Le prévenu Belya Morlaye Touré, vendeur de véhicules à Conakry, jugé au tribunal de Dixinn pour abus de confiance, pourrait bien se tirer d’affaire. Alors qu’il est poursuivi dans cette affaire par Ahmed Sékou Camara, communément appelé Ahmed de Paris, le procureur a demandé tout simplement de le renvoyer des fins de la poursuite pour délit non constitué. Pourtant, Ahmed de Paris, absent de cette audience, l’accuse de lui avoir vendu une voiture Range Rover « pourrie », rapporte Guineematin.com à travers un de ses reporters.
C’est une histoire qui tourne autour de l’achat d’une voiture. Ahmed de Paris accuse le prévenu d’abus de confiance. Mais, Belya Morlaye Touré nie tout en bloc.
A l’audience du 09 janvier 2025, Morlaye Touré, marié, âgé de 37 ans, vendeur de véhicules, avait expliqué l’origine du différend entre lui et Ahmed de Paris.
« Monsieur Ahmed est venu me voir pour un achat de véhicule à mon parking. Il a fait un choix, et nous sommes tombés sur un prix. Il m’a demandé s’il pouvait vérifier la voiture. Je lui ai dit oui. Il est sorti avec le véhicule et a roulé pendant des jours, avant de m’appeler pour me dire qu’il prend le véhicule de marque Toyota Land Cruiser. Pour son achat, on avait conclu 15 mille dollars US. Il m’a remis 60 millions de francs guinéens comme avance. Il m’a dit de patienter deux semaines avant qu’il me remette les 78 millions GNF. Mais, vu qu’il tardait avec le payement, il m’a proposé un troc, je lui ai dit, je ne fais pas de troc. Mais, finalement j’ai accepté parce que j’ai compris qu’il ne voulait pas payer mon argent à temps. Et pour ne pas perdre, j’ai accepté. J’ai pris la Jeep à condition que je lui donne 4 mille dollars. C’est-à-dire les 78 millions GNF qui restaient plus la Range Rover qu’il avait déjà en sa possession. Donc, j’ai cédé. Je suis devenu l’acheteur au lieu du vendeur avec monsieur Ahmed Sékou Camara, communément appelé « Ahmed de Paris ». C’est lui-même qui m’a demandé de prendre la Jeep et de lui remettre 4 milles dollars, la Range Rover et 78 000 000 GNF. Il a fait un mois et demi avec le véhicule et a attendu après la remise pour venir me dire que le véhicule avait un problème d’amortisseur. Il m’a demandé de lui donner un autre véhicule. Je lui ai dit non. Selon lui, son mécanicien lui a dit que la panne du Range rover coûtait 64 millions GNF. Je lui ai dit que c’était faux tout en lui recommandant mon mécanicien qui allait l’aider, sans payer tout ce montant. Je lui avais fait savoir qu’on ne peut pas aller avec cette voiture à l’intérieur du pays, sans qu’elle n’enregistre un problème de panne. Mais malheureusement, il est allé avec elle à l’intérieur du pays. Maintenant, il veut que je lui donne une autre voiture parce que la Range rover avait une panne d’amortisseur. Voilà d’où vient le problème. Et je vous informe que c’est sous son approbation que je lui ai payé le reste des 4 mille dollars après avoir essayé la voiture avec satisfaction », avait-il expliqué.
Face à ces propos, Ahmed de Paris avait réitéré ses accusations : « Ma Jeep, que j’ai achetée à 55 mille dollars, qui a fait 7000 km et qui est de 2024, a été échangée contre un Range Rover, 4 mille dollars et les 78 millions GNF que je lui devais. Malheureusement, j’ai constaté quelques semaines après, que la voiture Range rover n’était pas du tout bonne. Je l’ai envoyée chez un garagiste qui m’a demandé 64 millions GNF pour la réparation, avant de me faire savoir qu’elle n’était pas bonne. Je l’ai appelé pour l’informer de la situation. Mais, il m’a dit que c’était faux, de ne pas croire à mon mécanicien, affirmant qu’il s’agissait d’une voiture neuve. Il m’a recommandé son mécanicien qui, malheureusement n’était pas à Conakry à ce moment-là. Ensuite, un jour, à 21 heures 45 minutes, alors que je quittais la ville, il m’a appelé pour me dire qu’il veut qu’on se voie. Je lui ai dit que je quittais la ville. Comme il insistait, je lui ai donné ma localisation, il est venu me trouver. Et je vous informe que c’est en pleine circulation qu’il m’a fait signer un document (contrat). Comme je lui portais déjà confiance, j’ai signé le contrat sans le lire. Mais, à chaque fois que je l’appelais pour me plaindre de la voiture, sa réponse était maladroite. Donc, j’ai jugé alors nécessaire de lire le contrat, c’est ainsi que j’ai compris pourquoi il me parlait comme ça, après la signature de ce document. Je l’ai appelé pour lui faire savoir qu’il a usé de ma confiance et de ma bonté pour se jouer de moi, en me donnant une voiture pourrie. Mais à cause de ma croyance, je le laisse avec Dieu, sinon je pouvais également lui montrer de quoi j’étais capable. C’est ainsi que je lui ai dit que je ne voulais plus de sa voiture Range rover et que je la lui offre gratuitement, qu’il vienne la chercher chez moi, et que je ne veux plus avoir affaire avec lui. Vu qu’il n’est pas venu chercher la voiture, je l’ai remise à mon chauffeur, lui demandant de la ramener. Mon chauffeur m’a informé que le gardien a refusé de prendre la clé de la voiture, sur ordre de Belya Morlaye Touré. A mon tour, j’ai informé l’huissier qui m’a conseillé de ramener la voiture à la maison. Ce que j’ai fait, avant d’engager une procédure judiciaire contre lui. Sinon, je ne voulais pas qu’on en arrive là. Le fait de dire à la barre ici que je suis allé à l’intérieur pour des campagnes avec le véhicule, je tiens à vous informer ici que je ne suis allé qu’à Maferinya (Forécariah) avec la voiture et nous savons tous que cette route est bitumée. Seulement, j’ai compris que la voiture en question, quand tu roules beaucoup, elle s’incline ; et quand elle est mobile, elle reprend sa forme normale. Alors qu’il a ma Jeep qui est toute neuve avec lui sans problème. Ce contrat, je l’ai signé le 14 novembre, après avoir roulé dans le véhicule pendant 5 jours à peu près. Et j’ai porté plainte contre lui le 06 décembre 2024 pour abus de confiance ».
Dans la phase des réquisitions et plaidoiries, le représentant du ministère public a déclaré que les faits d’abus de confiance et d’escroquerie ne sont pas constitués. Il a demandé au juge de renvoyer Morlaye Belya Touré des fins de la poursuite pour délits non constitués.
Quant à l’avocat de la défense, il va abonder dans le même sens, demandant au juge de constater l’innocence de son client dans cette affaire.
Pour sa propre défense, Morlaye Belya Touré a une fois de plus clamé son innocence et dit s’en remettre à la sagesse du tribunal.
Malheureusement, Ahmed Sékou Camara et son avocat, qui devaient également plaider, ont brillé par leur absence à cette audience.
Le juge a renvoyé le dossier au 3 février pour rendre sa décision.
Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com