Tôt ce jeudi, 10 avril 2025, les travailleurs de la société American Beverages, spécialisée dans la production des boissons « 24h Energy », ont organisé un sit-in devant l’entrée principale de l’usine située à Kagbelen. Affiches à la main et visages tendus, les manifestants ont exprimé leur ras-le-bol face à ce qu’ils qualifient de « conditions de travail inhumaines » et de « mépris salarial ».
Dans leur plateforme revendicative, le grief principal porte sur l’absence d’augmentation salariale depuis plusieurs années, malgré l’ancienneté de bon nombre d’entre eux.

« Cela fait plus de cinq ans que je travaille ici. J’ai trouvé des gens qui y sont depuis sept ans. Jusqu’à présent, aucun d’entre nous n’a vu une seule augmentation. Nous sommes des journaliers dits permanents. Nous gagnons 50 000 francs par jour, mais seulement si nous travaillons. Si les machines tombent en panne, on reste à la maison sans rien toucher. C’est comme ça que ça fonctionne ici. Et pendant que les Guinéens souffrent, les expatriés bénéficient de tous les avantages : logement, transport, nourriture, soins médicaux… », dénonce Sékou Tidiane Thiam, opérateur de machine.
Outre les salaires, les travailleurs critiquent le favoritisme au sein de l’entreprise. Certains employés récemment recrutés, souvent proches des responsables hiérarchiques, bénéficieraient d’un meilleur traitement que les anciens. Tamba Eli Koundouno, manutentionnaire depuis cinq ans, partage cette frustration.

« Ici, quelqu’un peut arriver aujourd’hui, simplement parce qu’il est le frère ou l’ami d’un responsable. C’est toi qui le forme, mais il est mieux payé que toi. Et si tu oses dénoncer cela, on te vire », a-t-il déploré.
Les grévistes ne se contentent plus de revendications salariales. Ils exigent désormais le départ pur et simple de trois hauts responsables de l’usine, qu’ils accusent d’être des obstacles entre eux et la direction générale.

« Ces gens ne défendent pas notre cause. Ils profitent de notre travail pour s’enrichir pendant que nous nous appauvrissons. Ils ont bâti des maisons sur notre dos. Nous demandons le limogeage immédiat de Mamadou Samba Diallo, le site manager, Ibrahima Sory Kandas Condé, Directeur administratif et financier (DAF), ainsi qu’Amadou Barry, le Directeur technique », affirme Djibril Keïta, un des porte-parole des grévistes.
Les travailleurs affirment être prêts à aller jusqu’au bout pour se faire entendre. La chaîne de production est désormais à l’arrêt, et ils promettent de maintenir leur mouvement tant que leurs revendications ne seront pas prises en compte.
Lamine Kaba pour Guineematin.com
Tél : 620995917