Exploitation clandestine d’or à Dalakan (Mandiana) : Maliens et Guinéens accusés de dragage sauvage sur le fleuve Sankarani

Au cœur de plusieurs districts de la sous-préfecture de Morodou (dans la préfecture de Mandiana), une activité illégale de dragage pour l’extraction de l’or prend de l’ampleur. C’est le cas dans le district de Dalakan où l’exploitation clandestine de l’or par dragage sur le fleuve Sankarani suscite de vives inquiétudes. Plusieurs Maliens et Guinéens sont accusés de s’être lancés dans cette activité illégale qui met en péril l’écosystème du fleuve tout en engendrant de multiples problèmes pour les populations locales. Tout comme Dalakan qui sert de porte d’entrée en Guinée sur le fleuve, Balandou et Kinièni sont confrontés au même problème. Les habitants dénoncent une situation insupportable, exposant les riverains à de graves problèmes de santé, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Depuis un peu plus d’un mois, des groupes de travailleurs, principalement des Maliens, armés de dragues, ont envahi les rives de Sankarani pour extraire l’or contenu dans les sédiments du fleuve. Ces mines artisanales illégales, connues sous le nom de « dragage », causent d’énormes préjudices aux habitants des localités environnantes : trouble grave de fond du fleuve, le décès massif des poissons qui s’y trouvent, risque de maladie pour les usagers. Elhadj Mamady Diakité (plus connu sous le nom Madifing) revient sur les difficultés qui sont les leurs quant au passage de ces exploitants artisanaux.

« Des Maliens, en complicité avec certains de nos compatriotes, exercent une activité actuellement appelée dragage. Ils ont une machine qu’ils plongent dans l’eau à la recherche de l’or sous-marine. À cette date, nous rencontrons beaucoup de difficultés par rapport à cette situation. Or, toutes nos activités sont liées à ce fleuve, car nos champs se trouvent là-bas. Nous avons constaté cela suite aux décès de plusieurs espèces halieutiques, notamment les poissons que nous remarquons les matins. Au même moment, vous trouverez également que l’eau du fleuve est trouble. Pendant cette saison sèche, il y a aussi nos bêtes qui aillent s’abreuver en eau. Mais quand c’est trouble, cela a des répercussions sur la santé de ces animaux. À un moment donné, quand on a informé les autorités, ils ont arrêté. Mais, maintenant là, ils se cachent la nuit pour le faire. La nuit, ils ont un système leur permettant de dissimuler le bruit de la machine. Mais à partir du village, on peut les voir passer sur le fleuve », a expliqué ce sage du district de Dalakan.

Le fleuve Sankarani, qui marque la frontière entre la Guinée et le Mali, est un lieu de vie essentiel pour les communautés riveraines. Cependant, les techniques de dragage, souvent rudimentaires et polluantes, dévastent l’environnement et affectent directement la qualité de l’eau. Elhadj Madifing lance un appel aux autorités sous-préfectorales et préfectorales pour arrêter cette exploitation sauvage.

« Nous sommes quotidiennement liés aux eaux de ce fleuve. Aujourd’hui, on ne peut plus voir le fond du fleuve. On redoute des problèmes de santé graves liés à la consommation de cette eau. À date, nous avons informé les autorités de Mandiana. Ce que nous leur demandons, c’est de penser à nous. Parce que nous en souffrons. Il faut que nous bannissons cette façon de chercher l’or. Mais, si on informe les autorités pour mettre fin à une telle pratique et qu’il n’y a pas de réaction, si on nous dit qu’elles gagnent quelque chose dedans, on sera à même de croire à cela », a-t-il lancé.

Les autorités guinéennes peinent à contrôler cette activité qui se déroule en dehors de tout cadre légal. Selon plusieurs témoignages, cette exploitation est rendue possible grâce à la complicité de certains villageois guinéens qui voient dans l’exploitation de l’or une source de revenus immédiats.

Lors d’un entretien téléphonique accordé à un journaliste de Guineematin.com, le Colonel Fodé Soumah, préfet de Mandiana, a annoncé que des efforts sont faits pour arrêter toutes les personnes impliquées dans cette activité d’extraction des mines sous-marines.

« C’est une lutte acharnée que nous engageons contre toute personne qui exerce cette pratique dans la préfecture de Mandiana. Ce n’est pas Dalakan seulement. On a été informé de la situation et on a pris des dispositions sur le fleuve. Chaque fois même on envoie des missions mixtes composées des forces de l’ordre et des agents du service de l’environnement pour éradiquer cette pratique. Mais à chaque fois qu’il y a la patrouille, ils reculent. Quand il y a une accalmie, ils reviennent. Ils font ça clandestinement. Je ne sais pas comment ils s’informent. Une fois, on a brûlé des certaines de dragues avec la mission de patrouille », a-t-il martelé, avant de démentir les accusations de complicité portées à son égard.

« Dire que je suis actionnaire dans ça, c’est archi-faux. Comment se fait-il, moi je lutte contre ça, en même temps je suis propriétaire de ces machines. Donc ça, c’est des fausses accusations. Au contraire, je lutte contre ça », a-t-il rassuré.

Enfin, les populations de Mandiana, notamment celles des villages de Dalakan Balanduba, Kinièni et autres souffrent quotidiennement des conséquences de cette exploitation. Outre la pollution de l’eau et la dégradation du paysage, les activités minières clandestines provoquent l’érosion des sols qui engendre des inondations pendant la saison des pluies. Si rien n’est fait pour stopper cette pratique aux conséquences fâcheuses, l’avenir sanitaire et écologique de ces localités risque d’être compromis.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél : 626-66-29-27

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