Télico (Mamou) : les confectionneurs de briques de Maboya tirent le diable par la queue

En Guinée, les constructions sont généralement faites avec des briques en terre cuite ou en ciment. Mais, très souvent, ceux qui confectionnent ces briques travaillent dans des conditions difficiles. Au secteur Maboya, relevant du quartier Télico, dans la commune urbaine de Mamou, les confectionneurs de briques ne sont pas épargnés par ces difficultés. Il s’agit notamment du manque d’eau en saison sèche, de motopompes et de machines modernes et d’endroits appropriés pour confectionner les briques et les conserver en toute sécurité. Dans un entretien accordé au correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture, ils ont expliqué leur quotidien et lancé un appel à l’aide aux autorités.

Faire des briques avec les mains est un travail de longue haleine. Il faut concilier la force, le sens de la mesure, la patience et une petite dose d’ingéniosité. Mais, ce qu’il faut avoir par-dessus tout, c’est un lieu propice et de l’eau pour ce travail manuel. Et pourtant, c’est ce qui manque le plus à Mamou, surtout en période de saison sèche.

Notre reporter basé dans la ville carrefour est allé à la rencontre de ces confectionneurs de briques en terre cuite dans le secteur Maboya, situé à 7 kilomètres de la commune urbaine.

Mamadou Mouctar Sow, marié à 3 épouses et père de plusieurs enfants, chef du chantier, a expliqué ce qui se passe sur place.

Mamadou Mouctar Sow, chef de la briqueterie

« Je suis un menuisier de profession mais, compte tenu de la conjoncture, nous sommes obligés de faire ce travail pour joindre les deux bouts. Avant de démarrer, nous venons d’abord étudier les lieux, surtout où on espère avoir de l’eau. On travaille 2 jours pour voir la qualité de la terre. Si c’est bon, on commence. On peut confectionner 200 à 500 briques par jour, selon nos moyens. Nous avons des avantages ici, mais les difficultés rencontrées sont très nombreuses. Nous avons des problèmes d’eau, surtout à cette période. Les animaux, notamment les chèvres et les vaches, viennent détruire les briques. Nous demandons au gouvernement, aux personnes de bonne volonté, aux ressortissants de Mamou vivant à l’extérieur de nous venir en aide. Nous souffrons ici, surtout pour avoir de l’eau à boire, des motos-pompes et des machines modernes pour la confection des briques », a-t-il laissé entendre.

Même son de cloche chez Diakariaou Sow, natif de Maboya, qui dégage ses difficultés.

Diakariaou Sow, confectionneur des briques

« Toute œuvre humaine a des avantages et des inconvénients. Ce métier est très délicat. Nous rencontrons d’énormes difficultés dans l’exécution de ces travaux. La difficulté principale, c’est l’eau. Nous creusons des petits puits partout ici. Et quelques semaines après, ces puits tarissent. Nous avons des difficultés à trouver du bois pour cuire les briques.  Nous déplaçons des véhicules pour amener pas de moins de 3 chargements ; et certaines briques, après avoir fini de cuire, certains clients posent problèmes. La clientèle aussi est très rare. L’environnement nous demande aussi un quota à payer pour chaque four à briques. Nous travaillons avec des jeunes que nous payons. Ils doivent manger, tout ça, c’est à notre charge. Nous demandons à l’Etat de nous venir en aide pour avoir des machines modernes ».

Pour sa part, Mariama Diouldé Sow, confectionneuse de briques, lance un appel pressant au Ministère de l’Action sociale et des personnes vulnérables, et au président de la République.

Mariama Diouldé Sow, confectionneuse de briques

« Nous venons épauler nos époux pour subvenir aux besoins de la famille. Nos enfants sont à l’école. Chaque fois, ils nous demandent de l’argent, il y a les tenues scolaires, les fournitures à payer. Nous rencontrons d’énormes difficultés, surtout pour l’eau. L’eau que nous devons utiliser pour ce travail, mais aussi l’eau à boire. Nous partons jusqu’à Télico pour nous en procurer. On peut faire 3 kilomètres à pied d’ici à l’université ou à l’école primaire du centre, juste pour un ou 2 bidons. Nous faisons la cuisine et nos enfants doivent se laver. Nous, femmes de Maboya, nous demandons à la Ministre de l’Action sociale, au président de la République, le Général d’armées Mamadi Doumbouya de nous venir en aide, juste pour avoir des matériels, surtout un forage, car l’eau c’est la vie », a-t-elle déclaré.

Même son de cloche chez Fatoumata Barry, en grossesse, présente sur le terrain pour la confection de briques, qui sollicite de l’aide.

Fatoumata Barry, confectionneuse de briques

« Je suis en état de famille, mais quoi faire ? Il n’y a pas de bas-fonds ici. Nous savons tous que ce travail est très dur. Creuser la terre, faire le mouillage, mettre dans une brouette et mettre encore dans une moule… ce n’est pas facile pour une femme, surtout qui est enceinte. Nous sollicitons de l’aide à l’endroit de toute personne de bonne volonté. Nous souffrons énormément ici. Notre village est loin de la ville. Nous n’avons aucune infrastructure de base. Nos enfants parcourent 4 kilomètres pour arriver à l’école. C’est pour cette raison que beaucoup d’enfants sont là, ils ont l’âge d’aller à l’école ; mais compte-tenu de la distance qui nous sépare de l’école du centre, ils sont là avec nous », a fait savoir Fatoumata Barry.

Boubacar Ramadan Barry pour Guineematin.com

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