Conakry : Mamaïssata Yansané fait louer un appartement à 23 personnes et risque une lourde peine de prison

Dame Mamaissata Yansané, jugée avec son mari, Alseny Cissé, pour escroquerie et complicité, respectivement, risque une peine de 5 ans d’emprisonnement. Elle risque également d’importantes amendes et une interdiction de séjour dans son quartier Matam. Telles sont les peines requises à son encontre par le parquet du tribunal de Mafanco à l’audience du lundi, 10 mars 2025. La dame est présentée comme le cerveau dans la location d’un seul appartement à une vingtaine de personnes, parties civiles dans cette procédure. Le montant présumé escroqué est de 149 millions de francs guinéens. Des accusations qu’elle reconnaît, arguant avoir été envoûtée dans cette affaire, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Appelée à la barre pour donner sa version des faits, Mamaissata Yansané, détenue depuis le 16 décembre 2024, a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Elle a expliqué avoir été mise dans cette situation par sa prétendue sœur, Djenabou Bangoura. « C’est vrai, il y a ma signature. Je faisais le petit commerce à Coza, une fille m’a dit qu’elle allait venir chez moi le dimanche. En arrivant, elle m’a demandé pourquoi je ne venais pas au marché. Je lui ai répondu qu’il n’y avait pas beaucoup de clients. Elle m’a alors proposé de me mettre en contact avec quelqu’un qui allait me donner un médicament avec lequel je devais me laver pour avoir des clients. Elle est allée chercher le médicament, et m’a dit de me laver une semaine après. Cinq jours plus tard, elle est venue chez moi, je lui ai dit que mon corps n’allait pas bien, elle m’a dit d’aller essayer de reprendre mon petit commerce. La sœur dont je parle est celle qui est venue. Elle m’a demandé de loger des gens. J’ai appelé mon mari, qui m’a dit de ne pas envoyer quelqu’un dans la maison. On m’a remis de l’argent, j’ai signé et l’argent lui a été remis aussi. Mon mari était au village, il ne connaissait rien. J’ai pris l’argent des mains de 20 personnes, je ne connais pas le montant exact. L’argent est avec ma sœur. Sinon, je ne peux pas donner deux appartements à 23 personnes. C’est ma sœur qui m’a mise dans cette situation. Depuis que j’ai pris le médicament, je ne me retrouve pas. Les deux maisons appartiennent à mon mari. C’est ma sœur qui a fait les démarches, je ne connaissais pas ces gens. C’était pour la location. Je reconnais que j’ai fait du mal, ce n’était pas bien. Une partie de l’argent est venue vers moi ; l’autre, ma sœur l’a reçue. Je n’ai rien fait de cet argent. Djenab Bangoura, c’est ma sœur, je ne sais pas où elle est. Ils ne sont pas venus en même temps. La maison, chambre et salon, avait un premier occupant. C’est ma sœur qui a discuté avec les démarcheurs. Le produit qu’elle m’a donné pour me laver, ça s’est passé ainsi. Dans les 149 millions GNF, je n’ai reçu que 11 millions. Ce que je peux leur dire, c’est de pardonner. J’ai un terrain à Maferenya, je vais les rembourser, c’est la garantie que j’aie », a-t-elle déclaré.

De son côté, Alseyni Cissé, mari de la prévenue et propriétaire de la maison en question, a nié toute implication dans cette escroquerie. Il a fermement rejeté les accusations de complicité, précisant qu’il n’était pas au courant des démarches de sa femme. « Il n’y a pas eu de location chez moi, je peux rester deux mois sans revenir chez moi, je ne connais rien de cette affaire de complicité. Je n’étais pas au courant qu’elle envoyait des gens chez moi, elle ne m’a pas informé qu’elle avait reçu de l’argent… J’ai été appelé lorsque les faits ont été commis. Djenabou Bangoura, je ne la connais pas… »

Pour sa part, Monsieur Kaba, l’une des parties civiles dans cette affaire, a expliqué dans quelles circonstances il a été escroqué. « J’étais à la recherche d’une maison, puisque là où nous logeons était mis en bail. Donc, c’est dans cette recherche qu’un monsieur nous a appelé, disant qu’il y a une maison à louer à Matam, deux chambres et un salon, une douche interne, à 1 million. Ma femme est allée voir la maison, et elle a dit que la maison lui plaît. Aors, j’ai payé une avance de 12 mois. Ce qui équivaut à 12 millions GNF ».

Le procureur, à tour de rôle, a interrogé les différentes parties civiles présentes à cette audience.
Elle ont toute fait savoir qu’aucun acte n’a été causé direct ou indirect par Alseny Cissé. Si certains ont expliqué, dans leurs témoignages, que la prévenue a fait passer son époux pour mort, d’autres ont dit que Mamaissata Yansané leur avait expliqué que son époux était en mission de travail.

Dans ses réquisitions, le représentant du ministère public a demandé la condamnation de la prévenue à 5 ans d’emprisonnement
et au paiement d’une amende de 50 millions GNF. Il a aussi demandé d’interdire à Mamaissata Yansané de se rendre au quartier Gbessia Kondebounyi durant 3 ans. Le procureur a requis également l’interdiction à la prévenue d’exercer l’activité de bail de maison pendant 5 ans.

De son côté, l’avocat de la partie civile, a demandé au juge de condamner Mamaïssata Yansané  à payer une somme de 150 millons GNF a titre principal et 70 millions GNF de dommages et intérêts. Par contre, il a demandé au juge de renvoyer des fins de poursuite, Alseny Cissé, l’époux de Mamaïssata Yansané, car il n’a commis aucun acte l’incriminant dans cette affaire.

Pour leur propre défense les deux prévenus ont demandé le pardon du tribunal.

Après avoir écouté toutes les parties, le juge a renvoyé le dossier au 24 mars pour rendre sa décision.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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