L’ancien ministre de la santé, Dr Édouard Niankoye Lamah, s’est éteint ce mardi, 18 mars 2025, à l’hôpital Sino-guinéen des suites de maladie. Sa disparition a plongé sa famille et ses proches dans une profonde tristesse. Son frère aîné, Cécé Foromo Etienne Lamah, ancien professeur et ex-député à l’Assemblée nationale, en rappelant ses souvenirs, a aussi fait son témoignage sur celui qu’il décrit comme un homme bon et humble.
« Quand on m’a inscrit à l’école en 1953, il (Dr Édouard Niankoye Lamah) a dit à notre maman : il faut me mettre à l’école, il faut me mettre à l’école. Mais notre mère lui a répondu : ah, toi, tu préférerais rester ici à nos côtés pour surveiller mes champs. Il a insisté : non, je veux aller à l’école. Finalement, en 1953, il a été inscrit. Effectivement, il est entré à l’école alors que moi, je partais pour Saint-Louis du Sénégal. Dieu soit loué, il a poursuivi ses études comme il le souhaitait. En 1956, alors que j’étais à Saint-Louis au Sénégal, il m’a envoyé une lettre pour me dire : maman a accepté de me mettre à l’école, je suis à l’école maintenant. Je l’ai encouragé à persévérer. Ainsi, il a tenu bon jusqu’à l’obtention de son CEP (Certificat d’Études Primaires). Ensuite, il s’est orienté vers le domaine de la santé. Avec ses amis Magas, Barry Bhoye et d’autres, ils ont monté une compagnie. Lors de sa soutenance, je suis venu ici parce que je lui avais apporté une chemise en cotonnade. Il m’a regardé et m’a dit : oui, frère, les gens vont interpréter cela autrement, garde ta chemise. Ainsi, toute ma vie, j’ai cherché à l’aider pour qu’il devienne professeur en médecine. Dieu soit loué… C’était un homme bon. Après l’indépendance, Sékou Touré n’a pas voulu qu’il parte trop loin. Il a effectué un premier séjour en Russie, mais il n’y est pas resté longtemps, car les Russes l’avaient pris pour un espion. Il a alors réussi à fuir le pays pour revenir ici », se remémore-t-il avec émotion.
Engagé dans la gestion des affaires publiques, il a occupé plusieurs postes gouvernementaux, notamment sous la présidence d’Alpha Condé.
« Le Dr Niankoye Lamah a occupé plusieurs fonctions gouvernementales. Sous Alpha Condé, il a été nommé ministre des Affaires étrangères. Il a effectué une tournée à travers le monde avant d’être démis de ses fonctions. Trois mois plus tard, il a été nommé ministre de la Santé, un poste qu’il a occupé à deux reprises », a-t-il expliqué.
Père de quatre enfants (trois filles et un garçon), le Dr Niankoye Lamah a passé une partie de sa vie en Allemagne avant de revenir en Guinée. Sa santé s’était récemment détériorée, surtout après la perte de son épouse il y a deux mois.
« Un jour, je l’ai appelé et lui ai demandé : frère, il paraît que tu es malade ? Il m’a répondu : oui, frère, je souffre de neuropathie. Il a ensuite été transféré à l’hôpital Sino-guinéen. Je lui ai rendu visite à plusieurs reprises, mais nous n’avons pas eu l’occasion d’échanger comme avant. Et voilà que ce matin, entre 6h et 7h, on m’annonce son décès », dit-il avec une certaine tristesse.
Malgré son statut et son haut niveau d’instruction, le Dr Niankoye Lamah est toujours resté proche de ses anciens camarades et a cherché à collaborer avec eux, aux dires de son frère.
« Je ne me souviens pas qu’il ait eu des ennemis. Bien sûr, dans la vie, il y a toujours des désaccords, mais de là à dire qu’il avait des adversaires déclarés, non. Il laisse derrière lui une famille, dont ses enfants et les miens, qui ont grandi ensemble », conclut Cécé Foromo Etienne Lamah, avec beaucoup d’émotions.
Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com
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