« Depuis que les gens ont commencé à utiliser les engrais dans l’agriculture, le bétail en pâtit. Dans un champ où l’engrais a été utilisé, si un bœuf vient brouter, il est exposé à la mort. Les caoutchoucs qui sont utilisés et jetés après, c’est un autre poison pour le bétail. En brousse, les arbres sont coupés et revendus. Des personnes mettent aussi du feu dans la brousse. La paille sèche est complètement consumée. Ce qui rend difficile pour le bétail de trouver à manger… », s’est notamment plaint Mamoudou Diallo, président par intérim de la coordination des éleveurs de Koumbia, une des sept communes rurales de Gaoual.
Jusque-là vice-président de la Coordination des éleveurs de Koumbia, Mamoudou Diallo est le président par intérim de la structure, depuis le décès du titulaire, Moumini Diré Diallo, il y a un mois. Lors d’un entretien avec un reporter de Guineematin.com qui était récemment à Koumbia, le patron de cette corporation en difficulté attire l’attention du gouvernement et des différents acteurs impliqués dans la promotion et la protection du secteur de l’élevage.
Mais avant, Mamoudou Diallo a tenu à rappeler les dispositions de la corporation qui lui ont permis de succéder au défunt Moumini Diré Diallo.

« Notre organisation est bien structurée. Nos textes sont précis. Et c’est eux qui nous servent de guide. Il est dit qu’en cas d’empêchement ou de décès du Président, c’est le vice-président qui assure l’intérim. Mais avant, je tiens à présenter mes condoléances les plus attristées à tous les éleveurs et particulièrement aux populations de Koumbia. Notre Président était un responsable ouvert, disponible et généreux. Il s’est toujours montré soucieux des problèmes qui assaillent la corporation. Il s’est toujours battu pour les éleveurs. Nous prions Dieu pour le repos de son âme », a dit Mamoudou Diallo.
Pour ce qui est lié à la problématique dans le secteur de l’élevage, tout comme son prédécesseur, le Président par intérim de la Coordination des éleveurs de Koumbia ne cache pas ses préoccupations.
« De nos jours, il est devenu plus difficile de pratiquer l’élevage. Nous manquons d’eau et d’aliments pour le bétail. Les médicaments contre les maladies sont chers et rares. L’année dernière, sur 17 veaux par exemple, j’ai perdu 15 têtes. Figurez-vous que d’autres ont perdu des dizaines de nouvelles naissances, voire des centaines », a expliqué le nouveau Président des éleveurs de Koumbia.
Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi le vol et les conflits éleveurs-agriculteurs qui accentuent la pression sur le secteur de l’élevage.
« De nos jours, à cause de ces problèmes, plus de 300 troupeaux guinéens ont franchi les frontières pour s’établir en Guinée Bissau. La terre ne s’agrandit pas. Mais, la population augmente tous les jours. Les zones où nous pratiquons l’élevage se réduisent tous les jours du fait de l’implantation des plantations d’anacarde et la pratique de l’agriculture. Pour le vol de bétail et les agressions, c’est un phénomène contre lequel nous continuons de lutter tous les jours. Nous avons instauré un système de contrôle du bétail, avec l’accord des autorités compétentes. Donc, les voleurs ont très peu de chance d’échapper à la vigilance des autorités. Pour être vendu ou abattu, tout bœuf doit être identifié et certifié. A défaut, celui qui le fait est considéré comme un suspect. Et c’est le lieu pour nous de féliciter les autorités judiciaires pour les efforts menés contre le vol de bétail à Gaoual », a souligné Mamoudou Diallo, dit poster.
En saison sèche, explique-t-il, le bétail est expliqué à toute sorte d’attaque.
« Depuis que les gens ont commencé à utiliser les engrais dans l’agriculture, le bétail en pâtit. Dans un champ où l’engrais a été utilisé, si un bœuf vient brouter, il est exposé à la mort. Les caoutchoucs qui sont utilisés et jetés après, c’est un autre poison pour le bétail. En brousse, les arbres sont coupés et revendus. Des personnes mettent aussi du feu dans la brousse. La paille sèche est complètement consumée. Ce qui rend difficile pour le bétail de trouver à manger. Voilà autant de choses qui impactent négativement le développement du secteur de l’élevage. A cette allure, si rien n’est fait, ce n’est pas bon pour cette filière qui contribue pourtant significativement au développement du pays », a fait savoir ce responsable des éleveurs de Koumbia.
Pour atténuer les conflits entre les éleveurs et agriculteurs, Mamoudou Diallo propose un engagement de tous les acteurs.
« Vous savez, de plus en plus, les gens qui pratiquent l’agriculture doivent clôturer leur champ. Et les éleveurs également sont amenés à veiller sur leurs animaux de nuit comme de jour. Mais la bonne solution est de réunir les deux corporations pour que chacune d’elle choisisse sa zone. Le système de zonage est une des meilleures solutions pour empêcher les conflits entre éleveurs et agriculteurs. Ici à Koumbia, vous verrez qu’une même personne cultive et élève. Ce n’est pas forcément des corporations séparées. A la longue, il sera utile d’aménager les domaines agricoles et les séparer des zones de pâturages, tout en songeant à l’élevage intensif », a prévenu Mamoudou Diallo, qui rappelle que malgré tous ces problèmes, Koumbia reste le berceau et la capitale de la race ndama avec le plus grand cheptel du pays, pris au niveau communautaire.
Reconnu pour son audace, son honnêteté et sa disponibilité, Mamoudou Diallo peut déjà se féliciter du soutien de ses pairs pour terminer le mandat de son prédécesseur. Et pourquoi ne pas rempiler prochainement un nouveau.
Abdallah BALDE de retour de Koumbia pour Guineematin.com
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