Deux mois jour pour jour après l’enlèvement du journaliste Habib Marouane Camara, fondateur du site d’information Lerevelateur224.com, le mystère demeure entier sur son sort. Lors de la conférence de presse organisée ce mardi, 4 février 2025, par le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) pour présenter son rapport annuel sur la liberté de la presse, la question de son enlèvement a été soulevée. Le secrétaire général du SPPG, Sekou Jamal Pendessa, a profité de l’occasion pour détailler les efforts entrepris par le syndicat depuis la disparition du journaliste.
Répondant à la question d’un journaliste sur les démarches effectuées par le SPPG pour retrouver Habib Marouane Camara, Sekou Jamal Pendessa, a tenu à clarifier la situation.
« Ça faisait deux mois hier, jour pour jour, depuis son enlèvement. Depuis lors, nous avons pris ce dossier à bras-le-corps dès les premières heures », a-t-il dit.
Pendessa a rappelé le contexte tendu dans lequel s’est produit l’enlèvement : « La nuit du 3 décembre, on revenait du tribunal de Kaloum où nous avons obtenu la libération du doyen Gamalo. On n’a même pas eu le temps de souffler. À peine rentrés chez nous, à 17 heures, le doyen était libre. Mais quelques heures plus tard, on nous appelle pour nous annoncer que Marouane a été kidnappé. »
Le lendemain de l’enlèvement, le 4 décembre, le SPPG n’a pas tardé à réagir.
« Nous sommes allés rencontrer le Premier ministre dès le lendemain. C’est le SPPG qui a initié cette démarche. Nous avons discuté de la situation de Marouane. Le Premier ministre nous a assurés qu’il chercherait à obtenir des informations et que, si Marouane était détenu par des services de l’État, ses droits seraient respectés et son dossier traité conformément à la loi », a indiqué Sekou Jamal Pendessa.
Cependant, ces assurances n’ont pas apaisé les inquiétudes du syndicat, qui a poursuivi ses démarches en direction du ministre de la Justice.
« Nous avons appelé le ministre de la Justice pour le rencontrer, mais il a estimé que le procureur général était mieux placé pour nous donner des informations sur le dossier », a-t-il dit.
Le SPPG a alors pris contact avec le procureur général, qui a indiqué que, l’avocat de Marouane ayant déjà saisi la justice, il fallait laisser le temps à la procédure de suivre son cours.
« Nous avons également contacté d’autres personnes que nous ne pouvons pas dévoiler ici pour des raisons évidentes, car c’est un dossier sensible », a ajouté Pendessa.
Face aux critiques insinuant que le SPPG resterait inactif, Pendessa a défendu la discrétion de leur approche.
« Quelqu’un qui est pris, dont on ne sait pas où il se trouve ni comment il est traité, il faut savoir gérer son dossier avec prudence. C’est pourquoi vous ne nous entendez pas à tout moment, mais nous faisons beaucoup de choses en coulisses », a-t-il rassuré.
Il a insisté sur le fait que ces actions, bien que non médiatisées, visent à assurer la sécurité de Marouane et à obtenir sa libération dans les meilleures conditions.
« Ce n’est pas parce que nous ne communiquons pas sur chaque étape que nous ne faisons rien. Nous travaillons dans l’ombre et nous espérons atteindre le résultat escompté », a-t-il dit.
L’enlèvement de Habib Marouane Camara s’inscrit dans un contexte plus large de répression contre la presse en Guinée. Le rapport annuel du SPPG, présenté lors de cette même conférence de presse, décrit 2024 comme une “Année d’Obscurantisme”, avec une augmentation de 204% des atteintes à la liberté de la presse par rapport à l’année précédente.
Alors que le mystère autour de la disparition de Habib Marouane Camara reste entier, la communauté journalistique guinéenne et internationale continue de suivre de près l’évolution de ce dossier. Le SPPG, de son côté, réaffirme son engagement à poursuivre la lutte jusqu’à la libération du journaliste.
« Nous ne baisserons pas les bras. Marouane est l’un des nôtres, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’il rentre sain et sauf », a promis Sekou Jamal Pendessa.
Le silence des autorités et le manque de transparence dans cette affaire ne font qu’augmenter les inquiétudes. La Guinée, déjà pointée du doigt pour ses atteintes à la liberté de la presse, voit à travers ce cas emblématique un nouveau test de sa capacité à garantir les droits fondamentaux de ses citoyens, en particulier ceux des journalistes.
Lamine Kaba pour Guineematin.com
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