Est-il permis de faire la prière sur le corps d’une célibataire, divorcée ou veuve ? « Une polémique infondée », selon des imams

Dans certains milieux de la communauté musulmane, une controverse persiste autour de la prière mortuaire sur le corps des femmes célibataires, divorcées ou veuves. Certains prétendent qu’il ne serait pas légitime d’accomplir cette prière pour ces catégories de femmes. Cependant, plusieurs imams de renom réfutent fermement cette thèse, affirmant qu’elle ne repose sur aucun fondement religieux, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Sur cette question, des imams sunnites et chiites prennent une position claire. Les imams appartenant aux courants sunnites et chiites rejettent unanimement l’idée qu’on ne devrait pas prier sur le corps d’une femme non mariée. Pour eux, la seule condition essentielle est que le défunt soit musulman et pratiquant.

Oustaz Mohamed Ramadan Bah, imam à Koloma et chroniqueur islamique, insiste sur le fait qu’aucune source islamique ne soutient cette pratique.

Oustaz Mohamed Ramadan Bah, imam à Koloma

« Ça n’a pas de fondement, il n’y a aucune preuve. Il n’y a pas de source pour ça. Ça, ce sont des mensonges. Non. Se marier n’est pas une obligation en islam… C’est une option dans la religion. Donc, n’importe qui décède, s’il est musulman, on doit prier sur son corps. Ceux qui disent qu’on ne doit pas prier sur le corps d’une célibataire ou divorcé ou bien veuf, n’ont pas compris. Il suffit que l’intéressé soit musulman pratiquant. Ceux qui disent qu’on ne doit pas prier sur le corps d’une femme célibataire, divorcée ou veuve, est-ce qu’ils peuvent vous donner un verset coranique ? Ils peuvent vous fournir un verset, ou bien un hadith ? Ils ne peuvent pas parce que ce sont des illusions », martèle-t-il.

De son côté, Cheick Hafiziou Diallo rappelle que la prière mortuaire est un devoir religieux pour tout musulman décédé, sans distinction de statut matrimonial.

Dr Cheick Mamadou Hafiziou Diallo, imam et écrivain auteur de plusieurs ouvrages

« Une fois qu’il est musulman, c’est obligatoire de prier sur son corps. À plus forte raison de dire qu’il est célibataire ou pas. Parce que le mariage, ce n’est pas une obligation. Il y a aussi des veuves qui n’acceptent pas surtout de se remarier. Les veuves, elles sont libres d’accepter de se remarier ou de ne pas l’accepter. Seulement, le mariage, c’est de la Sounna qui est vivement recommandé par le Prophète (PSL). Mais ce n’est pas une obligation. Dire qu’on ne doit pas prier sur le corps de celui ou celle qui n’est pas mariée ne pourra pas être enterré, ce n’est pas normal. Une fois qu’il est décédé, c’est fini, il n’a pas d’obligation lui. La prière sur le corps du défunt ou de la défunte, c’est l’obligation du vivant en islam. Quand ils ne vont pas prier sur le corps, ce sont eux qui sont en vie qui vont pécher, ce n’est pas le défunt ou la défunte ».

Pour ces imams, cette polémique ne repose sur aucun fondement islamique, mais sur une volonté de certaines personnes d’exercer une pression sociale sur les célibataires, les divorcées et les veuves afin qu’ils cherchent à trouver légalement un conjoint.

« Je vois, c’est purement une politique personnelle pour certains de pousser les gens à se marier. Mais ça n’émane pas des règles islamiques, donc de la religion musulmane. Cela n’est écrit nulle part pour dire qu’on ne prie pas sur le corps d’une femme qui n’a pas d’époux. Voilà, c’est une sorte de pression sociale sur les personnes. Si c’est pour éviter l’adultère, il y a des mariés et des non mariés qui le font. L’adultère, c’est interdit. Créer personnellement des cas comme ça et imposer ça aux gens, ce n’est pas recommandé », conclut Cheick Hafiziou Diallo.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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