Souleymane Bangoura et Aïcha Conté ont comparu devant le tribunal de Mafanco, jeudi 30 janvier 2025. Ils sont jugés pour escroquerie portant sur une somme de 700 millions de francs guinéens au préjudice de Mohamed Lamine Daffé qu’ils ont convaincu de s’engager dans une affaire d’achat et de vente de poissons. L’affaire finit par mal tourner, poussant Mohamed Lamine Daffé à porter plainte. A l’audience de ce jeudi, les deux camps ont eu l’occasion de s’expliquer dans cette affaire, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Dans ses explications, Mohamed Lamine Daffé affirme avoir remis 500 millions de francs guinéens au couple pour l’achat de poissons, avec l’assurance d’un retour rapide sur investissement rapide. Ensuite, il indique avoir effectué un second versement de 200 millions pour faciliter la sortie d’un bateau, qu’il a ensuite découvert inexistant. « Les montants s’élèvent à 700 millions, et je n’ai rien été payé. J’ai été informé que c’était la dame qui devait revendre les poissons. Après les faits, j’ai constaté qu’il n’y avait pas eu l’existence du bateau. J’ai donné les 200 millions pour le deuxième bateau. Je me suis rendu compte que c’était de l’escroquerie. Je n’ai pas vu le bateau, il y a un reçu pour les 200 millions. Le premier versement des 500 millions, je l’ai effectué en ville, et il y avait un reçu, mais il est resté avec la dame, car elle devait le présenter aux services de vente des poissons. Les 500 millions ont bien été versés. Souleymane et sa femme, je n’ai pas reçu de profit. En trois mois, j’ai investi 500 millions, ils m’ont dit que les poissons étaient donnés à des gens qui devraient me rembourser. Ils m’ont dit qu’il fallait verser les 200 millions pour faciliter la sortie du bateau. Monsieur Bangoura, c’est lui qui m’a contacté pour cette affaire de poisson, il m’a dit qu’il cherchait des bailleurs de fonds. Je lui ai fait savoir que je n’avais pas d’argent, mais il n’a pas réagi pendant un moment. Nous ne nous sommes pas partagés le profit. Ils m’ont dit qu’après une semaine, j’aurais un montant de 40 à 50 millions. J’ai remis 700 millions, et je n’ai rien perçu en retour. S’il y a eu une affaire, on peut parler de perte, mais il n’y a pas eu de business, juste de l’escroquerie. Il n’y a eu aucun document pour prouver les difficultés. Je n’ai eu aucune preuve que cette affaire ait existé. J’ai donné le deuxième montant pour espérer récupérer mon argent. La dame m’a dit qu’elle avait reçu des cartons, mais je n’ai eu aucune preuve que les poissons ont été livrés. Sans l’existence du deuxième bateau, je n’aurais pas donné l’argent. C’est un milieu que je ne maîtrise pas, et c’est après que j’ai compris qu’on me trompait », a expliqué Mohamed Lamine Daffé, partie civile dans ce dossier.
Prenant la parole, l’avocat des prévenus a demandé le transfert du dossier au tribunal du commerce. Selon lui, il y a des caractères commerciaux dans l’affaire, et donc le tribunal correctionnel devrait se déclarer incompétent.
Le ministère public a de son côté indiqué que cette exception ne peut être admise, précisant qu’il ne voit aucun caractère commercial, au vu des pièces déposées, et qu’une infraction a bel et bien été commise.
Abondant dans le même sens que le représentant du ministère public, l’avocat de la partie civile a répliqué ceci : « le caractère correctionnel est là, il n’y a rien de commercial ».
Finalement, le président du tribunal, Mohamed Sangaré, a rejeté la demande de transfert du dossier au tribunal du commerce et ordonné l’ouverture des débats.
Aïcha Conté, vendeuse de poissons, domiciliée à Manéah, a expliqué ce qui s’est passé dans cette affaire. « Un jour, on était en train de faire nos documents, et il (la partie civile, ndlr) a appelé mon mari. Il lui a dit qu’il avait une somme de 1 milliard, mais qu’il ne savait pas comment l’utiliser. Après, nous avons programmé une rencontre. Je lui ai dit que si on finançait le bateau, cela ferait 1 milliard 500 millions. Il a dit qu’il n’avait pas cette somme et qu’on pouvait commencer avec 500 millions. Il m’a demandé quel intérêt il allait avoir, et j’ai répondu entre 20 et 30 millions GNF. Il a dit que l’affaire était intéressante. On s’est rencontrés à la Société Générale pour retirer l’argent, et je l’ai présenté à une proche qui est vendeuse de poissons. Ils ont fait connaissance. Après la sortie de l’argent, on nous a donné un reçu, et on a fait un reçu qu’on a donné à Daffé. À ce moment, c’était une période de repos biologique. À l’ouverture, on a reçu 1500 cartons. Son petit frère est venu, on a compté les cartons, et j’ai dit que ces poissons étaient trop petits et qu’on ne pourrait pas les revendre à Conakry. J’ai revendu avec Mariama Soumah, qui est venue voir les poissons, et leur valeur était de 400 millions. J’ai dit que le mardi, j’allais envoyer la moitié. J’ai donné la facture au petit frère de Daffé. Ce jour-là, j’ai envoyé 100 millions, dont 10 millions à mon patron. J’ai envoyé l’intérêt pour encourager. J’ai envoyé 800 cartons, mais 700 sont revenus, car les poissons étaient pourris. On ne savait pas que les poissons étaient pourris parce qu’ils étaient glacés. L’intérêt est parti, et j’ai envoyé 10 millions 4 fois. Comme c’était la première fois, on s’est dit qu’on allait se concentrer et encourager le patron. On est allé voir le patron pour lui dire que l’argent était perdu, mais il a dit que c’était son ami et qu’il ne pouvait rien faire. On est resté, puis il a porté plainte », a-t-elle expliqué.
Le tribunal a renvoyé le dossier au 19 février 2025 pour la suite des débats.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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