari de Mariama Bangoura qui m’a demandé de la filmer et d’envoyer la vidéo à son frère. Je suis venue prendre l’image pour l’envoyer. Le monsieur qui m’a dit de le faire s’appelle Lamine ; mais, je ne le connais pas. Il n’avait rien proposé pour moi. Auparavant, je ne connaissais pas la plaignante, tout comme son mari… Je voudrais qu’elle me pardonne. Je regrette mon acte. Au moment où je le faisais, je n’avais pas mesuré l’ampleur. Je ne pensais pas que cela allait me conduire en prison. Je demande pardon, parce qu’elle souffre dans son foyer aujourd’hui. C’est par ignorance que je l’ai fait. Je demande pardon. Je regrette », a-t-elle déclaré à la barre.
De son côté, la victime Mariama Bangoura, domiciliée au quartier Yimbaya, mais qui vit à Genève (Suisse), a expliqué les circonstances dans lesquelles elle a été filmée. « J’étais avec ma copine au Night-Club Oxygène. C’est là qu’elle m’a filmée. Quand je suis venue avec elle, elle m’a dit que la place que nous occupions était réservée aux VIP. J’ai répondu que ce n’était pas un problème, surtout que nous, on ne fume pas, on ne boit pas d’alcool. J’ai demandé la boisson XL. Mais entre-temps, elle est venue avec son téléphone pour me filmer, sans que je m’en rende compte. Je me suis déplacée pour aller aux toilettes. Elle m’a suivie dans les toilettes. A la sortie, elle m’a filmée. La même nuit, elle a envoyé la vidéo à mon mari à l’étranger. Mon mari m’a envoyé un vocal en me menaçant. Il a partagé la vidéo… Aujourd’hui, c’est notre couple qui est en péril à cause de cette vidéo. Ça fait 18 ans que je me suis mariée avec lui. Mais, jamais il n’y a eu de problème entre nous. Et ce nommé Lamine n’est pas dans notre famille. Ce jour-là même, Lamine n’était pas dans la boîte Oxygène. Je voudrais bien que ce nommé Lamine comparaisse. C’est ma vie même qui est en danger. Parce que je ne sais pas qu’est-ce qu’ils ont monté contre moi », a expliqué la plaignante.
Au terme de cette déposition, l’avocat de la partie civile enchaîne : « Madame Mariama Bangoura a quitté la Suisse pour venir ici à cause de ce procès. Parce que sa vie de couple est menacée. Parce qu’elle a dit que Lamine est le petit de son mari. Sa comparution est nécessaire. La comparution de Lamine est nécessaire. Ordonner un supplément d’information », a sollicité l’avocat de la plaignante.
Pour sa part, l’avocat de la prévenue va demander au tribunal une remise en liberté de sa cliente, s’il ordonne le supplément d’information.
Après plusieurs échanges entre le conseil de la partie civile et celui de la défense autour de cette question, le tribunal a finalement décidé le maintien en détention de la prévenue tout en ordonnant l’ouverture d’un complément d’information.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com