Le partage d’un gain de 1XBET tourne mal à Conakry : des citoyens accusent un policier d’abus et de menaces

Au cœur du quartier Béhanzin, dans la commune de Matoto, une vive polémique agite les habitants. Le Capitaine de police Naby Keita, alias Coolby, est accusé de multiples abus, d’intimidation sur des citoyens de son quartier. Selon plusieurs sources, il serait intervenu et aurait favorisé un camp dans le partage de 58 millions de francs guinéens obtenus d’un pari sportif. Il se serait même servi de son arme de service pour menacer des citoyens. Les plaintes se multiplient pour des citoyens qui ne savent plus comment se tirer des griffes du Capitaine. Ce dernier nie tout en bloc et dénonce une campagne de dénigrement à son encontre, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Ansoumane Camara, un résident du quartier, témoin direct des faits, dénonce les agissements du policier.

Ansoumane Camara, habitant du quartier Behenzin dans la commune de Matoto

« Nous alertons l’opinion nationale et internationale, ainsi que le président de la République et le gouvernement, sur une situation préoccupante dans notre quartier, précisément à Béhanzin ici, dans la commune de Matoto. En effet, un agent nommé Naby Keita, alias Coolby, capitaine de police, abuse de la population et agit en toute impunité. Hier, mon frère et ses deux amis ont gagné 58 millions de francs guinéens à la loterie 1XBET. Suite à des tensions autour du partage, nous avons porté plainte à la gendarmerie locale. Malheureusement, Naby Keita s’est mêlé de l’affaire. Il a agressé mon frère, le blessant au cou avant de porter plainte contre lui pour retourner la situation en sa faveur. Nous souhaitons alerter les autorités compétentes sur cette affaire, car nos vies sont en danger. Naby Keita mène également des activités illégales dans le quartier : il fait des cachets de toutes sortes dans son atelier et d’autres opérations douteuses. Il s’est installé avec son commerce au bord de la route, à côté de la mosquée. Ce qui est contraire aux règles établies par le gouvernement. Nous sollicitons une intervention rapide des autorités pour rétablir la loi et assurer notre sécurité. Nous voulons que Naby Keita soit convoqué devant la justice afin qu’il réponde de ses actes », a-t-il déclaré.

Salimou Keita, éducateur domicilié au quartier Behenzin dans la commune de Ratoma

Salimou Keita, éducateur, se disant victime de violences physiques de la part du mis en cause, a confirmé les accusations : « Hier, j’étais à la maison avec mon frère. Mon frère m’a demandé de l’accompagner au carrefour, à côté de la mosquée, et il m’a assuré que nous reviendrons aussitôt. C’est ainsi que nous sommes partis ensemble. Arrivés sur les lieux, le policier en personne, chez qui nous sommes allés, commence à interroger mon frère à propos de l’argent de la loterie qui fait objet de dispute. Je leur ai dit que cette affaire est désormais entre les mains de la gendarmerie et que, pour tout problème, c’est là-bas que nous devrions nous expliquer. Le policier m’a demandé de quitter les lieux. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas partir. Il a insisté. C’est ainsi que j’ai quitté pour venir m’arrêter au bord de la route. Ensuite, il m’a dit de quitter là-bas. J’ai refusé. Il est venu me donner des coups, m’étrangler et me tirer vers chez lui. J’ai résisté. Là, il a pointé une arme sur moi. Mais, j’ai encore résisté. J’ai dit à mon frère d’appeler les autres, ainsi que tout le monde. C’est ainsi qu’il a commencé à appeler le procureur et le commissariat central de G’bessia, pour leur dire de venir m’arrêter…. Face à cette situation, nous, habitants du quartier, nous demandons une sécurité renforcée. Ce policier nous agresse, nous menace, et nous ne pouvons rien faire contre lui. Il abuse de son statut de policier et de son arme pour nous intimider », a lancé Salimou Kéita.

L’affaire qui défraie la chronique concerne une somme de 58 millions de francs guinéens gagnés à la loterie par des jeunes du quartier. Ce montant, source de litiges, aurait conduit à une intervention controversée de Naby Keita.

Selon Hadja Aminata Bayo, présidente du conseil de quartier de Béhanzin, cette affaire aurait pu être résolue à l’amiable sans l’intervention musclée du policier.

