Le procès de l’accusé Amara Condé, jugé dans une affaire de 4,4 kilogrammes de cocaïne, s’est ouvert mardi, 18 février 2025, au tribunal de première instance de Mafanco. Né au Libéria, l’accusé ne conteste pas son interpellation en possession de la substance prohibée, mais soutient ne pas en être le propriétaire. A la barre, il a expliqué les circonstances de la découverte de la cocaïne alors qu’il rentrait d’un voyage en Thaïlande, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Placé sous mandat de dépôt depuis le 19 juillet 2024, Amara Condé, gestionnaire de stock de profession et ancien employé de Cellcom, reconverti en conducteur de taxi-moto, est jugé pour trafic international de cocaïne.
Marié et père de quatre enfants, il a été entendu sur les faits qui lui sont reprochés. « J’ai perdu mon travail à Cellcom en 2020. J’ai eu à passer un moment dur. Je suis père de 4 enfants. Quand cela est arrivé, j’ai fait du moto-taxi. C’est dans ce travail qu’un jour j’ai rencontré Eddy King. À sa descente, il m’a payé. Ensuite, il a dit qu’il a bien apprécié ma conduite. C’est ainsi qu’à chaque fois qu’il devait sortir, il m’appelait. C’est dans ça qu’il a su que je parlais Anglais. Dans nos discussions, il m’a demandé si j’avais un problème, j’ai répondu par l’affirmative. Il m’a dit de le trouver à Nongo. Ensuite, il m’a proposé de voyager en Thaïlande. Il m’a demandé d’y aller pour acheter des produits pharmaceutiques et d’arrêter de faire du moto-taxi. Je lui ai remis mon passeport. 2 semaines après, mon passeport est sorti avec le visa. Il m’a remis 1 000 dollars pour mes besoins avant le voyage. Une fois en Thaïlande, son ami m’a accueilli. J’étais logé dans un hôtel pendant 6 jours et 3 jours chez un pakistanais qui travaillait dans l’hôtel. Son ami Djoud m’a remis une valise vide. Chaque matin, on partait acheter des médicaments et mettre dans la valise. Le 2 juillet, j’ai préparé ma valise pour rentrer en Guinée. J’ai pris la voiture pour aller à l’aéroport. En allant à l’aéroport, Djoud m’a dit qu’il avait un colis pour Eddy. Il m’a trouvé à l’aéroport en train de faire l’emballage. C’était un sac à main. Je lui ai dit d’ouvrir le sac. Il y avait des draps de lit, 2 sacs à dos. Il faut ouvrir le sac à dos. Il a ouvert toutes les poches, je n’ai rien vu. Ensuite, je suis allé faire le reste du contrôle et je suis monté dans l’avion », a-t-il expliqué.
Poursuivant, Amara Condé a fait savoir que c’est à Conakry que les choses vont mal tourner. « Quand je suis arrivé à l’aéroport de Conakry, les gens qui étaient devant moi remettaient de l’argent à la douanière pour passer. Comme je n’avais pas de francs guinéens, je n’ai rien pu donner. La dame a dit qu’ils allaient fouiller mon bagage. J’ai dit ok. Elle a appelé un certain Kourouma pour la fouille. Il a ouvert tout le bagage. Ils ont pris le sac à dos apporté par Djoud. Ils ont dit que c’est lourd pour un sac à dos vide. J’ai pris et j’ai constaté effectivement que c’était lourd. Ils ont déchiré le sac et trouvé de la cocaïne. Je n’y croyais pas de mes propres yeux. J’ai pris Eddy King 6 fois au moins. La première fois, c’est à Nongo non loin du stade. Il a fait la liste des produits à acheter. Il ne m’a pas promis 4 000 dollars à mon retour. Celui qui se trouvait à Bangkok avait l’argent de l’achat de produits pharmaceutiques. 3 600 000 GNF est le montant que je devais gagner si on vendait les médicaments. J’ai un souci plus grave que la prison : comment mes enfants vont continuer leurs études. J’ai vendu ma moto pour payer la scolarité. Ça prend fin au mois de janvier. Djoud m’a remis le sac à dos contenant la cocaïne à l’aéroport. Dans ce sac à dos, il y avait 2 petits sacs. 100 000 et 150 000 GNF que je gagnais par jour lorsque je faisais du moto-taxi. A l’enquête préliminaire, je n’ai pas eu droit à un avocat. Nous n’avons pas parlé dans une langue que je comprenais. Je voulais arrêter le travail de mototaxi. J’ai cru au projet de Eddy. Je regrette très fort. Depuis que mon nom a été cité dans cette affaire, mon nom est gâté. Dans le quartier, tout est gâté pour moi. La seule chance que j’aie, mes enfants ne savent pas que je suis en prison. J’ai quitté le Libéria en 1999 », a expliqué l’accusé.
Après la clôture des débats, le tribunal a fixé la date du 25 février 2025 pour les réquisitions et plaidoiries dans ce dossier.
Boubacar Diallo pour Guineematin.com