Le procès de Mamadou Bobo Baldé, accusé de destruction d’édifices et de menaces de mort contre ses frères, Ousmane Baldé et Mamadou Gallé Baldé, s’est ouvert au tribunal de Dixinn. A l’audience du mercredi, 29 janvier 2025, le prévenu reconnaît avoir détruit la toiture de la maison de leur papa, mais nie toute menace de mort. Ses frères maintiennent leurs accusations, pour des faits qui se sont passés à Kankalabé, dans la préfecture de Dalaba. Le juge a déjà ordonné au prévenu de s’éloigner de ses frères au regard du « danger » qu’il représenterait, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Qu’est-ce qui s’est passé dans cette affaire ? Il s’agit d’une maison qui se trouve à Kankalabé, dans la préfecture de Dalaba. Elle oppose trois frères de même père, mais de mères différentes. Mamadou Bobo Baldé estime que la maison est construite sur la parcelle de sa maman. Aujourd’hui, il est accusé de menaces de mort contre ses frères Ousmane Baldé et Mamadou Gallé Baldé.
A la barre, Mamadou Bobo Baldé, agriculteur à Kankalabé, prévenu non détenu, dit n’avoir pas menacé de mort ses frères. Mais, dans un accès de colère, il affirme avoir insulté Mamadou Gallé Baldé. Il reconnaît également avoir détruit le toit de la maison, mais assure avoir réparé les dégâts. « Je reconnais avoir détruit la maison, mais je n’ai pas proféré de menaces. Ousmane Baldé et Mamadou Gallé, nous sommes de même père. Notre père a trois parcelles, et entre ces parcelles, il y a 100 mètres. Mon papa a donné une parcelle à ma maman. Ensuite, il a donné une autre parcelle à la maman de Mamadou Gallé. Cela s’est passé en 1981. Je vendais des cigarettes à Madina, et Mamadou Gallé, je l’ai hébergé ici et lui ai donné des cigarettes pour aller vendre en 1982. Nous avons continué à vendre. Ils ont ensuite ramené leur mère à Conakry. Il a construit une maison sur la parcelle de ma maman, puisque moi, maintenant, je ne suis pas au village. Ils m’ont envoyé à la gendarmerie de Kankalabé. Le 14 décembre, Mamadou Gando m’a appelé, j’étais au village et lui à Conakry. Je n’ai rien abîmé dernièrement, je l’ai juste insulté, je ne l’ai pas menacé de mort. Ce sont seulement les toits que j’avais détruits et ça, c’est l’année dernière. J’avais réparé la maison depuis. Nous ne nous adressons même plus la parole. Je regrette, car c’est ma famille. Je n’ai pas de fusil, je n’ai pas l’intention de le tuer. C’est moi qui les ai envoyés ici, je les ai suppliés à Conakry et même au village de quitter la maison, mais ils n’ont pas voulu. Si j’avais un fusil, je n’allais pas utiliser la machette pour aller détruire les toits », a-t-il dit.
Des propos démentis par Ousmane Baldé, résidant à Kankalabé. « C’est mon jeune frère. Je me suis plaint contre lui. Mon petit frère est allé à la Cimenterie. A ce moment, mon frère était à la cimenterie et il a été chargé de me dire de ne pas retrouver au village, surtout là où se trouve la maison. Heureusement, mon frère n’a pas transmis l’information. Le lendemain, je suis allé chez lui à la Cimenterie, je suis passé le saluer. Il m’a dit de m’asseoir, et il m’a dit qu’il avait déjà chargé à mon petit frère de ne pas aller à Kankalabé, là où se trouve la maison. J’ai dit ‘’Dieu merci, si c’est lui qui va me tuer, je vais m’en remettre à Dieu, je vais partir’’. Après un mois, lui aussi est allé, on est resté à l’approche du Ramadan. J’ai pris un colis pour envoyer à mon beau-frère à Labé, je suis parti à la mosquée. En descendant l’escalier, il m’a demandé s’il pouvait me voir. Lorsqu’on est arrivé à la maison, il m’a pris au collet. Les femmes sont rentrées et nous ont séparés. Elles nous ont éloignés. Un proche est venu se renseigner pour savoir ce qui s’était passé entre nous. Il m’a demandé de pardonner. Ce que j’ai fait. Il a pris un fusil et l’a montré aux femmes, disant qu’il allait me tuer partout où il me verrait. Le premier imam m’a envoyé à un endroit éloigné, et quand il ne m’a pas vu, il est monté sur les toits et a détruit le toit avec une machette. Ensuite, je suis allé me plaindre auprès des autorités. J’avais mis un panneau solaire, qu’il a détruit. Comme c’était la saison des pluies, l’eau est entrée pour abîmer beaucoup de choses. La maison a été réparée n’importe comment. Comme il y a eu menace de mort, c’est pourquoi je suis ici, devant la justice », a narré Ousmane Baldé, grand-frère du prévenu.
Mamadou Gallé Baldé, commerçant, a quant à lui, déclaré avoir dû quitter son domicile par crainte pour sa sécurité. Il dit avoir enregistré des conversations audio, où son frère proférait des menaces. « C’est à la fin de l’année 2022 que je suis passé le saluer à la Cimenterie parce qu’on s’entendait bien. Il m’a dit qu’il allait me charger d’une commission chez mon frère. Il m’a dit, ‘’vous avez manigancé pour construire là-bas’’. Je lui ai répondu que la maison ne m’appartenait pas, qu’elle appartenait à notre papa. C’est notre père qui a tracé le terrain. Mon papa est resté dans cette maison pendant près de 17 ans. Je lui ai dit que je ne pouvais pas transmettre ça. Malgré tout, nous étions en accord. Je suis là, mais je regrette. J’ai quitté le pays en 2023 et j’ai appris qu’il avait détruit la maison. Je lui ai dit qu’il avait détruit sa propre maison. Lorsque je suis revenu, il m’a appelé le 12 et le 14. Il m’a appelé et m’a menacé. J’ai enregistré nos conversations. Vous pouvez faire écouter l’audio à quelqu’un qui comprend bien le Poular. Actuellement, je n’ose pas rester chez moi, j’ai déménagé là où j’étais à Wanindara pour aller me cacher. Il a toujours été comme ça. Sa maman n’a pas de domaine ni la mienne. Pour notre sécurité, je veux que le fusil soit retrouvé », a-t-il indiqué.
Le ministère public, prenant ces menaces au sérieux, a demandé un renvoi pour vérifier auprès de la gendarmerie de Dalaba si le fusil mentionné avait été saisi. Le cas échéant, il a précisé que l’arme devrait être mise sous scellé. Si la saisie du fusil est confirmée, cela constituerait une preuve de la menace de mort, un point crucial dans cette affaire.
Finalement, le président du tribunal, Aboubacar THIAM, a ordonné à Mamadou Bobo Baldé de s’éloigner de ses frères avant de renvoyer l’affaire au 3 février 2025 pour la suite des débats.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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