Pas d’élections en Guinée en 2025 ? Elhadj Biro Soumah (PPC) répond à Ousmane Gaoual Diallo

Elhadj Aboubacar Biro Soumah, président du Parti pour le Progrès et le Changement (PPC)

Alors que le Général Mamadi Doumbouya avait annoncé l’année 2025 comme année électorale, le porte-parole du gouvernement a douché l’enthousiasme de certains acteurs politiques. Ousmane Gaoual Diallo a laissé entendre ce mercredi que toutes les élections n’auraient pas lieu cette année. Pour Elhadj Aboubacar Biro Soumah, président du Parti pour le Progrès et le Changement (PPC), cette « cacophonie » est source d’inquiétudes pour un régime qui pense ainsi tromper le peuple. Dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters ce vendredi, 31 janvier 2025, il a dénoncé les promesses jamais respectées par les autorités de la transition.

D’entrée, Elhadj Aboubacar Biro Soumah a rappelé les nombreux engagements jamais respectées par les autorités de la transition. « J’ai été l’un des leaders qui a réagi à peine après le discours pour dire que je ne suis pas rassuré. Compte tenu des engagements qui ont été pris, vous savez, on analyse chaque sortie et chaque pas qu’on pose. En 2021, il y avait des engagements. Des engagements qui n’ont jamais été respectés en 2022. En 2022, le 31 décembre, il y a eu des engagements qui n’ont jamais été respectés en 2023. En 2023, le 31 décembre, il y a eu des engagements qui n’ont jamais été respectés en 2024. Donc, tout ceci nous a permis d’analyser et de dire que nous ne sommes pas rassurés. En tenant compte de plusieurs facteurs, il y a d’abord le cadre de dialogue qui a été mis en place, qui n’a pas été sincère et qui a été piétiné. Il y a aussi l’accord qui a été signé entre la junte militaire et la CEDEAO, qui n’a jamais été mis en application. Mais il y a aussi des engagements pris solennellement devant le peuple de Guinée et devant l’opinion internationale. Rien n’a été respecté. Donc, on pense qu’on est en train de tromper le peuple de Guinée. Il y a un adage qui dit qu’on peut tromper une partie du peuple une partie du temps ; mais, on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. Donc, aujourd’hui, quand j’ai écouté Ousmane Gaoual, j’ai dit que vraiment j’avais raison. Ousmane Gaoual m’a donné raison pour dire qu’il ne doit pas y avoir d’élections. Parce que c’était un discours qui ne rassurait pas le 31 décembre dernier. Parce qu’il n’y a pas eu de chronogramme. Rien n’était préparé. C’était un discours simplement pour amuser la galerie et essayer encore de rassurer les Guinéens. En tenant compte du fait que 65 % des Guinéens ne savent ni lire ni écrire. Il faut dire, comme Alpha Condé l’a toujours dit ici, que quand le mensonge est gros, les Guinéens croient. Et c’est ce qui est en train de se passer actuellement. Rien n’est concret, tout va dans l’abstrait. Il faut toujours continuer à tromper le peuple, à dire des choses pour leur permettre de mettre du sucre dans leurs oreilles, mais ce n’est pas une réalité. Et un jour, le peuple va dire : « Arrêtez, il y a trop de mensonges. » Le mensonge ne pourra pas faire fonctionner un État », a déclaré le leader du PPC.

Par ailleurs, Elhadj Biro Soumah s’en est pris au Recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC), devant aboutir à la confection du fichier électoral. « Si vous prenez le PN-RAVEC, sur le terrain, vous allez comprendre que rien ne peut passer. Bah Oury (le Premier ministre, ndlr) a dit dans une des émissions qu’ils vont tirer le fichier électoral du RAVEC. Regardez très bien comment ça fonctionne sur le terrain, les agents qui sont déployés dans le cadre du recensement de la population. Le RAVEC, c’est très bien, parce que cela permet d’identifier chaque Guinéen et de lui attribuer un numéro unique, c’est normal. Mais est-ce que le RAVEC nous permet même d’organiser des élections référendaires en 2025 ? C’est pratiquement impossible. Nous sommes dans les quartiers, et on voit comment les choses évoluent. C’est très difficile d’organiser des élections parce qu’il n’y a pas de volonté politique, il n’y a pas de respect des engagements », a martelé le leader du PPC.

En outre, Aboubacar Biro Soumah a abordé la position de la CEDEAO et de la communauté internationale, qu’il  qualifie de « faibles » et de « manipulables ». Selon lui, les institutions internationales, autrefois garantes de stabilité en Afrique de l’Ouest, ne jouent plus leur rôle efficacement. « J’ai appris, avec Ousmane Gaoual, qu’il dit que le rapport des Nations Unies, c’est un chiffon. C’est une nuisance pour la communauté internationale. Mais comme cette communauté internationale est devenue une forme de marchandise qui ne cherche que son intérêt, elle ne garantit plus, comme avant, la liberté individuelle et collective, ce qui fait qu’aujourd’hui, les gens ne les croient plus. Quand ils font des rapports, les gens sortent pour les insulter, parce qu’ils savent que la communauté internationale est devenue, elle aussi, corrompue. Regardez aujourd’hui la faiblesse de la CEDEAO. Quand vous prenez la CEDEAO d’alors, au temps de Conté, où il y avait l’ECOMOG, on ne pouvait pas faire ce que l’on est en train de faire actuellement. Parce qu’il y avait des dirigeants de la CEDEAO, quand ils disaient A, c’était A, et ils ne revenaient jamais sur leurs décisions. Il y a eu des coups d’État qui ont été réprimés. En Sierra Leone, il y avait un coup d’État, la CEDEAO a pris la décision. Ils ont fait retourner Tejan Kaba dans ses fonctions. Il y a eu le cas de la Gambie, et cela a été fait. Donc aujourd’hui, nous pensons que les institutions, que ce soit régionales ou internationales, sont devenues manipulables. Ce sont des institutions qui ne répondent plus aux principes universels… Et aujourd’hui, tout le peuple est en train de souffrir du manque d’institutions efficaces dans les différents pays. Et c’est ce que nous ressentons aujourd’hui en Guinée. Parce que les Guinéens n’ont pas d’issue. Comment faut-il vivre avec la souffrance et le mensonge ? Et rien n’est clair. Donc si Ousmane Gaoual sort pour dire encore qu’ils ne pourront pas tenir toutes les élections de cette année, je pense que, je ne crois même pas que l’on puisse tenir le référendum cette année, compte tenu de la situation précaire des institutions de la République. Compte tenu du fait que nous n’avons pas un fichier électoral fiable, et que nous n’avons pas l’organe de gestion des élections. Rien n’est préparé », déplore le président du PPC.

Ismael Diallo pour Guineematin.com 

Tél: 624 69 33 33

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