La ville cosmopolite de Man, située à 564 kilomètres d’Abidjan, regorge d’une importante communauté guinéenne, exerçant dans le commerce. C’est le cas de Mamadou Alpha Bah, originaire de la commune rurale de Dionfo, à Labé, gérant d’une boutique d’alimentation générale depuis 2011, année à laquelle il a quitté la Guinée. Dans un entretien accordé au correspondant de Guineematin.com en Côte d’Ivoire de passage dans la région, il a défini les préalables pour un commerçant, conditions obligatoires pour exercer cette activité au pays de Houphouët Boigny.
Aux antipodes de l’anarchie généralement constatée dans le secteur informel, le modèle du commerce à l’ivoirienne est conçu de telle sorte que l’Etat en est le premier contrôleur. A travers ses collectivités locales, strictes sur les taxes, il veille à leur paiement. « Ici, il n’y a pas assez de difficultés car les conditions imposées par le gouvernement sont à remplir obligatoirement, une à une, pour faire le commerce. Donc, les taxes sont versées à la mairie, au Ministère du Commerce. Chaque 3 mois, il faut payer 10 000 francs CFA au Ministère, ce qui fait 40 000 F CFA dans l’année. Pour la mairie, c’est chaque mois, en fonction de ton chiffre d’affaires. Moi par exemple, je paie 3 000 F CFA, ajoutés à 4 000 F CFA comme prix de fiches d’émargement et de plaque d’immatriculation de la boutique. Ce qui fait 40 000 F CFA par an. En plus, avoir une carte et une régie de commerce sont obligatoires », explique le commerçant, Mamadou Alpha Bah.
La plaque d’immatriculation dont il s’agit est placée à la devanture de la boutique pour indiquer le numéro de référence, renouvelable, attribué à la boutique par la mairie. Ce qui la rend obligatoire. « Chaque année, à partir de janvier, ils nous ramènent de nouvelles plaques à un nouveau numéro de référence. Et c’est une obligation pour chaque boutiquier ou commerçant de s’en procurer », informe-t-il.
Pour organiser le secteur et veiller à l’acquittement des taxes, des agents communaux effectuent le contrôle sur le terrain. En cas de contravention, le contrevenant s’expose à des pénalités. « Si la mairie se rend compte que tu lui dois, sur chaque taxe, elle va ajouter 500 F CFA. Donc, pour quelqu’un qui paie 3 000 F CFA par mois, il aura désormais 3 500 à payer. Au cas contraire, ils déférent ta marchandise. Et, une fois là-bas, tu paieras obligatoirement plus. C’est pareil pour les agents du Ministère du Commerce. Eux aussi, en cas de malentendu, ils te convoquent à la Direction générale du commerce où tu vas payer jusqu’à 50 000 F CFA », a laissé entendre Mamadou Alpha Bah.
En faisant une comparaison avec son pays d’origine, Mamadou Alpha Bah, qui n’exclut pas de rentrer définitivement, estime qu’il n’y a pas mieux que chez soi. Il invite les uns et les autres à investir dans le pays.
De retour de Man, Mamadou Malal Baldé pour Guineematin.com
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