Avortement et homicide involontaire à Conakry : le témoignage poignant du médecin Aboubacar Sylla

L’affaire impliquant Moussa Sylla, Kemoko Kourouma, Mabinty Camara et Alpha Ousmane Kourouma, accusés de complicité d’avortement illégal et d’homicide involontaire, a connu un nouveau témoignage jeudi dernier, au tribunal de Mafanco. Aboubacar Sylla, médecin et deuxième responsable à la clinique Cames au moment des faits, a été entendu à titre d’information. A cette audience, il a apporté des précisions sur les événements ayant conduit au décès de la jeune élève de 18 ans, M’mawa Bangoura à la clinique Cames, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Appelé à la barre, Aboubacar Sylla a expliqué avoir trouvé la patiente dans un état inquiétant. Il a précisé que la jeune femme avait été soignée par une stagiaire, Djaka Sylla, qui lui avait administré des produits contre la douleur et effectué un lavement. Selon lui L’hémorragie a été identifiée comme la cause principale du décès, la patiente n’ayant pas bénéficié d’une transfusion sanguine malgré sa grave anémie. « Ce jour-là, je me suis rendu là-bas. Je ne suis pas inscrit à l’ordre, mais j’ai soutenu. Je suis allé à 22h30, comme d’habitude les soirs, avant de rentrer chez moi. Je passe à Cames parce que je fais d’autres activités aussi. J’ai trouvé la dame dans le lit, ce qui a attiré mon attention. Je me suis renseigné. À 23h, j’ai quitté. C’est la stagiaire qui administrait des soins, elle s’appelle Djaka Sylla. C’est moi qui ai demandé. Elle m’a dit qu’elle lui avait administré des produits contre la douleur. En terme Soussou, elle a dit qu’elle avait fait un lavement. C’est Sangaré qui était de garde ce jour-là. Je n’avais pas d’information, il m’a dit de m’adresser à Moussa. Je n’ai pas eu suffisamment d’informations, elle n’a pas été enregistrée. D’abord, j’ai examiné la dame pour connaître son état. J’ai appelé Moussa pour lui dire de venir. J’ai constaté que la dame n’avait pas suffisamment de sang. Je n’ai pas appelé le médecin-chef parce qu’il ne répondait pas au téléphone. Il fallait rechercher les parents et voir s’il y avait lieu de la référer. J’ai laissé M’mawa Bangoura pour aller à l’aéroport, je l’ai laissée là-bas. J’ai fait un effort pour réunir le médecin responsable et les parents. Je n’avais pas les moyens, c’est le médecin-chef qui fait la référence. Le rapport médical, c’est moi qui l’ai écrit au brouillon, le médecin-chef, docteur Keira, a demandé de le faire pour l’inhumation de la jeune dame. On m’a dit qu’elle était décédée aux alentours de minuit. C’est l’élève stagiaire qui m’a appelé, c’était pour la révision utérine. Le lavement s’opère après interruption de la grossesse, si le fœtus est mort, il faut le faire sortir. Ça dépend de l’âge, on peut se servir de l’aspirateur. Ce qui était prioritaire, c’était la transmission. Le travail clinique a été bien fait, la dame était restée 24h en train de saigner avant de venir. Donc, c’était le problème. La cause du décès, c’est l’hémorragie. La malade est venue sur pied. La révision utérine a été bien faite. Elle ne pouvait pas être référée sans répondant. Elle devait être reçue, stabilisée et puis référée. Moussa est très connu là-bas, et à ma connaissance, il ne soigne pas de malades. Cames, avant tout, c’est un centre humanitaire, et Moussa est un étudiant stagiaire en situation de classe. Le médecin légiste n’était pas présent à 22h, lorsque je me suis renseigné. La dame est morte parce qu’elle n’a pas bénéficié d’une poche de sang. Elle avait 18 ans et était élève. C’est docteur Keira qui aurait dû le faire. Mais pour tout ce qui concerne les documents relatifs à M’awa Bangoura, docteur Keira est au courant. Il y a des circonstances dans lesquelles on nous amène des patients. Lorsque les deux motos l’ont amenée, Moussa a dit : « Si on ne la prend pas en charge, est-ce que ceux qui sont venus vont revenir ? » Référer un patient sans les parents, ça ne se fait dans aucune structure. Elle avait déjà une anémie sévère avant son arrivée. Elle est venue, et il y avait déjà un avortement, qui pouvait être spontané ou provoqué. Dans les exceptions, dans les structures privées, ce sont les parents qui cherchent le sang », a-t-il dit.

De son côté, Moussa Sylla, principal accusé dans l’affaire, a indiqué que c’est à Aboubacar Sylla il a donné toutes les informations pour le rapport concernant la situation de M’mawa Bangoura jusqu’à son décès. « C’est Docteur Sylla qui nous a informés de faire le rapport. Je l’ai trouvé au bureau avec les papiers rame. Je lui ai expliqué la venue jusqu’au décès, mais malgré cela, il prenait un brouillon. Je ne sais pas si c’est ce jour-là qu’il a déposé le rapport. Ce que j’ai vu, c’est que je l’ai vu dans le bureau du docteur Keira, mais je ne sais pas. »

Finalement,  le président du tribunal a renvoyé l’affaire au 6 février 2025 pour les réquisitions et plaidoiries.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tél: 624 69 33 33

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