« Comme l’avait dit le Président Sékou Touré, l’économie guinéenne doit être tirée par la rente minière mais ne doit pas être portée par les mines. On ne peut pas dire que la Guinée est potentiellement riche d’une économie bleue et accepter de faire porter notre économie par les mines…»
Le Franc guinéen vient d’avoir 65 ans d’existence le 1er mars 2025. Pour l’occasion, les autorités monétaires ont marqué la fête par l’inauguration de l’agence régionale de la Banque centrale à Kankan. Cette fête autour d’un des plus importants symboles de la République est également saluée par de nombreux Guinéens. C’est le cas de l’enseignant-chercheur Dr Alhassane Makanéra Kaké, qui a reçu une équipe de Guineematin.com à son domicile.
Pour cet économiste, la création de la monnaie nationale est un acte salutaire des pères fondateurs.
« D’abord il faut féliciter les autorités qui ont créé notre monnaie nationale pour leur vision. C’est cela la souveraineté monétaire. N’eut été cette décision, on se demanderait comment serait ce pays. Je ne rentre pas dans l’art divinatoire. Pour preuve, les pays limitrophes de la zone CFA, se battent aujourd’hui pour sortir créer leur propre monnaie avant de penser à sa consolidation. A ce niveau, la Guinée a pris une longueur d’avance. C’est cela la politique monétaire », a souligné l’économiste qui regrette le fait que l’économie guinéenne soit essentiellement portée par les mines.
« Comme l’avait dit le Président Sékou Touré, l’économie guinéenne doit être tirée par la rente minière mais ne doit pas être portée par les mines. On ne peut pas dire que la Guinée est potentiellement riche d’une économie bleue et accepter de faire porter notre économie par les mines. Les mines ne développent pas un pays. Malheureusement, au lieu de financer le développement, nous la consommons. Il faut changer ce cas de figure.»
Cependant reconnaît l’économiste, avec l’entrée en production du projet SIMANDOU, en fin 2025, l’économie guinéenne affiche de belles perspectives.
« Les perspectives économiques de la Guinée avec l’entrée en production du SIMANDOU sont très bonnes. Le taux d’inflation est à un chiffre (ndlr : à 6% /LFI 2025) et le taux de croissance également très promoteur (à 7% /LFI 2025). Déjà sans SIMANDOU, la Guinée s’en sort bien. Avec l’entrée en production de ce grand projet, les agrégats macroéconomiques de la Guinée se porteront encore mieux. Cela va permettre au franc guinéen d’être fort. Aujourd’hui, même sur le marché parallèle le taux de change tourne autour de 8000 FG contre 1 $. Le prix des denrées est stabilisé, la fourniture du courant plus stable. Donc avec le SIMANDOU, les perspectives sont très prometteuses », a expliqué ce spécialiste de questions économiques.
Pour Dr Makanéra, avec le SIMANDOU, c’est la création de richesses, d’emplois et de revenus. Mais la question fondamentale, est celle de savoir comment est-ce que la Guinée va se servir du SIMANDOU pour développer le pays.
« Est-ce que les acteurs sont bien préparés ? Les enseignants sont-ils bien formés et en nombre suffisants ? Les programmes de formation sont-ils adaptés ? Je ne dis pas qu’on est pas prêt, je veux voir clairement comment les choses sont programmées à ce niveau. SIMANDOU, c’est beaucoup d’argent. C’est des effets multiplicateurs, c’est le franc guinéen qui deviendra fort. Et avec une grande production, les prix vont baisser. Donc il est temps de se pencher sur l’agriculture, l’industrie, l’éducation, la santé, pour donner toutes les chances à la Guinée d’être au rendez-vous du SIMANDOU », prévient Dr Makanéra.
Abdallah BALDE pour Guineematin.com
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