Hadjiratou Diallo, conductrice de tricycle : « Dans 5 ans, je me vois à la tête de ma propre société de transport »

Sous le soleil écrasant de la capitale guinéenne, une silhouette peu commune fend la circulation dense à Conakry. Au guidon d’un tricycle, Hadjiratou Diallo, 25 ans, diplômée en sociologie des organisations, trace sa route dans un métier encore largement dominé par les hommes : conductrice de « bombonna », ces tricycles utilisés pour le transport de passagers et de marchandises en Guinée.

Avant de se lancer dans la conduite de moto-taxi, Hadjiratou a exploré d’autres voies.

Hadjiratou Diallo, conductrice de tricycle

« J’ai commencé par la restauration, un métier que j’ai exercé pendant trois ans », raconte-t-elle.

Après l’université, face à un marché de l’emploi incertain, elle décide de ne pas rester inactive.

« J’ai jugé nécessaire de me lancer dans la conduite de tricycle. D’abord par nécessité, mais aussi par passion. Je voulais faire quelque chose de rare pour encourager d’autres femmes », a-t-elle dit.

Si la conduite de tricycle lui permet aujourd’hui de subvenir à ses besoins quotidiens, elle n’échappe pas aux préjugés.

« Beaucoup de gens m’encouragent en me disant que c’est un métier d’hommes et que c’est bien qu’une femme puisse le faire. Mais d’autres, surtout des femmes, hésitent à monter dans mon taxi. Elles se demandent si je sais vraiment conduire », indique-t-elle.

Hadjiratou fait pourtant partie des rares femmes, trois ou quatre seulement à Conakry, à exercer ce métier. Un choix qui n’a pas été sans résistance, notamment dans sa propre famille.

« Ma mère avait peur des accidents. Mais, par la grâce de Dieu, cela fait un an que je conduis et je n’ai jamais eu d’accident », assure-t-elle.

Loin de s’arrêter à sa réussite personnelle, Hadjiratou nourrit un projet ambitieux : former d’autres femmes à la conduite et créer sa propre entreprise exclusivement féminine.

« Mon rêve est d’apprendre à beaucoup de femmes à conduire et de les employer. Cela leur donnerait une indépendance financière et montrerait que les métiers ne sont pas réservés aux hommes », dit-elle avec assurance.

Hadjiratou Diallo incarne cette volonté de briser les barrières et d’ouvrir la voie à d’autres. Sur son tricycle, elle ne transporte pas seulement des passagers, mais aussi un message puissant : celui du courage, de l’indépendance et de la détermination féminine.

Lamine Kaba pour Guineematin.com 

Tél : 620995917

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