Justice sociale en Guinée : « L’aide juridictionnelle mise en place ne fonctionne pas », déplore Me Houleymatou Bah

Me Houleymatou Bah, avocate

Ce jeudi, 20 février 2025, la Guinée, à l’instar des autres nations du monde, célèbre la Journée internationale de la justice sociale. Cette journée, instituée par l’ONU, vise à promouvoir l’équité, l’égalité des chances et la transparence dans l’accès aux droits fondamentaux. Mais où en est réellement la Guinée en matière de justice sociale ? Pour répondre à cette question, nous avons rencontré Me Houleymatou Bah, avocate au barreau de Guinée, qui partage son regard critique sur l’accès à la justice pour les plus démunis. Cette professionnelle de droit estime que, bien que des efforts soient faits, l’accès à la justice reste un privilège pour certains en Guinée, faute de moyens pour d’autres.

« Nous faisons de notre mieux pour accompagner certaines personnes, mais nous ne pouvons pas passer notre temps à faire du pro bono. C’est le rôle de l’État de mettre en place une structure permettant le suivi et l’accompagnement des personnes démunies qui n’ont pas les moyens de se faire conseiller devant une juridiction. De notre côté, nous assistons ces personnes dans la mesure du possible. Toutefois, cela ne peut être systématique. Nous intervenons de manière cumulative, lorsque nous constatons qu’il s’agit véritablement de personnes démunies. Cependant, nous avons aussi des dossiers dans lesquels nous avons des intérêts et où nous avons été constitués par d’autres personnes », explique-t-elle.

Si des textes législatifs existent en Guinée pour encadrer l’aide juridictionnelle, un dispositif permettant aux personnes sans ressources d’avoir accès à un avocat financé par l’État, leur application sur le terrain reste un défi majeur.

« En ce qui concerne l’aide juridictionnelle en Guinée, il reste encore beaucoup à faire. Des textes existent à ce sujet, mais sur le terrain, on ne constate aucune avancée concrète. On ne peut pas commettre d’office des avocats alors que l’aide juridictionnelle mise en place ne fonctionne pas. L’État ne met pas les bouchées doubles pour rendre cette aide effective. L’État doit continuer à s’améliorer afin que l’aide juridictionnelle devienne une réalité. Des textes consacrent déjà ce dispositif, mais sans un fonds réellement mis à disposition des bénéficiaires, cette aide restera théorique et sans impact concret sur le terrain », alerte-t-elle.

En cette Journée internationale de la justice sociale, le message est clair : sans un engagement fort de l’État et des réformes structurelles, la justice restera un luxe inaccessible pour une partie de la population guinéenne. La balle est désormais dans le camp des décideurs.

Lamine Kaba pour Guineematin.com 

Tél : 620995917

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