Hadja Aminata Bayo, présidente du conseil de quartier de Béhanzin

« En effet, des jeunes du quartier sont venus me trouver chez moi, la nuit. Avant cela, la gendarmerie avait envoyé une convocation contre un jeune du quartier. Je leur ai dit que, avant d’envoyer une convocation, ils devaient passer par l’autorité locale que je représente, puisque le conseil de quartier doit être informé. Je ne veux pas qu’on vienne chercher des enfants de cette manière, sans m’avertir. Je défends l’intérêt de la jeunesse et de tous les citoyens du quartier. Quand ils sont venus, je leur ai dit que personne ne partirait d’ici avant que nous ne réglions la situation entre nous, car nous sommes des voisins. J’ai expliqué cela aux gendarmes qui étaient présents, et ils ont accepté. Ils m’ont dit : « Oui, maman, c’est vrai. Si vous n’arrivez pas à régler le problème, appelez-nous pour nous en informer. C’est à ce moment-là que nous interviendrons. » Ils m’ont respecté et sont repartis. Plus tard dans la nuit, vers 23 heures, des jeunes sont venus chez moi ici, pour m’expliquer la situation. Un citoyen est également venu m’informer qu’il avait donné les enfants aux gendarmes, qui allaient les emmener. Je lui ai demandé : « Où les emmènent-ils ? » Il m’a répondu que le pick-up était déjà là. J’ai répliqué : « Non, ça ne se passe pas comme ça. Je dois d’abord gérer cela à l’amiable. » J’ai demandé à la mère d’un des jeunes de récupérer l’argent et de l’amener chez moi. Les jeunes viendront ensuite récupérer leur part et l’affaire va être close. Apparemment, ils avaient joué à la loterie sur 1xBet et avaient gagné une somme de 58 millions de francs. C’est de cela qu’il s’agit. Plusieurs d’entre eux ont gagné, et il suffit de diviser la somme entre eux pour que le problème finisse. Mais ils n’avaient pas encore retiré l’argent, qui se trouvait toujours sur leur téléphone. Le délai pour le récupérer était fixé à aujourd’hui. S’ils ne le faisaient pas, ils risquaient de tout perdre », a témoigné la cheffe de quartier de Béhanzin.

Par ailleurs, Hadja Aminata Bayo regrette les tensions générées par cette affaire et appelle au calme. « Les enfants sont venus se plaindre, ils étaient très nombreux. Pendant qu’ils se plaignaient, le policier est arrivé en disant qu’on l’avait insulté, qu’on lui avait volé de l’argent, qu’on lui avait fait ceci ou cela. Je lui ai dit : tu es mon enfant, tu es un policier, calme-toi et laisse-moi gérer cette situation. J’ai insisté pour qu’il me laisse régler les choses. Malgré cela, il m’a répondu en disant : parle avec le procureur. J’ai donc parlé avec le procureur et je lui ai dit : Monsieur le procureur, ce sont mes enfants, je vais résoudre ce problème. Mais cela n’était toujours pas facile. J’ai également discuté avec un commissaire, et celui-ci m’a dit de les laisser aller à la police. Je leur ai répondu que je ne prenais pas cet engagement. Je leur ai dit clairement que je n’étais pas prêt à laisser ces enfants partir, parce que je suis avec eux et que je compte résoudre ce problème avant le lendemain. Ils ont évoqué le fait que le pick-up soit venu pour chercher les enfants, mais j’ai répondu que je ne voulais pas en entendre parler. Ils ont crié ici et tout le quartier est sorti, presque en pleine nuit, vers 23 heures. J’étais là, en train de calmer tout le monde. Ce matin, j’ai appris que le policier est allé porter plainte contre moi et qu’il m’a envoyé cette plainte. J’ai répondu que je ne l’accepterais pas, car je suis déjà en lien avec la gendarmerie. La police m’a également appelée, mais j’ai dit : Laissez-moi résoudre ce problème à l’amiable. Cependant, ils insistent : Non, non, non, il faut venir. Mais j’ai répondu que je n’irai nulle part. Pour moi, le quartier passe avant tout. Personne n’est au-dessus de la loi. Je suis en train de régler les choses de façon pacifique, car ce sont des voisins. Si vous me demandez de venir pour envoyer les enfants en prison, je ne suis pas d’accord. Si cela continue, je vais devoir informer les autorités et leur dire que vous êtes en train de me harceler ici. Et si je le fais, ce ne sera pas bon. J’attends jusqu’à cet après-midi. S’ils reviennent, mon dernier mot sera de contacter les autorités de la commune, car c’est à elles de me guider dans cette situation », a indiqué Hadja Aminata Bayo.

Toutes ces accusations sont rejetées en bloc par le Capitaine Naby Keita, alias Coolby. Il dénonce une campagne de diffamation à son encontre. « Je ne suis impliqué ni dans cette affaire d’argent, ni dans aucune activité illégale. Je n’ai fait qu’apporter mon aide pour clarifier les faits. Les accusations selon lesquelles je serais en connivence avec un procureur ou que je chercherais à manipuler cette situation sont fausses. Je travaille honnêtement, et je laisse les autorités compétentes faire leur travail ».

Il ajoute que son intervention visait uniquement à maintenir l’ordre et à empêcher que la situation dégénère.

A suivre !

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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