Après plusieurs renvoies pour communication du rapport définitif de l’inspection générale d’État de la mission de vérification de l’exécution budgétaire du ministère de l’économie et des finances pour les exercices allant de 2018 à 2021 et la comparution des inspecteurs ayant rédigé ce rapport, le procès ministère public et l’État guinéen contre Mamadi Camara, ex ministre de l’économie et des Finances sous le régime d’Alpha Condé, s’est poursuivi ce mercredi, 12 février 2025, devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
À l’ouverture de l’audience ce mercredi, consacrée à la comparution des inspecteurs ayant rédigé le rapport provisoire ayant accablé cet ancien collaborateur du Président Alpha Condé, le juge audiencier, Yaghouba Conté, a lu la lettre traduisant la volonté de l’inspection générale d’État de comparaître à huis-clos.
Face à cette demandé, les avocats de la défense ont indiqué que les débats en audience sont publics.
« Le peuple, pour lequel la justice est rendue, doit connaître le contenu de ce rapport sur le fondement duquel notre client est renvoyé devant cette Cour. Notre client est jugé publiquement, pourquoi ne pas faire de même pour les inspecteurs », s’est interrogé Me Lanciné Sylla.
Le ministère public, en prenant la parole, a fustigé la manière par laquelle les avocats de la défense s’adressent aux inspecteurs. Ousmane Sanoh a invité ces avocats à respecter les inspecteurs en leur posant des questions. Il affirme n’être pas contre le fait que les inspecteurs soient écoutés à huis-clos. Car, selon lui, ils auraient pu réagir par écrit.
Après consultation, la Cour a décidé de rejeter cette demande de huis-clos formulée par l’inspection générale d’État. Elle a ensuite ordonné la comparution des inspecteurs cités à l’audience. Ainsi, Abdoulaye Oumar Diallo, inspecteur d’État et vérificateur général d’État adjoint, a pris la parole pour répondre aux inquiétudes de la Cour relatives notamment à la confrontation du prévenu au contenu du rapport.
Selon cet inspecteur, l’ex ministre de l’économie et des finances sous l’ère Alpha Condé n’a pas été consulté à la demande du juge d’instruction qui les a commis à la tâche. D’où la mention rapport provisoire.
« Nous avons été commis par le juge d’instruction. L’objectif, c’était de nous rassurer si les montants alloués à son département avaient été réalisés. Pour se faire, nous nous sommes rapprochés des services comme : la DAF (direction administrative et financière), le service des investissements, etc. Toutes les diligences nous les avons faites avec le juge d’instruction. Il était informé de tous les actes que nous avons posés. Nous avons été saisis au moment de l’instruction. Et nous n’avons pas eu mandat du juge d’écouter le mis en cause Mamadi Camara. C’est pourquoi le rapport a porté la mention rapport provisoire. Le juge d’instruction a dit que lui-même se chargerait d’entendre l’inculpé… Nous n’avons pas tiré de conclusions sur le plan pénal », a-t-il rapporté.
Au terme de cet exposé, Me Lanciné Sylla, l’avocat de la défense, a défié le parquet de prouver que son client a fait l’objet de notification de la désignation de l’inspection générale d’État. Selon lui, le choix de ces inspecteurs a été fait en catimini devant un cabinet d’instruction, en violation flagrante de la loi. “Il est trop tard”, a-t-il renchéri. Car, selon lui, le ministère public ne peut plus se rattraper.
Après un bref tiraillement entre les parties sur la date du renvoi, la Cour a finalement jugé nécessaire de renvoyer l’affaire au 26 mars 2025, pour permettre aux conseils du prévenu et l’inspection générale d’État de faire leurs observations sur le rapport de la mission de vérification de l’exécution budgétaire du ministère de l’économie et des finances pour les exercices allant de 2018 à 2021, ainsi que la comparution de la partie civile.
À rappeler que le prévenu, Mamadi Camara, est poursuivi devant cette juridiction pour détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, corruption et enrichissement illicite.
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
Tél : 626-66-29-27