Les commerçants ambulants continuent toujours d’occuper les emprises des voiries urbaines au niveau des marchés de N’zérékoré. Une situation devenue un véritable casse-tête pour les usagers de la route qui déplorent et dénoncent souvent cette attitude. Dans la matinée d’hier, lundi 7 avril 2025, une équipe mixte, composée des autorités communales et des agents des forces de défense et de sécurité, est passée à l’assaut pour libérer ces emprises. Et les autorités communales semblent être décidées à aller jusqu’au bout de leur action.

« Il y a des années que la commune se bat pour libérer les emprises au niveau des marchés. À N’Zérékoré, tout le pourtour du marché est difficile à pratiquer. Cela veut dire que les commerçants ont laissé le marché pour venir occuper non seulement les emprises de la route, mais aussi la route elle-même (la chaussée). Et, le plus souvent, ce sont des réquisitions qu’on prenait pour que ces chaussées-là soient libérées. Mais ces réquisitions sont parfois coûteuses. Et si on le fait, les commerçants respectent la période de réquisition. Après la période moratoire de réquisition, vous les verrez revenir aux mêmes points. C’est devenu une activité de routine », a dénoncé Kalifa Traoré, receveur de la commune urbaine de N’Zérékoré.
Dans leurs cris du cœur, les commerçants ambulants disent souvent n’avoir pas de places à l’intérieur du marché. Ce que Kalifa Traoré qualifie de simple argument.
« Ce n’est qu’un argument pour ces vendeuses ou occupants des emprises pour dire qu’il n’y a pas de places à l’intérieur du marché. Il y a un administrateur du marché qui est en contact permanent avec les commerçants et qui connaît les réalités du marché, mais aussi qui connaît ce que vivent les commerçants dans l’enceinte du marché. Il y a des tables, des boutiques ou même des conteneurs dans le marché dont les propriétaires ont abandonné, parce que pour eux, quand ils sont dans ces boutiques ou sur ces tables, ils gagnent moins de clients. C’est cette idée qu’ils ont pour partir occuper les emprises et la chaussée. Sinon, il y a suffisamment de places abandonnées à l’intérieur du marché au profit des chaussées pour avoir beaucoup de clients », a-t-il indiqué.
Quant au sort des places abandonnées à l’intérieur du marché, monsieur Traoré précise.
« Il va y avoir une décision par rapport à cela. Toutes ces boutiques ou magasins qui sont fermés au profit des chaussées seront résiliés à travers ces mêmes personnes qui les abandonnent. On donnera à d’autres personnes qui ont envie de venir s’asseoir au marché. Alors, c’est pour leur mettre une pression qui commencera par la sensibilisation, ensuite, va suivre une répression qui va leur permettre de rentrer au marché », ajoute-t-il.
Très souvent, les opérations de déguerpissement des emprises et de la chaussée n’aboutissent pas. Mais cette fois-ci, ça ne sera pas le cas comme l’indique le receveur Kalifa Traoré.
« À N’Zérékoré, souvent la gestion est mélangée avec la politique. Et toute gestion humaine mélangée avec la politique échoue. Parce que dans ce sens, on veut se faire plaire ou attirer la popularité. Je ne pense pas que l’actuel président de la délégation spéciale soit dans ce cadre. On dit que : qui veut faire des omelettes, doit casser les œufs. Alors, mieux vaut qu’on dise de quelqu’un qu’il est rigoureux, et qu’il travaille, que de se faire plaire pour ne rien faire. Cette fois-ci, cette opération ira jusqu’au bout. C’est l’objectif, et c’est aussi un défi », rassure-t-il.
À la question de savoir si cette opération qui consiste à déguerpir ces vendeurs des emprises et de la chaussée n’aura pas de conséquence sur les recettes du marché, notre interlocuteur clarifie.
« Au contraire, si nous suivons ces principes, je pense que cela pourra nous permettre d’augmenter nos recettes. Ceux qui ont eu des autorisations provisoires d’être installés au marché sont ces mêmes personnes qui abandonnent les tables ou conteneurs dans le marché pour aller s’asseoir sur la chaussée. Et quand les collecteurs du marché viennent, ils trouvent que ces tables-là sont vides. Et on ne peut pas mettre un ticket journalier sur ces tables vides. Sinon, si on met, qui va payer ? Et cela diminue les recettes. Or, ce n’est pas la chaussée qui est autorisée. Parfois même, si les collecteurs vont les trouver sur la chaussée, ils sont à couteaux tirés avec eux. Ils refusent de payer. Si les gens sont installés et occupent toutes les places à l’intérieur du marché, c’est ce qui va dans l’intérêt de la commune, au lieu d’être sur les emprises et les chaussées. Pour seulement le grand marché de N’Zérékoré, il y a plus de 800 boutiques qui ne peuvent même pas faire une recette annuelle de 100 millions. Ça fait mal. Quand vous prenez dans la région forestière, les boutiques se paient par mois. Seule N’Zérékoré où on paie de façon annuelle. Les mêmes commerçants qui sont à l’intérieur du marché paient entre huit cent mille (800 000 FG) à un million six cent mille (1 600 000 FG) à certaines personnes particulières qui se disent propriétaires », a-t-il révélé.
De son côté, N’yankoye Oscar Lamah, président de la délégation spéciale de N’Zérékoré, se dit intransigeant sur cette opération qui a commencé.
« Je pense que les choses changent et les choses bougent. Et si tel est le cas, ce que nous avons commencé sera une activité pérenne. Pour ceux qui veulent toujours continuer à occuper les emprises ou la chaussée, je leur dis que nul n’est au-dessus de la loi. C’est une décision qui a été prise pour le bien-être de ces citoyens. Vous n’êtes pas sans savoir les dangers auxquels courent ces personnes au marché. Les emprises et la chaussée sont occupées. Les engins (gros camions) sont là. En cas de dérapage, quelle sera la suite ? Ceux qui disent qu’ils cherchent le quotidien, pour moi c’est quand on est en bon état qu’on pense à chercher le quotidien. Il y a suffisamment de place à l’intérieur du marché qu’ils laissent là-bas pour sortir sur la route. Le marché est pour les commerçants et la route est pour les usagers. Les marchands n’ont pas le droit de bloquer la route aux usagers. Ce que nous demandons aux gens, c’est que chacun respecte la loi. Nul n’est au-dessus de la loi. Et celui qui ne respectera pas cette loi sera frappé par la loi », a dit N’yankoye Oscar Lamah sur un ton ferme.
De N’Zérékoré, Jean David Loua et Roger Blémou pour Guineematin.com
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