Anciennement logée au quartier de la Minière dans la commune de Dixinn, ce dépotoir d’ordures a été déménagé depuis 1987 à Concasseur. Une localité partagée entre les quartiers de Dar-es-Salam 2 et de Hamdallaye 1, tous relevant de la commune de Gbessia. Mais, 38 ans après, comment vivent les populations riveraines de cette décharge dans une situation sanitaire et environnementale des plus préoccupantes.
Occupant une superficie de 25 ha, la décharge de Gbessia reçoit chaque jour une quantité d’ordures avoisinant un millier de tonnes, a appris Guineematin.com, à travers un de ses journalistes. Ces ordures physiques sont également mélangées à des déchets liquides, déversés dans des endroits mal aménagés. En août dernier d’ailleurs une coulée de boue a sérieusement affecté les habitants du secteur Radar. Des déchets de toutes sortes, transportés par des eaux nauséabondes ont inondé des maisons et fait des dégâts.

Le chef du secteur Radar Thierno Amadou Barry décrit cette situation inimaginable. « Cette décharge nous pose de sérieux problèmes. En août dernier, les camionneurs qui font la vidange sont venus déverser d’importantes quantités de déchets. Ce dépotage de déchets liquides dans un endroit non aménagé a coïncidé à des averses. Finalement, la boue mélangée à ces déchets a débordé la décharge pour atteindre les familles et faire des dégâts. Cela nous inquiète et nous préoccupe », a fait savoir le chef du secteur Radar.
Comme pour ne rien arranger, les populations riveraines qui font face à l’insécurité au quotidien, sont également confrontées à la pollution très avancée de l’environnement. L’eau de puits et même des forages pour les secteurs Radar et Rue 24 est déconseillée à la consommation. La contamination de cette eau est à la base de certaines maladies hydriques.
Le coordonnateur des activités médicales de l’ONG Fraternité médicale Guinée (FMG), située à Concasseur, tire la sonnette. Ce professionnel de la santé, témoin des graves problèmes de santé rencontrés par des riverains de la décharge, énumère quelques cas de maladies, obligeant parfois des familles entières à quitter l’endroit.

« Ici, j’ai beaucoup de contacts parmi mes patients qui sont concernés par cette situation. Plusieurs familles ont déménagé à cause de problèmes de santé. La plupart des maladies rencontrées et liées à la présence de cette décharge c’est l’asthme bronchique, l’irritation allergique, les diarrhées, les problèmes dermatologiques, les gales, voilà autant de pathologies que nous avons retrouvées chez nos patients riverains de la décharge », a expliqué Dr Abdoulaye Koulibaly. A ces maladies, viennent s’ajouter des cas de tuberculose, de troubles de la vue qui sont traités ailleurs.
Du côté de l’Agence nationale de la salubrité publique (ANASP), dont la priorité devrait consister à fermer cette décharge, devenue comme une bombe au milieu de la population, c’est silence radio. Les quelques aménagements pour désenclaver ce dépotoir, entamés depuis plusieurs années, peinent à aboutir. En août 2017, un éboulement de ce dépotoir d’ordures a causé la mort de 9 personnes. Ce qui a poussé le gouvernement à transférer la décharge à Baritodé, dans la commune rurale de Kouria, à Coyah. Malheureusement 8 ans après, l’ANASP peine à accomplir cette mission.
Abdallah BALDE pour Guineematin.com
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