« Lorsqu’ils ont arrêté Abdoul Sacko, ils nous ont libérés. Je les ai vus le traîner dehors, les bras attachés derrière le dos. Un jeune a tenté de les suivre en voiture pour voir où ils l’emmenaient, mais ils l’ont agressé violemment, le faisant tomber à terre. Ceux qui ont procédé à l’arrestation portaient des tenues vertes et kaki, certains étaient en civil, avec des jeans et des pantalons en tissu », témoin une femme sous anonymat.
Abdoul Sacko, le leader du Forum des Forces Sociales de Guinée (une plateforme regroupant plusieurs organisations de la société civile) a été interpellé ce mercredi, 19 février 2025, à son domicile à Kiroty, dans la commune de Lambanyi. C’était aux environs de 5 heures. Ses ravisseurs sont des hommes cagoulés et lourdement armés.
Selon les témoignages, ils ont utilisé des poids de musculation pour défoncer les portes de sa maison afin de procéder à son arrestation.
« Quand ils sont venus la nuit, à 4 heures, ils ont escaladé le mur et sont descendus dans la cour. Quand j’ai entendu le bruit, j’ai cru que c’étaient les jeunes du quartier qui veillaient. Je suis sortie pour leur demander de faire moins de bruit, mais j’ai trouvé des hommes postés à chaque porte. Dès que j’ai voulu ouvrir la mienne, ils l’ont tirée de force, ils m’ont attrapée et m’ont montré une photo en me demandant : tu sais où se trouve cet homme ? J’ai répondu : non. Ils ont insisté : il est ici dans la cour. Si tu ne nous dis pas où il est, on ne te laissera pas. J’avais peur. Pendant ce temps, un d’entre eux était en communication avec quelqu’un qui lui indiquait précisément où Abdoul Sacko se trouvait. Alors, ils m’ont interrogée sur la maison dans laquelle il était. J’ai dit que je ne savais pas, que j’étais à Coyah et venais d’arriver ici. L’un d’eux m’a alors menacée : nous sommes en mission, si tu cries et que tu compromettes notre mission, on te tue. Mais si tu restes calme, on ne te fera rien. Peu après, ils ont trouvé la maison et ont commencé à tenter de défoncer la porte. Comme ils n’avaient pas de hache, ils ont utilisé des poids de musculation que les jeunes utilisent ici pour le sport. Ils ont fini par défoncer le plafond et ils sont entrés dans la maison. Lorsqu’ils ont arrêté Abdoul Sacko, ils nous ont libérés. Je les ai vus le traîner dehors, les bras attachés derrière le dos. Un jeune a tenté de les suivre en voiture pour voir où ils l’emmenaient, mais ils l’ont agressé violemment, le faisant tomber à terre. Ceux qui ont procédé à l’arrestation portaient des tenues vertes et kaki, certains étaient en civil, avec des jeans et des pantalons en tissu », a témoigné une femme sous anonymat.
Un autre jeune présent sur les lieux affirme qu’Abdoul Sacko a été arrêté alors qu’il accomplissait sa prière de l’aube.
« Nous étions dans la maison vers 5 heures du matin quand nous avons entendu des coups contre la porte. Ils ont tenté de l’enfoncer pendant environ 30 minutes, sans succès. C’est alors qu’ils ont décidé de passer par le plafond. Une fois à l’intérieur, ils ont trouvé M. Abdoul Sacko en train de prier. Dès qu’il a terminé, ils l’ont attrapé, attaché, giflé et plaqué au sol, comme ils l’ont fait avec nous. Ensuite, ils sont sortis avec lui. J’ai tenté de prendre des photos avec mon téléphone, mais ils avaient déjà confisqué mon premier appareil. J’ai pris un autre téléphone pour capturer des images, mais l’un d’eux m’a violemment frappé et m’a plaqué au sol. Une fois qu’ils ont quitté les lieux avec M. Sacko, j’ai pris son véhicule pour les suivre afin de savoir où ils l’emmenaient. Arrivé au carrefour, j’ai vu trois pick-up. L’un d’eux est passé, mais les deux autres m’ont bloqué la route, ayant compris que je les suivais. J’ai changé de direction, mais l’un des véhicules a commencé à me poursuivre. J’ai klaxonné pour alerter les passants, ce qui les a finalement dissuadés. J’ai alors rebroussé chemin vers la maison », a-t-il expliqué.
Mamadou Laafa Sow et Malick Diakité pour Guineematin.com