Grâce accordé à Dadis Camara : « C’est un acte populiste qui vise à faire adhérer la Forêt à la cause du pouvoir », dénonce le RPG Arc-en-ciel

Mohamed Lamine Kamissoko, membre du bureau politique national du RPG

Alors qu’il n’a pas tenu son assemblée générale ordinaire ce samedi, 29 mars 2025, le RPG Arc-en-ciel n’a pas manqué de réagir à l’actualité brûlante du moment : la grâce présidentielle accordée au capitaine Moussa Dadis Camara par le président de la transition, Mamadi Doumbouya. Depuis le siège du parti, Mohamed Lamine Kamissoko, membre du bureau politique national, a vigoureusement dénoncé cette décision, la qualifiant de “récupération politique”, de “deux poids, deux mesures” et d’une “tentative de confiscation du pouvoir” par les militaires.

Interrogé par la presse, Mohamed Lamine Kamissoko a exprimé son indignation face à cette grâce présidentielle, estimant qu’elle ne repose sur aucune logique de justice ou d’équité.

« Je ne sais pas si la vérité, la justice, l’honnêteté, la sincérité et le patriotisme ont fui la Guinée… On a entendu parler de cette grâce depuis 4, 5 ou 6 mois. L’idée était de gracier Dadis en échange du soutien du peuple de la Forêt à Mamadi Doumbouya. On voulait que Dadis, une fois libéré pour aller se soigner, revienne soutenir Mamadi afin que les militaires conservent le pouvoir. Mais, ils ne peuvent pas manipuler le peuple », a-t-il martelé.

Le cadre du RPG Arc-en-ciel fustige également ce qu’il perçoit comme une inégalité de traitement entre les détenus. Il pointe du doigt les nombreux prisonniers incarcérés pour des affaires de détournement de fonds ou de blanchiment d’argent, qui n’ont toujours pas bénéficié d’une quelconque mesure de clémence malgré leur état de santé.

« Il y a tant d’autres malades qui sont en prison depuis deux, trois ans, accusés de détournement et de blanchiment d’argent. Ils sont malades, mais on ne les laisse pas aller se soigner. Pourquoi Dadis a-t-il droit à ce privilège, et pas eux ? » s’est-il insurgé.

Pour lui, cette décision ne relève pas d’un souci de justice, mais d’une tentative de séduction politique à l’égard de la Guinée forestière.

« Gracier Dadis et le laisser aller se soigner est un acte populiste qui vise à faire adhérer la Forêt à la cause du pouvoir. Mais, ils oublient que Dadis n’a pas de parti. Dadis n’est pas un leader politique. Il ne peut pas embarquer la Forêt avec lui », a-t-il dit.

Mohamed Lamine Kamissoko ne croit pas que cette stratégie portera ses fruits. Il rappelle que la région forestière a ses propres préoccupations et ne se laissera pas manipuler par des calculs politiques.

« Il y a beaucoup d’enfants de la Forêt qui sont victimes d’injustice. S’ils pensent qu’ils peuvent nous tromper avec cette grâce, s’ils croient qu’ils peuvent mettre de la poudre aux yeux des gens, ils se trompent. Ça ne changera rien », a-t-il conclu.

Cette sortie musclée du RPG Arc-en-ciel illustre une fois de plus les tensions qui entourent la gouvernance de la transition et la perception de ses décisions. Si la grâce accordée à Dadis Camara suscite des réactions mitigées, elle apparaît déjà comme un nouveau point de crispation sur l’échiquier politique guinéen.

Lamine Kaba pour Guineematin.com 

Tél : 620995917

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