Le gouvernement guinéen, dirigé par le Premier ministre Bah Oury, a entamé depuis le mercredi, 5 février 2025, une immersion à l’intérieur du pays. Cette initiative, similaire à celle menée en mai 2022 sous le gouvernement de Mohamed Béavogui, vise à mieux appréhender les réalités de l’arrière-pays et à renforcer le dialogue avec les citoyens. Cependant, des acteurs sociopolitiques dénoncent une occasion de gaspiller les maigres ressources du pays voire une campagne déguisée pour le Général Mamadi Doumbouya. C’est le cas de Dr Faya Millimouno, président du Bloc Libéral (BL), qui se dit opposé au gaspillage des fonds du contribuable, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com ce mardi 11 février 2025, Dr Faya Millimouno estime qu’aller à l’intérieur du pays n’est pas mal. Mais, il y a autre chose qui est caché derrière cette immersion, estime-t-il. « Pour qui connaît la Guinée, le service public se limite pas au G0rand Conakry. Voir le gouvernement aller à l’intérieur du pays, à première vue, n’est pas une mauvaise chose. Parce que ça peut permettre de s’enquérir de certaines réalités. Mais, ce qu’ils sont en train de faire maintenant là, ce n’est pas cela. Parce que tous les Guinéens ont été témoins d’une première immersion qui n’a pas été suivie d’effets. Au temps du Premier ministre Mohamed Béavogui, il y a eu une immersion à l’intérieur du pays. Mais, on n’a pas vu d’actions corrigeant le problème qu’on y a trouvé ».
D’ailleurs, le président du BL estime que son parti s’apprêtait même à faire une immersion depuis quelques temps. « Cette soi-disant immersion de maintenant est simplement la réponse au programme que le Bloc libéral s’apprêtait à mettre en œuvre. Se fondant sur le discours du président Mamadi Doumbouya, annonçant la reprise des activités politiques, nous avions un programme dont les objectifs étaient, entre autres, la présentation des condoléances aux familles des victimes du 1er décembre au stade de N’zérékoré. C’était aussi des meetings publics à Yomou, à Lola », a-t-il indiqué
A la question de savoir si le CNRD a dérobé la vedette au Bloc libéral par rapport à cette immersion, Dr Faya répond : « Tout ça a été pour empêcher que nous sortions. Mais puisque la technologie nous permet de nous faire entendre même dans les confins de Yomou, en étant au siège du parti, nous avons usé de la technologie pour faire passer certains messages. Et nous nous apprêtons à faire passer d’autres messages ».
De nombreux observateurs parlent de cette immersion comme d’une propagande. « Tout ça est dangereux, parce qu’au-delà de tout, les fonds publics sont en train d’être détruits. Le pays est déjà au bord du gouffre avec tout le vol de deniers publics. Je crois que le dernier cas en date concerne l’hôpital Ignace Deen. Donc, tous les jours, l’argent public est en train d’être volé. Ça, ça ne suffit pas au gouvernement. Il faut maintenant prendre des centaines de V.A, les carburer par l’argent du contribuable guinéen pour aller faire des marches de la paix à Kankan. Ce qui coûte des milliards aux contribuables. Ça, c’est de la dette qu’on met sur nous. Les Guinéens doivent être attentifs à ce qu’on est en train de leur dire, parce que les conséquences vont nous suivre, même après 40 ans », prévient Dr Faya.
En outre, notre interlocuteur donne des conseils au CNRD. « Puisque le CNRD s’est dévoilé, en réalité, ils ne sont pas venus pour la refondation, ils sont venus pour confisquer le pouvoir, c’est la plus grande révélation qui a déçu tout le monde. La seule chose encore possible pour sauver le pays, c’est d’organiser un dialogue vrai qui va permette de négocier une période relativement courte pour permettre l’organisation des élections. Aujourd’hui, on ne peut plus rester dans le schéma d’une constitution qui ne sortira pas. Par contre, nous avons une constitution des plus consensuelles de ce pays, celle de 2010, qu’on peut réhabiliter. On l’a dit dans notre proposition de sortie de crise. La constitution de 2010 peut être réhabilitée pour permettre à la Guinée de sortir de cette période transitoire dans laquelle on s’enlise et mettre en place un gouvernement d’union nationale de mission dont le seul agenda sera l’organisation des élections. Comme ça, on va redevenir un pays normal et puis le reste peut continuer ».
Yayé Oumou pour Guineematin.com