Il existe une forte communauté guinéenne dans la ville de Man, située à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Elle est surtout à 325 kilomètres du consulat général de la Guinée à Bouaké, chargé de couvrir les besoins de nos compatriotes en pièces d’identités et autres documents administratifs. Dans un entretien accordé au correspondant de Guineematin.com en Côte d’Ivoire, Mamadou Djouldé Barry, nouveau président des guinéens de Man, évoque les difficultés liées à l’obtention de pièces d’identités que nos compatriotes éprouvent au quotidien.
Pour dégager l’importance de se munir d’une carte d’identité à Man, Mamadou Djouldé Barry se souvient encore d’une détention que deux de ses compatriotes ont fait l’objet l’année dernière. Il revient sur les circonstances dans lesquelles ils ont été arrêtés puis libérés après moults négociations. « L’année passée, à pareil moment, c’était la Coupe d’Afrique des Nations. Et donc, il y a eu trois jeunes guinéens qui ont été raflés par la structure chargée de veiller à l’époque sur le phénomène du terrorisme. Ils n’avaient ni cartes, ni extraits, aucun identifiant sur eux. Et la consigne était que toute personne appréhendée sans identifiants est considérée comme hors-la-loi. Ils ont donc été conduits à la gendarmerie où ils ont séjourné jusqu’à 11 jours. Il nous a fallu faire leurs extraits de naissance. Sans quoi, ils n’allaient pas être libres tout de suite », explique M. Barry.
Dans la libre circulation des personnes et de leurs biens, l’identifiant joue un rôle crucial. C’est pourquoi, le bureau avait notifié au consulat général sis à Bouaké d’organiser une séance d’enrôlement à Man. A cet effet, un recensement est fait. Mais, depuis six (6) mois, après son accord, les compatriotes attendent toujours. « L’obtention des pièces d’identité constitue une difficulté majeure pour nous ici. Pas plus longtemps que la semaine dernière, nous étions à Bouaké pour répondre à l’invitation du consulat. Les cartes étant biométriques maintenant, il faut la présence physique de la personne intéressée. Donc, les machines ne sont pas disponibles. Nous avons une centaine de dossiers en stock ici. Nous attendons l’arrivée de la machine. Mais vu que la machine n’est pas pour la Guinée, qu’ils la louent à des particuliers, c’est parfois compliqué. Ils nous ont donc dit d’attendre et nous sommes dans l’attente. A travers nos groupes WhatsApp, on a lancé l’appel, tous ceux qui désirent se faire une carte ont fait un dépôt de dossier, une centaine. Avec le montant, on a fait appel au consulat. C’est comme ça qu’on procède », a-t-il fait savoir.
Le bureau des guinéens de Man, composé de 22 membres, fonctionne grâce aux cotisations versées par les membres. « Une carte consulaire coûte officiellement 7 000 F CFA. Mais, pour la prise en charge du bureau, y compris le loyer du local, ici à Man, chaque compatriote désireux d’une carte paie unanimement 9 000 F CFA. On y prend 2 000 pour le bureau et le reste du montant est versé au consulat. Et tenez-vous bien, la validité d’une carte est de 5 ans. Si pendant 5 ans les compatriotes ne font aucun geste pour le bureau alors qu’on paie le loyer, l’année prochaine, ils ne vont pas nous trouver ici. Et puis, je rappelle qu’on est à 325 km du consulat. Donc, s’il faut payer aller-retour et le prix de la carte. C’est plus cher que les 2 000 F CFA », affirme-t-il.
Face aux besoins pressants et la pression de ses compatriotes qui ont effectué le dépôt des dossiers sans suite, Mamadou Djouldé Barry demande au consulat de régulariser leur cas. Car, argue-t-il, c’est la crédibilité du bureau qui est en jeu.
Depuis Abidjan, Mamadou Malal Baldé pour Guineematin.com