Notre compatriote Jean Loua a quitté son Samoé natal, dans la préfecture de N’Zérékoré, depuis 1974 pour poser ses valises à Man, à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Pour avoir vécu une cinquantaine d’années dans la région, il a été témoin de plusieurs cas difficiles concernant les ressortissants de la Guinée forestière qu’il a eu l’amabilité de servir à un moment donné quand il était à la tête de la communauté. Dans un entretien accordé au correspondant de Guineematin.com en Côte d’Ivoire, monsieur Loua a apporté un témoignage sur son rôle pour la communauté.
Située à une centaine de kilomètres de la frontière entre la Côte d’Ivoire et la Guinée, Man est l’une des villes environnantes où vit une forte concentration des guinéens. De façon continue, ils viennent en grand nombre de N’Zérékoré, parfois sans aucun parent pour les accueillir. « Ils sont nombreux ceux-là qui, d’indication en indication, viennent chez moi pour chercher de l’aide. Ils quittent souvent en Forêt. Et la majorité viennent pour me demander du transport, d’autres évoquent des problèmes de logement. Ces derniers sont souvent ceux qui viennent d’arriver dans la région et qui n’ont aucun parent ici pour les accueillir. Parmi eux, il y’en a qui sont même obligés d’élire domicile à la gare ou au marché. A l’époque, quand j’étais président des ressortissants guinéens de la Forêt à Man, je m’occupais personnellement d’eux. Mais actuellement, je ne peux pas faire grand-chose avec les moyens qui sont un peu limités », a expliqué monsieur Loua.
Dans une ville qui devient de plus en plus chère, Jean Loua ne manque pas de volonté de secourir ; mais nul n’est tenu, face à l’impossible, dit-on. « Avant, la vie de Man était très supportable. Avec 25 Francs CFA, tu peux manger à ta faim. Mais maintenant, ce sont les 25 francs même qu’on ne voit plus. Et pendant que ta famille et toi vous dormez dans une même pièce, vous voyez quelqu’un venir demander de l’aider à avoir un logement. C’est impossible ça. La dernière fois, un jeune m’a confié avoir passé 3 jours à la gare. Je ne pouvais rien faire. J’avais un billet de 1 000 F CFA, je le lui ai remis pour qu’il trouve au moins à manger. Les cas ne finissent pas », a-t-il laissé entendre.
Pour avoir vécu depuis 1974 à Man, Jean Loua n’a qu’une seule ambition actuellement. Celle de rentrer définitivement en Guinée, sa terre natale. Mais, ce souhait tarde à se concrétiser faute de moyens financiers.
De retour de Man, Mamadou Malal Baldé pour Guineematin.com
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