Le drame passionnel survenu hier, jeudi 20 mars 2025, au quartier Banankoro, dans la commune urbaine de Kankan, continue de susciter de vives réactions. Bangaly Traoré, qui a poignardé mortellement Adama Konaté, a révolté les consciences par son acte, qui survient en plein mois de mars, consacré à la gent féminine. Dans un entretien accordé à Guineematin.com, Moussa Yéro Bah, journaliste, présidente de l’ONG Femmes, Développement et Droits Humains en Guinée (F2DHG), a fermement condamné cet acte et exigé que l’auteur soit puni à la hauteur de son crime.
« C’est un autre cas de féminicide, ce qui est désolant. C’est triste que cela se passe pendant le mois saint du ramadan, en pleine journée. On se permet d’ôter la vie à une dame, soi-disant qu’elle a été infidèle. Il n’y a pas que la seule femme. Si vous pensez qu’une femme a été infidèle à votre égard, pourquoi ne pas la laisser partir et en prendre une autre ? Cela ne mérite pas qu’on ôte la vie de quelqu’un. Heureusement que le procureur s’est déplacé. Il est venu sur les lieux, il est allé identifier le corps de la victime. Je pense que l’État doit jouer son rôle à travers le Ministère de la Justice en garantissant un procès équitable. Le procès va se tenir, il y aura une sentence, une condamnation, mais la vie qui est perdue ne sera jamais retrouvée », a déploré Moussa Yéro Bah.
Poursuivant son intervention, l’activiste regrette que les féminicides se produisent partout dans le monde, malgré les sensibilisations et la répression. « Et c’est ce qui se passe malheureusement un peu partout à travers le monde. Vous avez des gens passionnés qui pensent que la femme leur appartient, qu’elle n’a pas le droit de regard sur autre chose. Par exemple, si elle ne se sent plus aimée, elle ne peut pas partir. On pense que non, elle ne doit pas partir. Si elle part, il faut la tuer. Et je pense que la justice a un défi à relever. Prouver que ce genre de situation ne devrait pas exister dans une République et que nul n’a le droit d’ôter une vie, car la vie humaine est sacrée. Vous savez, tout le monde a droit à la vie, et c’est un principe fondamental de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Notre Constitution le garantit. De plus, notre Code pénal est clair. On ne peut pas se permettre d’ôter la vie à un être humain, car nous ne sommes ni Dieu ni quelqu’un d’autre pour le faire », a-t-elle martelé.
Par ailleurs, Moussa Yéro Bah déplore que ce drame survienne en mars, un mois dédié à la célébration des droits des femmes. « C’est dommage que cela arrive au mois de mars, un mois où l’on célèbre la femme, un mois où l’on fait une pause pour regarder dans le rétroviseur et évaluer les avancées en matière de droits des femmes », s’est indignée l’activiste.
En outre, notre consœur insiste sur le caractère sacré de la vie humaine et condamne fermement tout acte de violence. « Il n’y a pas de mesure, la loi doit s’appliquer. Il faut poursuivre les efforts de sensibilisation, car c’est ce que nous faisons quotidiennement au sein de notre ONG. Nous organisons des dialogues communautaires pour faire connaître la loi. Il faut vulgariser les textes législatifs de notre pays pour que chacun comprenne que nul n’est au-dessus de la loi. Personne ne peut se rendre justice lui-même. Si les forces de sécurité n’étaient pas intervenues, une vindicte populaire aurait pu avoir lieu. Il est essentiel que les citoyens guinéens comprennent que la justice ne doit pas être rendue par des actes de violence. La vie humaine est sacrée. Quel que soit le mobile, vous ne pouvez pas tuer ».
Pour la présidente de l’ONG F2DHG, l’application stricte de la loi est la seule solution pour éviter que de tels drames se reproduisent en Guinée. « La loi doit s’appliquer. Il doit être condamné à la hauteur de sa forfaiture, car il a pris la vie d’une mère, d’une sœur, d’une tante, et cela est irremplaçable. Le système patriarcal est profondément enraciné dans notre pays. Certaines personnes pensent que la femme est leur propriété. Or, rien ne permet, rien ne donne le droit à quiconque d’ôter une vie. Encore une fois, je le réitère, la vie humaine est sacrée. Il faut que ce monsieur soit condamné à la hauteur de son crime », a-t-elle martelé.
Mariama Barry pour Guineematin.com