Conakry : en colère, des femmes déversent des ordures sur la chaussée à Nongo Taady

Tôt ce matin, vendredi 31 janvier 2025, plusieurs femmes ont envahi les rues de Nongo Taady, dans la commune de Lambanyi, pour protester contre le retrait des bacs à ordures. Elles ont investi les rues dès 4 heures du matin, déposant des ordures sur la voie publique en signe de protestation, après avoir tenté sans succès de récupérer les bacs à ordures retirés par les autorités locales qui demandent aux citoyens de s’abonner au PME. Selon ces manifestantes, les PME ne viennent pas dans les ménages pour récupérer les ordures, a appris sur place Guineematin.com à travers ses reporters.

M’Mawa Sylla, manifestante, a expliqué que la décision de retirer les bacs à ordures n’avait pas été précédée d’un avertissement.

M’Mawa Sylla, manifestante

« Il y a 6 jours, ils ont enlevé les poubelles. Nous avons bloqué la route parce que, en commençant par la commune de Ratoma, c’est seulement à Nongo où il n’y a pas de poubelles. À Kaporo, Lambanyi, il y a des poubelles. Mais ici, ils ont enlevé les nôtres. Nous avons tenté de les récupérer trois fois. Alors, nous aussi, nous sommes sorties à 4 heures du matin et avons mis les ordures sur la route pour qu’ils nous renvoient nos poubelles. Parce que nous ne pouvons pas nous abonner, nous avons des enfants. Si les poubelles ne sont pas là, nous allons mettre les ordures sur la route. Les forces de l’ordre sont venues et nous ont lancé des gaz lacrymogènes. Le maire a dit qu’on allait s’abonner, mais ils ne nous ont pas avertis. Ils sont venus tout d’un coup nous dire qu’il fallait nous abonner. Quand nous allons à Kaporo, on nous dit qu’on ne peut pas mettre les ordures là-bas. C’est pourquoi nous avons décidé de les mettre sur la route aussi. Ils n’ont rien envoyé pour que nous nous abonnions. Le maire ne fait pas son travail », accuse-t-elle.

Mariam Bangoura, manifestante, affirme que la promesse de la mairie pour la mise en place d’un système d’abonnement n’a pas été suivi. Selon elle, les PME ne viennent pas chercher les ordures bien que les ménages se soient abonnés.

Mariam Bangoura, manifestante

« Nous sommes sorties à cause des ordures. Ils ont pris nos poubelles et nous ont dit qu’on devait nous abonner. Nous avons les papiers chez nous. Nous nous sommes abonnés, mais ils ne viennent pas chercher les ordures. Est-ce qu’on peut vivre avec des ordures ? Le maire de la commune ne fait pas son travail. Pourquoi ont-ils pris nos poubelles alors qu’ils ne viennent pas les ramasser ? Si nous allons à Kaporo pour déposer les ordures, ils arrêtent nos enfants et nous les font revenir. Si tu regardes une vraie personne, c’est d’abord la propreté. On ne peut pas vivre avec des ordures. Tous les autres quartiers ont leurs poubelles, c’est seulement la commune de Lambanyi qui n’en a pas. Nous, on n’est pas des citoyens ? On nous a dit de nous abonner à 30 000 GNF, puis de payer 50 000 GNF à la fin du mois. On s’est abonné mais ils ne viennent pas prendre les ordures. Cela fait deux semaines qu’ils ne sont pas venus. Nous demandons aux autorités de nous aider. Nous, à Nongo, nous ne connaissons pas les manifestations, nous n’acceptons pas la grève. Il faut dire au maire de ramener nos poubelles. Nous avons accepté de nous abonner, car nous sommes des citoyens. Le maire a dit que ce n’était pas nous qu’il voulait, mais nos hommes… »

Pour sa part, N’fafa Bira Manè, président de la délégation spéciale de Lambanyi, a insisté sur le fait que la commune avait organisé plusieurs réunions pour sensibiliser les habitants de Nongo sur l’importance de s’abonner aux PME de ramassage des ordures. Selon lui, le retrait des poubelles avait été effectué pour inciter les citoyens à s’abonner à un service de gestion des déchets, mais la situation semble être mal comprise.

N’fafa Bira Manè, président de la délégation spéciale de Lambanyi

« Elles sont dans leur droit de manifester, tout Guinéen a le droit de manifester pour exprimer son accord ou son désaccord face à une décision de l’autorité locale ou de l’État. Mais ce qui se passe ici, c’est que Lambanyi compte 14 quartiers, et dans ces 14 quartiers, nous considérons qu’il y a un soulagement. Si un seul quartier manifeste, on peut dire Dieu merci. Nous avons demandé, après trois réunions, que les citoyens de Nongo acceptent de s’abonner. Nous avons convoqué la PME, le conseil de quartier, et nous leur avons expliqué la nécessité de s’organiser pour contractualiser. La commune ne prendra qu’un seul témoignage sur les accords qui seront scellés entre les deux parties. Hier matin, une dizaine de femmes sont venues déposer les ordures sur le terrain rouge. Nous les avons convoquées pour leur demander ce qui n’allait pas. Elles ont répondu que ce n’était pas elles, mais leurs copines. Après avoir compris, à travers la sensibilisation, qu’elles devaient expliquer la situation à leurs copines, ce matin, ce sont les femmes de tout un secteur qui sont venues déverser des ordures sur la route, laissant les poubelles vides. Nous leur avons dit que le principe pollueur-payeur s’applique. Il est difficile de comprendre que les citoyens ramassent leurs ordures et viennent les déposer sur la route. Ce n’est pas la bonne démarche. Chacun doit assainir son environnement. Je sais qu’il y a des mains noires derrière cela, mais nous ne nous fatiguons pas. J’ai invité le chef de quartier, devant le commissaire central, pour qu’il convie les femmes à une rencontre à la maison des jeunes pour expliquer la situation. L’abonnement à Lambanyi se payait entre 60 000 et 70 000 GNF par mois. Mais, nous avons demandé à la PME de réduire ce montant à 20 000 GNF. Ce qui est un partenariat gagnant-gagnant. Hier, nous avons eu une discussion avec les femmes et, si aujourd’hui les mêmes choses se répètent, c’est qu’elles croyaient que c’était l’État qui avait l’obligation de ramasser les ordures. Nous leur avons expliqué que chaque citoyen doit s’organiser pour s’abonner et gérer ses ordures via une PME, que la commune a la charge de recruter en leur faveur », a expliqué N’fafa Bira Manè.

Ismael Diallo et Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél : 621 89 21 44

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