Guinée : des tradipraticiens portent de graves accusations sur le ministre de la santé et son prédécesseur

La Fédération guinéenne des associations des tradipraticiens et herboristes (FEGATH) accuse les ministres de la santé, Mamadou Péthé Diallo et Oumar Diouhé Bah, de détournement de fonds et de corruption. Ils accusent les deux personnalités et d’autres cadres d’avoir fait main basse sur leur part dans le budget du Ministère, qui s’élève à 73 milliards de francs guinéens, et près de 35 milliards de francs guinéens alloués à eux par le conseil national de transition pour la réalisation de leurs projets. L’annonce en a été faite ce vendredi, 7 février 2025, à travers une conférence de presse animée à Conakry, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La Fédération guinéenne des associations des tradipraticiens et herboristes (FEGATH) est toujours en colère contre le Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Depuis la création de la fédération en 2011, ils disent n’avoir reçu aucun kopeck de la part du Ministère. Alors que chaque année, selon le président de la FEGATH, ils doivent recevoir un montant du budget du département.

Dans son intervention, Mamady Daman Traoré a retracé la genèse du litige qui les oppose au Ministère.

Mamady Daman Traoré, président de la FEGATH

« Quand on crée un projet et qu’on adresse cela aux bailleurs de fonds, ils décaissent ce montant pour se le partager. Eux-mêmes, ils demandent de l’argent au gouvernement en notre nom et aux partenaires, après ils se le partage. C’est ainsi que nous sommes allés faire un plaidoyer auprès du président du CNT, Dr Dansa Kourouma, afin de nous aider à nous prévoir dans le Budget. Ils ont invité les cadres du ministère de la santé. À l’issue des débats, le Dr Alhassane Bah et Sékou Doré de la commission santé au CNT ont annoncé que nous serons prévus dans la loi de finances avec un budget de 40 milliards, dont 12% pour notre fédération et 8% pour la médecine. Nous avons voulu faire trois projets dont : le recensement des tradipraticiens, le contrôle de médicaments traditionnels et la formation des tradipraticiens des 33 préfectures. Ces activités n’ont jamais été réalisées dans notre pays. Entre-temps, ils ont coupé le pont. Du coup, nous sommes aussi allés rencontrer le président Dr Dansa Kourouma. Au cours des échanges, il était étonné de savoir que jusqu’à présent on n’avait pas encore reçu notre argent. Le président a dit que pourtant le ministre de la santé m’a demandé 73 milliards pour trois groupes dont vous. Sur le champ, Dr Dansa a instruit Sékou Doré de tout faire pour nous rétablir dans notre droit. Depuis lors, jusqu’à date, nous n’avons pas notre part dans ce budget de 2023  » , a expliqué le président de la FEGATH.

Par ailleurs, Mamady Daman Traoré accuse l’inspection générale de la santé, en complicité avec certains cadres, d’avoir créé une fédération parallèle dans le but de les contourner et de pouvoir décaisser de l’argent en leur nom. « Entre-temps, ils ont créé une autre fédération dénommée « Fenamataki » au nom de laquelle ils font des décaissements au nom des tradipraticiens. Un jour, nous avons suivi Mariam Baldé à la RTG qui expliquait que le ministère de la santé ne reconnait que cette fédération. Que c’est la seule fédération qui a un protocole d’accord avec le Ministère de la santé. Quand nous avons appris cela, le lendemain, nous avons adressé une correspondance à l’inspection générale de la santé pour leur dire de prendre leur précaution contre la création de cette nouvelle fédération. L’inspection générale de la santé ne nous a fait comprendre que de la même manière que l’administration du territoire nous a délivré l’agrément, que c’est de la même manière que le département a livré l’agrément aux autres aussi. Je leur ai dit alors cela ne marchera pas parce qu’on ne peut pas créer deux fédérations nationales dans un même pays. C’est pourquoi j’ai porté plainte à la direction de la police judiciaire contre l’inspecteur général de la santé et son adjoint, le directeur général de la santé communautaire, Mama Bamba du bureau de la division et Mariama Baldé, journaliste. De la DPJ, on nous a été déféré au tribunal de première instance de Kaloum. Mais ils étaient toujours dans l’idée selon laquelle il y a deux fédérations. Ainsi, le procureur de la République au TPI de Kaloum nous a tous demandé de rentrer à l’effet qu’il commette un huissier pour vérifier l’authenticité des deux agréments au Ministère de l’administration du territoire. Après, le ministère a dit que c’est une seule fédération qui est enregistrée là-bas à savoir : la fédération et associations des tradipraticiens. C’est après cela que ces cadres ont été emprisonnés », a-t-il fait savoir.

Au-delà des cadres du département et l’ancien ministre de la santé, Mamadou Pèthé Diallo, le président de la fédération Guinéenne des Associations des tradipraticiens et herboristes n’épargne pas Oumar Diouhé Bah, l’actuel ministre de la santé. « À l’arrivée de l’actuel ministre de la santé, Oumar Diouhé Bah, nous sommes allés le rencontrer pour lui dire de contribuer à l’unité des tradipraticiens en Guinée. Il faut accepter que nous travaillions avec la médecine moderne, comme c’est le cas dans d’autres pays. En plus, nous avons trois projets au CNT concernant le recensement, la formation et le contrôle de médicaments traditionnels. Mais le budget vous sera transféré ici. Donc, prière de nous donner notre part à l’arrivée du budget. Avant que le ministre ne prenne parole, son chef de cabinet a demandé de lui passer la parole. Il a dit : monsieur le ministre, ces gens-là ne font que porter plainte contre les cadres de notre département. Il ne faut pas les écouter. Le ministre aussi, en prenant la parole, a dit que ce n’était pas notre rôle de former, recenser… Cela est du ressort, des prérogatives du Ministère de la santé. Ce sont les médecins qui vont faire ce travail. « D’ailleurs, mes cadres que vous avez emprisonnés là, s’ils ne sortent pas de prison, je vais appeler le ministre de la justice, Yaya Khairaba Kaba, il va les sortir tous ». Ce qui n’est jamais vu dans le monde. Comment un médecin, qui ne connaît rien en médicaments traditionnels, peut-il recenser des guérisseurs traditionnels. Je lui ai dit que ses cadres sont en train de l’induire en erreur. Partout en Afrique, les tradipraticiens sont organisés. Les tradipraticiens et les médecins doivent travailler de concert pour se compléter. Quand vous regardez, 70% des malades se soignent ou commencent leur traitement traditionnellement. Mais pendant ce temps, des milliards sont en train d’être décaissés en notre nom par les cadres du Ministère de la santé », regrette Mamady Daman Traoré.

Pour en finir avec cette cacophonie, monsieur Traoré interpelle le Chef de l’État, le Général Mamadi DOUMBOUYA auquel il demande d’intervenir afin qu’ils entrent en possession de leur budget. En plus, la fédération demande d’être reçue par le président de la transition afin d’échanger sur les conditions de travail de tradipraticiens en Guinée.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com 

Tél : 626-66-29-27 

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